Reconnue par la région Bretagne comme une des onze filières stratégiques pour son développement économique, la filière Santé est-elle un secteur d'activité d'avenir à la pointe bretonne?
Pour y répondre, le Technopôle Brest Iroise a commandé une étude sur la vitalité de la filière en Finistère et en Trégor, menée par l'ADEUPa (agence d'urbanisme de Brest métropole) et ID2Santé (Centre d’innovation technologique dédié au développement de la santé en Bretagne). « Nous avons fait le constat d'une grande diversité d'activités et d'acteurs, représentant beaucoup d'emplois. Des chercheurs, des techniciens mais aussi des entrepreneurs. Le choix a été fait d'ajouter au Finistère, le Trégor, car beaucoup de liens existent, notamment par la French Tech Brest + » résumait Françoise Duprat, directrice du Technopôle Brest Iroise, lors de la présentation des résultats de cette étude, cette semaine à l'UBO de Brest.
« Le domaine de la Santé est souvent présenté comme un facteur de coût. Mais on y produit des richesses et c'est un vecteur d'attractivité pour notre territoire. Ce pourquoi nous parlons ici d'économie de la santé et pas uniquement de secteur. »
La Santé: 13% de l'emploi total
Il ressort donc de cette photographie 2017 de la Santé, des données contradictoires mais présentées comme encourageantes, « la Santé présentant un fort potentiel de développement.»
Secteurs public et privé réunis, on y compte près de 51 000 emplois (soit 13% de l'emploi total), avec une augmentation entre 2008 et 2014 de 21% des effectifs au niveau des activités d'hébergement médico-social (+ 1 176 emplois), en lien avec le vieillissement de la population. Mais on constate aussi une érosion de 5% dans les effectifs soignants, en lien cette fois avec le resserrement des finances dans les hôpitaux publics (- 1 550 emplois).
26 entreprises innovantes en 15 ans
Du côté du secteur privé, on compte 122 entreprises qui portent 1 517 emplois. Répartis en grande partie dans des secteurs traditionnels de la santé (prothésistes, grossistes en produits pharmaceutiques et vente de matériel, prévention santé et analyses). Mais les domaines des technologies médicales, de l'e-santé, de la biotechnologie et de la nutrition-santé portent une forte dynamique. 26 entreprises innovantes ont d'ailleurs été créés ces quinze dernières années, générant 215 emplois.
Dans l'ensemble, les entreprises de la Santé connaissent une augmentation de leur chiffre d'affaires sur les deux dernières années. Sur 68 entreprises ayant leur siège en Finistère ou en Trégor, et présentant un chiffre d'affaires supérieur à 100 000 €, la moitié d'entre elles ont une croissance supérieure à 10%.
Contexte régional et national
Anne-Claude Lefebvre, directrice d'ID2Santé replace ces résultats dans un contexte plus global: « Le contexte national est le vieillissement de la population, un effort croissant autour du bien vieillir, l'augmentation des maladies chroniques et l'évolution du système de santé, avec augmentation des dépenses et diminution des finances ».
Tous ces facteurs croisés aux évolutions technologiques, implique un revirement des enjeux économiques: «L'enjeu de demain: c'est la règle des 4P. C'est-à-dire la place croissante du prédictif, du préventif, du soin personnalisé et de la santé participative ou empouvoirement des patients. L'innovation porte donc un rôle majeur. En Bretagne, ce changement de paradigme a été pris en compte dès 2013, où la filière a été identifiée comme secteur stratégique par la collectivité. Aujourd'hui, c'est la troisième région française en terme de biotechnologies et la quatrième la plus dynamique en e-santé.»
La Bretagne compte 226 établissements de santé dont deux CHRU et deux FHU, et 53 unités de recherches (pour moitié en recherche pure et pour autre moitié en application de santé). La région compte aussi 239 entreprises innovantes, un chiffre multiplié par deux entre 1997 et 2016. Ces cinq dernières années, 20 entreprises ont été créées.
