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Coronavirus : Pour passer la crise, Aluminor se réinvente au-delà des luminaires
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Coronavirus : Pour passer la crise, Aluminor se réinvente au-delà des luminaires

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Avant la pandémie, Aluminor avait déjà entamé sa réflexion pour faire évoluer son avenir, ne se limitant pas au secteur du matériel de bureau ni même aux luminaires. La crise a accéléré les choses. L’entreprise veut saisir le contexte pour faire valoir son expertise dans le travail du métal et sa vision pérenne et durable de l’industrie.

— Photo : O. Oreggia

Richard Barbett a repris Aluminor avec Vincent Overney, il y a moins de deux ans. « Ce qui nous intéressait dans cette entreprise, c’était son outil de production, aussi vétuste soit-il », souligne-t-il. Et c’est sur cet outil que compte le fabricant de luminaires basé à Contes près de Nice, pour traverser la crise et inventer un autre avenir que celui initialement tracé.

« Les clients de nos clients sont surtout des PME dont la priorité est de pérenniser l’activité. Nous ne sommes pas dans leurs priorités. »

Des distributeurs de gel hydroalcoolique en métal

Embarqué par sa voisine Orsteel Light, fabricant d’éclairage led, Aluminor (18 salariés, CA 2019 : 2,9 M€) fait aujourd’hui sortir des distributeurs de gel hydroalcoolique de ses ateliers. « Nous sommes avant tout des industriels. Nous avons un vrai savoir-faire sur les luminaires mais plus largement sur le traitement du métal. Les socles de ces distributeurs sont emboutis sur nos presses, ils sont peints chez nous. Cela remet en question la philosophie actuelle de l’entreprise dans cette période compliquée. » Une première production de 10 000 pièces est prévue pour entrer dans les catalogues des distributeurs de fournitures et mobiliers de bureau, à l’image de Bruneau.

En temps normal, les distributeurs de matériel de bureaux représentent 65 % de l’activité d’Aluminor. Mais en ce printemps « d’après », la donne a changé. « Les clients de nos clients sont surtout des PME dont la priorité est aujourd’hui de pérenniser l’activité et les emplois », explique Richard Barbett. « Nous faisons partie des investissements, même s’ils ne sont pas énormes, nous ne sommes pas prioritaires. »

Plus de 450 000 euros de commandes reportées

Le duo de dirigeants n’a pas attendu la crise pour s’ouvrir à d’autres marchés misant sur l’hôtellerie. Une ouverture payante avec de jolis contrats comme la rénovation des 52 cottages du Center Parc de Chaumont-sur-Tharonne pour le compte du groupe Pierre et Vacances ou encore de l’Aparthotel Adagio Paris Tour Eiffel. Là encore, le développement a été stoppé net par le Covid-19. « Les hôtels ont fermé. Les réponses aux appels d’offres prévues en avril ont été reportées à octobre ou novembre. Nous estimons à 450 000 euros le montant des commandes reportées entre fin février et mars. »

S’appuyer sur l’Économie de la fonctionnalité

Pas d’inquiétude pour autant sur la pérennité de l’entreprise. Sa gestion « en bon père de famille », l’accord d’un PGE et la mise en place du chômage partiel ont permis au dirigeant de sécuriser les 18 emplois « jusqu’à la rentrée. S’ils finissent par vivre une saison estivale correcte, certains hôtels auront des besoins de rénovation, certains projets reprendront. Mais il faut réfléchir. À nous de nous réinventer et proposer de nouvelles offres liées notamment à l’économie de la fonctionnalité. »

« Consommerons-nous différemment ou allons-nous très vite oublier ? C’est en cela que nous devons mettre en place une nouvelle offre. »

C’est le fil conducteur de la stratégie d’Aluminor : être responsable et durable, au-delà du seul « made in France ». Ces valeurs étaient siennes avant la crise sanitaire. Elles le sont d’autant plus aujourd’hui. Ainsi, la PME est-elle accompagnée depuis janvier par la société coopérative ImmaTerra, via un dispositif de la Région Sud (toujours actif et gratuit) qui vise à soutenir les entreprises dans leur engagement lié à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), la RSE et l’économie circulaire. L’objectif est de rendre leur modèle économique plus pérenne, plus efficient en termes d’usages, d’impacts environnementaux et sociétaux.
« Notre engagement dans l’EFC n’est pas lié à la crise, c’est un concours de circonstances difficile mais qui nous conforte dans nos valeurs et va peut-être accélérer les choses : consommerons-nous différemment désormais ou allons-nous très vite oublier et repartir de la même façon ? Comment vendre ? La différence se fera sur le long terme. C’est en cela que nous devons mettre en place une nouvelle offre. »

« Si le PGE est un très bel outil pour les PME, cela vient imputer notre capacité d’emprunt par la suite "

De nombreux projets reportés

Mais pour ce faire, il faudra réaliser des investissements, de fait ralentis par le contexte. « Si le PGE est un très bel outil pour les PME, cela vient imputer notre capacité d’emprunt par la suite. Aluminor n’était pas endetté jusqu’à présent », précise le co-dirigeant. « Nous avions prévu d’acquérir de nouvelles machines cette année. Nous sommes par ailleurs en train de racheter le bâtiment. Nous espérons pouvoir mener l’opération à son terme. Nous voulions investir dans un site internet marchand. Cela devra se faire à moindre coût. Nous devions également recruter une force commerciale, ce qui devra attendre. »

Pour l’heure, Aluminor continue de faire bouger les lignes. Après les distributeurs de gel hydroalcoolique, l’entreprise compte déjà d’autres projets en réponse à des demandes de clients portant sur des panneaux de signalisation en métal.

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