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Comment Malta informatique veut devenir un hub des données de santé
Gironde # Services # Implantation

Comment Malta informatique veut devenir un hub des données de santé

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En juillet 2021, le programme d'investissement "Ségur du numérique en santé" du gouvernement a fléché 2 milliards d’euros pour généraliser le partage des données de santé. Au cœur de ces enjeux, la société girondine Malta Informatique, qui pilote depuis Mérignac un logiciel destiné aux Ehpad et accueils de jour, a des ambitions européennes.

Grégoire de Rotalier (au centre), est à la fois directeur général délégué du groupe lorrain Pharmagest et PDG de six sociétés dont Malta Informatique à Mérignac — Photo : Anne Cesbron

Au défi de la numérisation du système de santé, la société Malta Informatique (80 salariés, 12,3 M€ de CA en 2020), basée à Mérignac (Gironde), est en première ligne. Filiale du groupe nancéien Pharmagest (coopérative Welcoop), elle est à la tête de sa division logicielle pour établissements sanitaires et médico-sociaux, composée de six sociétés, dont quatre rachetées entre 2016 et 2020.

2 300 établissements équipés

Son produit phare, le logiciel de gestion Titan destiné aux Ehpad et accueils de jour, équipe 2 300 établissements en France. En mars 2021, la société a commercialisé TitanLink, anticipant les objectifs nationaux du programme d'investissement gouvernemental "Ségur du Numérique en Santé" sur la fluidité du partage des données de santé entre professionnels.

"Nous sommes passés d’une offre plutôt guidée à une suite plus personnalisable pour avoir une réponse adaptée quelle que soit la taille de l’établissement. Nous pouvons gérer des groupes d’établissements avec des modèles de données uniques, explique Grégoire de Rotalier, dirigeant de Malta Informatique. Nous nous adaptons aux attentes réglementaires à venir en développant le nomadisme du logiciel. Demain, si un résident chute en Ehpad, le médecin coordonnateur, qui est bien souvent libéral, pourra avoir une alerte sur son téléphone par exemple."

La gestion coordonnée de dossiers médicaux, cœur de métier de l’entreprise, dépend de l’interopérabilité de son logiciel avec d’autres systèmes d’information comme ceux des laboratoires en biologie ou des pharmaciens, afin d’être en phase avec les attentes des différents dispositifs nationaux de suivi de santé, à l’image de Pro Santé Connect pour les professionnels ou de Mon Espace Santé pour les particuliers. Dopée par les perspectives du Ségur, la PME affiche de grands espoirs de croissance face aux nouvelles directions prises par le ministère de la Santé, notamment celui de devenir un "hub d’informations médicales".

Des services interconnectés

"Nous sommes très impliqués, les perspectives donnent beaucoup de confiance sur ce financement public et cette gouvernance très structurés. Le Ségur va permettre à nos clients de s’équiper de services socles (Pro Santé Connect, Dossier Médical Partagé, Identité Nationale de Santé) permettant un usage coordonné au niveau des pouvoirs publics pour améliorer la prise en charge des patients", ajoute Grégoire de Rotalier. "Toutes les demandes imposées par le Ségur sont en cours de développement chez nous. Une fois terminées, à la fin du premier trimestre 2022, elles nous permettront de bénéficier de financements pour les déployer chez nos clients."

Elles promettent, surtout, le développement de services supplémentaires. "Par exemple, le départ en hospitalisation d’un résident depuis un Ehpad va générer un dossier de liaison automatique à destination du service des urgences dans le dossier médical partagé", décrit le dirigeant. Malta Informatique s’inscrit dans une logique de multiplication des échanges de documents de santé entre professionnels et patients. Les objectifs du Ségur visent à passer de 10 à 500 millions de documents médicaux échangés d’ici à 2023.

Des ambitions européennes

Et à écouter le PDG de Malta, ces objectifs ne paraissent pas si lointains. "Aujourd’hui, sur une échelle de dix concernant les échanges de documents médicaux, on est à un. Le Ségur va imposer cet échange de données entre les différents acteurs du secteur et financer des services qui devront apporter des éléments de preuves de leur fonctionnement". À dessein : selon une étude du cabinet McKinsey et de l’Institut Montaigne, la création de valeur du développement de la e-santé en France serait évaluée entre 16 et 22 milliards d’euros par an.

Enfin, les yeux de Malta se tournent aussi vers l’Europe. Après avoir créé une antenne en Belgique en 2020 et avoir rendu son logiciel multilingue, elle va ouvrir une nouvelle filiale au Royaume-Uni d’ici à fin 2022 pour adresser le marché britannique, "composé d’environ 10 000 établissements, à peu près comme en France", pose Grégoire de Rotalier. L’offre de nos concurrents n’y est pas encore très mature, tout comme dans d’autres pays européens que nous visons […] Notre système de données s’appuie sur des standards internationaux et nous rend capables de nous déployer à l’étranger." L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et l’Europe du Nord font notamment partie des pays visés par Malta.

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