Montpellier
Comment Inovie s'impose en géant du diagnostic médical
Montpellier # Santé # International

Comment Inovie s'impose en géant du diagnostic médical

S'abonner

Deuxième plus grand acteur de la biologie médicale en France, le groupe montpelliérain Inovie ne cesse de croître, nourri par une stratégie de croissance externe effrénée mais aussi par les immenses besoins en dépistage que la pandémie a fait naître. Son ambition s’étend désormais à l’ensemble des diagnostics médicaux, en France et au-delà.

Les biologistes d’Inovie traitent les dossiers de plus de 70 000 patients par jour — Photo : Inovie

Covid-19 oblige, les Français se testent massivement et, pour la plupart d'entre eux, ont appris à connaître l’écosystème de la biologie médicale. L’un des noms les mieux identifiés désormais est LaboSud, l’entité historique au sein du montpelliérain Inovie (6 500 salariés, CA 2021 : 1,3 Md€). Avec 530 laboratoires de proximité, installés dans 7 régions françaises, le groupe héraultais dispose d’une force de frappe considérable. Mais atteindre cette quasi-ubiquité n’allait pas vraiment de soi.

Les biologistes à la barre

Inovie évolue en effet dans un secteur très contraint, basé sur des tarifs réglementés par l’Assurance Maladie, fixant une enveloppe que les grands laboratoires de biologie médicale ne peuvent pas dépasser. Pour capter plus de volume, ne reste qu’une solution : la croissance externe. Sur ce point, Inovie affiche, depuis plus de 10 ans, un féroce appétit. Entre 2010 et 2017, la première structure du groupe en biologie, LaboSud, est passée après plusieurs fusions de 55 à 125 millions d’euros, sa taille actuelle. En parallèle, Inovie s’est construit en groupe consolidé, riche de 22 filiales à ce jour, et présent sur divers métiers : anatomopathologie, génomique, biologie de la fertilité, analyses vétérinaires, etc.

Dans un contexte où la filière dans son ensemble se consolide rapidement, Inovie a choisi de s’adosser, en 2021, au fonds d’investissement français Ardian, le plus grand d’Europe. "À partir de 2018, nous sommes entrés dans une phase particulière, où le groupe s’est trouvé à l’arrêt car les laboratoires se vendaient plus cher. Or, Inovie n’était pas configuré pour avoir accès à de la dette structurée", raconte le Pr Georges Ruiz, président du groupe, en charge du développement externe. Parmi les dernières cibles acquises en 2021 figurent le lyonnais Orbio, le toulousain LAPVSO, et surtout les parisiens ZTP et BioFutur, qui signent la percée du groupe en Île-de-France. Quelque 200 millions d’euros ont été consacrés à cette croissance externe depuis mars 2021.

À noter qu’Inovie ne parle pas d'"acquisitions", mais de "filialisations" réalisées par "réinvestissement". "Les biologistes avec qui nous nous associons ont l’opportunité de se consolider dans une grande structure, à de très bonnes conditions financières. Nous sommes tous présents dans la holding de tête, où nous contrôlons 45 % du capital. À la différence d’un autre modèle, où ils seraient dilués, ils gardent la maîtrise du métier", insiste le Dr Thomas Hottier, directeur général d’Inovie.

Une plateforme unique en France

Inovie identifie un autre intérêt dans cette stratégie de capitalisation : trouver les moyens de continuer à investir. En janvier 2021, le groupe s’est, par exemple, doté d’un nouveau siège de 7 000 m2, fruit d’un investissement de 12 millions d’euros. Le plateau technique s’étend à lui seul sur 3 000 m2, ce qui en fait le plus grand de France pour l’activité des laboratoires privés, et le plus grand d’Europe pour la partie microbiologie. La capacité de traitement du nouveau site s’élevait à 13 000 dossiers par jour au démarrage, dont 8 000 bilans chimiques, 3 000 dossiers d’hématologie et 2 000 tests microbiologiques. Il est configuré pour absorber encore 20 % d’activité en plus.

Bien entendu, ces capacités financières et opérationnelles se sont avérées salvatrices avec la crise sanitaire. Inovie évalue à 100 millions d’euros les dépenses engagées pour faire face à la situation, à travers la création de 21 plateaux techniques au sein du groupe, ou le recrutement de 25 % d’effectifs en plus. Le groupe y a certes trouvé son intérêt économique : 400 millions d’euros sur un chiffre d’affaires d’1,3 milliard sont liés au dépistage du Covid-19. Mais, plus important pour ses dirigeants, la taille critique d’Inovie lui a permis de devenir un acteur de premier plan dans la stratégie sanitaire nationale. "Au début de la pandémie, les pouvoirs publics ne faisaient pas appel au secteur privé. Puis, ils ont appris à nous connaître, et les grands groupes ont pu décrocher des marchés car ils pouvaient faire des tests en grands volumes. Début 2022, les laboratoires privés réalisent entre 80 et 90 % des tests PCR", évalue Thomas Hottier. Le groupe Inovie lui-même a intégré, en octobre 2021, le réseau de surveillance national du virus, formé initialement des 4 plateformes virologiques de l’Institut Pasteur, des HCL, de l’APHP et de l’APHM. De même, il siège au sein de la "cellule test" de la Direction générale de la santé (DGS), qui réévalue toutes les semaines la stratégie nationale de dépistage.

Vers plus de visibilité

Néanmoins, la dernière remarque de Thomas Hottier démontre qu’Inovie, tout en réalisant plus de 16 % de l’activité biologique médicale en France, souffre encore d’un déficit de notoriété. En 2022, son ambition sera donc d’accroître sa visibilité. La refonte de sa communication passera notamment par une nouvelle identité de groupe : le nom d’Inovie sera désormais accolé à chacun de ses pôles de spécialité, sur le modèle "Inovie Fertilité", "InovieAS" (analyses spécialisées), "InovieVet" (analyses vétérinaires), ou encore "Inovie Sport", nouvelle branche qui cible les experts en biologie des athlètes de haut niveau. De même, l’entreprise lance une digitalisation tous azimuts et a mis en ligne, en février, un portail destiné aux patients, aux centres de soins et aux hôpitaux tout à la fois. "Cet outil permet, avec un seul mot de passe, d’améliorer le parcours de soins au sein de tous nos pôles de compétences et de tous nos laboratoires, de la gestion de la file d’attente aux rappels personnalisés", décrit Thomas Hottier.

Troisième phase de cette stratégie, Inovie veut améliorer son rayonnement international. Le groupe est déjà présent au Liban, à Dubaï et au Maroc, où il a débarqué en pleine crise sanitaire. La feuille de route écrite pour 2025 prévoit des implantations au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Congo. Pour le Moyen-Orient, Inovie s’associera avec des acteurs locaux. "Il est fréquent, en Afrique ou dans le Golfe, que les analyses spécialisées soient exportées en France ou ailleurs. Notre volonté est de nous installer directement dans les pays pour capter ces flux", justifie Georges Ruiz. Mais en France ou à l’étranger, la priorité pour Inovie est d’imposer un message fort sur son empreinte économique : au-delà de la biologie médicale, le groupe évolue dans le monde du diagnostic en globalité. C’est perceptible aujourd’hui à travers ses divers pôles métiers. Ce sera plus évident encore avec l’annonce de futures diversifications en 2022.

Montpellier # Santé # International # Investissement
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise INOVIE LABOSUD