Commerçants : Une nécessaire mutation
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Commerçants : Une nécessaire mutation

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proximité Pour sa première publication, l'Observatoire des besoins en compétences des entreprises du Commerce de Haute-Normandie pointe les difficultés d'une profession en mutation face à l'essor du e-commerce et aux problématiques de recrutement.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Avec 77.000 emplois et 17.500 établissements, le commerce représente à lui seul, 10 % des emplois (salariés et non-salariés) de Haute-Normandie. Un secteur professionnel d'importance qui doit faire face à diverses problématiques : essor du e-commerce, difficultés de recrutement, métiers en tension ou menacés ou encore besoins en formation. L'Observatoire régional sur les besoins en compétences des entreprises du commerce mis en place par CCI Normandie, en partenariat avec la Région Haute-Normandie, propose, pour sa première publication, une enquête réalisée auprès de 1.000 commerçants qui met en lumière les besoins en terme de gestion des compétences, recrutement et formation. « Des contrats d'objectifs existent dans divers domaines comme l'industrie mais pas dans le commerce. C'est pourquoi nous avons mis en place cet outil afin de repérer les besoins en formation », explique Dominique Gambier, vice-président de la Région Haute-Normandie.




Nécessaire mutation

On découvre une population constituée à 55 % d'emplois féminins, d'une moyenne d'âge de 38 ans avec 14 % d'actifs de moins de 25 ans et 10 % d'actifs de plus de 55 ans. Comparativement aux autres secteurs d'activités régionaux, cette population est moins qualifiée, 45 % des actifs ayant le niveau Bac et 12 % d'emplois étant non-salariés. La problématique de la formation devient alors un enjeu pour cette population face aux mutations en cours dans le secteur. Évolutions technologiques avec l'essor du e-commerce ou encore sociétales avec le développement des « drives ». « Il y a une évolution évidente des besoins, des changements, des repositionnements s'effectuent sur les modes de consommation », insiste Jean-Pierre Desormeaux, président de CCI Normandie. Le e-commerce est emblématique de la mutation actuelle des métiers du commerce car il nécessite des professionnels qualifiés : développeurs web, analystes, métiers liés à la relation client, avec une main-d'oeuvre composée essentiellement de diplômés issus d'écoles de commerce ou d'ingénieurs et de formation en informatique. De leur côté, les « drives » proposent des emplois alliant logistique et accueil client et des compétences en matière de management sont attendues pour les chefs de secteur et directeurs de site. La moyenne d'âge est jeune et beaucoup sont formés sur le terrain. Élu à la CCI de Rouen et propriétaires de trois jardineries Truffaut en Seine-Maritime, Pierre-René Julien fait le constat d'un secteur dynamique où les plus grosses difficultés se trouvent dans le recrutement des effectifs : « 391 métiers sont représentés dans le commerce, du commerçant directement lié à la relation client tel que le vendeur ou l'accueil aux métiers du back office comme la logistique. Le nombre d'emploi possible est très important, ça pèse. Le commerce est très créateur d'emploi, 14 % sur notre département, c'est un secteur en dynamique de croissance. Mais, nous éprouvons des difficultés à recruter, ce qui est paradoxal à l'heure actuelle ! Il nous faut donc savoir comment remédier à ça ». Près de 30 % des entreprises ont recruté ces trois dernières années et toutes évoquent des difficultés liées à l'absence de candidats expérimentés et au manque de main-d'oeuvre qualifiée. « Au niveau des jeunes nous rencontrons des difficultés dans les apprentissages de base : calcul et orthographe. Mais aussi des problèmes de savoir-être : présentation, prise en compte des codes sociaux pour avoir une relation normale avec le client... », précise Pierre-René Julien.




La solution de l'alternance

Améliorer l'adéquation entre emploi et formation s'impose au secteur du commerce. Pour cela, les entreprises privilégient la solution de l'alternance, selon l'étude de l'Observatoire des besoins en compétences des entreprises du commerce. « Les trois quarts des postes d'entrée dans le commerce sont recrutés via l'apprentissage », précise l'élu consulaire.



Sébastien Colle

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