L’usine Constellium est implantée depuis 1946 sur la commune d’Issoire dans le Puy-de-Dôme. Et pour fondre l’aluminium et produire ses pièces, destinées à l’aéronautique (ailes, fuselage…), elle utilise cinq grands fours dont la chaleur avoisine les 800 degrés. "Plutôt que cette chaleur soit perdue, nous la récupérons pour chauffer la ville. Tout le monde est gagnant", résume fièrement Stéphane Corre, le directeur du site Constellium d’Issoire. Et pour l’industriel, cela ne change en rien la production. "Il se trouve que notre usine était dans une phase d’investissement et de modernisation, nous avons donc fait quelques adaptations et mis en place des systèmes de captation de la chaleur. Tout cela sans dégrader la performance des fours, ce qui a nécessité une certaine technicité. L’air chaud sert à chauffer de l’eau à 100 degrés, nous envoyons ensuite cette eau sur le réseau", poursuit le dirigeant.
Dalkia, qui a remporté la délégation de service pour ce réseau de chaleur, a investi 11 millions d’euros dans l’opération. L’entreprise a été subventionnée à hauteur de 5 millions d’euros par l’Ademe et de 1,25 million par le Certificat d’économie d’énergie.
Économie de 300 000 euros en 2023 pour la commune
Ce dispositif, opérationnel depuis deux hivers, permet à la commune de 15 000 habitants de limiter considérablement son recours aux énergies fossiles. La chaleur produite par l’usine Constellium répond à 55 % des besoins du réseau, le reste est complété par une chaufferie bois et du gaz. Au final, le dispositif permet d’apporter du chauffage et de l’eau chaude à une quarantaine de bâtiments publics de la ville ainsi qu’à des logements sociaux. "Cette énergie permet d’alimenter la piscine, des écoles, l’hôpital, la mairie… Dans certains de ces lieux, la facture énergétique a été divisée par 4. Et si l’on prend en compte la forte augmentation des tarifs du gaz, ce système nous a permis d’économiser 300 000 euros l’an dernier", affirme Bertrand Barraud, maire LR d’Issoire. Au-delà de l’intérêt environnemental évident (4 200 tonnes de CO2 évitées), il y a donc un avantage économique pour la commune, qui réfléchit déjà à étendre son réseau avec une autre entreprise de la ville qui possède, elle aussi, des fours industriels.
Un gain en termes d'image pour Constellium
Du côté de Constellium, le gain est surtout en termes d’image. Le groupe entend ainsi montrer son engagement fort en faveur du développement durable et du territoire. "Un industriel implanté à proximité immédiate d’une ville peut être une opportunité. Nous en sommes un bel exemple. Et c’est une fierté pour nos salariés dont la plupart vivent à Issoire", précise Stéphane Corre, qui salue un partenariat constructif avec la municipalité. "C’était un vrai pari mais les planètes se sont alignées", conclut le directeur de la fonderie. L’entreprise compte d’ailleurs aller plus loin dans cette démarche de récupération de chaleur. Des réflexions sont en cours.
