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Comment Alian Industries fait rebondir ses PME
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Comment Alian Industries fait rebondir ses PME

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Les entreprises bretilliennes MMO, Coutarel et Alliora Coffrets ont un point commun : elles ont été reprises récemment par Alian Industries. Entité du Family Office de Daniel Gautier, la société de capital investissement s’est fixé pour objectif de soutenir "l’aventure industrielle" d’entreprises en croissance ou en retournement.

Alian Industries a repris SMM à Lanester en 2017. Depuis, l’entreprise de moules et prototypes en composite, prospère — Photo : Alian Industries

Voilà trente ans qu’Alian Industries investit dans des entreprises de la région. Trente ans à croire au potentiel guidé par des savoir-faire à conserver et des hommes motivés. "Nous ne sommes pas un fonds d’investissement, mais nous nous inscrivons dans la durée, indique d’emblée Julien Legrand, président d’Alian Industries. Notre approche est très familiale." Une caractéristique héritée des débuts de l’activité lancée par le Rennais Daniel Gautier, dont le "family office" est à l’origine d’Alian Industries (lire par ailleurs). L’entreprise rennaise est donc une société de capital investissement dont le but est de financer des PME en phase de retournement (80 % des participations) ou de croissance. Entre 2019 et 2020, elle a ainsi investi dans le fabricant de mobilier médicalisé MMO à Vitré, dans l’agenceur Coutarel à Saint-Domineuc et dans le fabricant de coffrets de luxe Alliora à Fougères.

Des participations entre 100 000 et 2 millions d’euros

"Nous ne nous interdisons rien. Mais nous faisons en sorte d’être à moins de 2 heures des sites, afin d’être facilement aux côtés des opérationnels", précise Julien Legrand. Alian Industries injecte ainsi à chaque opération entre 100 000 euros et 2 millions d’euros en fonds propres ou quasi-fonds propres. "Nous signons pour du long terme, tant qu’il y a une aventure industrielle, un sens économique. Nous avons certaines participations depuis plus de vingt ans. Nous ne cherchons pas du flux à tout prix mais à voir les entreprises croître, gagner de la valeur en conquérant de nouveaux marchés."

Dans cette optique, Alian Industries mise sur plusieurs facteurs avant de faire ses choix. D’abord les collaborateurs. "Nous accordons une grande importance au management, souligne Julien Legrand. L’objectif est de nous appuyer sur les forces de l’entreprise pour l’accompagner et traverser les difficultés ensemble." Ensuite, le marché doit être stable ou en légère croissance pour intéresser l’investisseur. "Et avec un savoir-faire qui préserve d’une concurrence effrénée, ainsi qu’un besoin de localité, qui la met à l’abri de la concurrence étrangère", précise le dirigeant rennais. En un mot un savoir-faire qui ne soit pas délocalisable, mais qui assure aussi des marges acceptables par la vente de ses produits. Alian Industries met alors la main sur des PME qui emploient de 50 à 100 salariés et réalisent un chiffre d’affaires compris entre 3 et 150 millions d’euros. Chaque entreprise reste une entité indépendante, Alian refusant le terme et le fonctionnement de "Groupe". L’entreprise familiale ne communique d’ailleurs pas de chiffre d’affaires global (les résultats ne sont pas consolidés).

"Ce n’est jamais gagné"

Julien Legrand, président d’Alian Industries — Photo : Alian Industries
De la même manière, Alian Industries ne se définit pas comme un fonds d’investissement mais préfère privilégier ce qu’elle appelle "l’aventure industrielle". Son objectif est de remettre dans le chemin de la croissance des entreprises en difficulté financière. "Nous apportons les subtilités financières en amont, mais nous nous appuyons sur les compétences métiers des entreprises, précise Julien Legrand. Dans les sociétés en retournement, il ne faut pas se rater dans les premiers mois, alors nous réalisons des comités stratégiques toutes les semaines. Car souvent, le manque de trésorerie cache des maux plus profonds en termes de management, marketing, gestion… C’est là que nous avons quelque chose à apporter pour redresser la barre. Mais ce n’est jamais gagné ! L’objectif final est de faire prospérer l’entreprise, qu’elle devienne un acteur majeur de son marché".

SMM, un exemple de réussite

Au tableau des réussites d’Alian Industries, SMM, à Lanester (Morbihan), est un exemple récent de succès. Reprise en 2017 en association avec Vincent Marsaudon, l’entreprise fait aujourd’hui partie d’un consortium dans le cadre du programme de recherche "Solid Sail, les voiles du futur" porté par Les Chantiers de l’Atlantique en Loire-Atlantique. L’objectif est la construction de paquebots qui utiliseront à la fois une propulsion avec voiles et une motorisation. SMM y est chargé de l’outillage. L’entreprise a donc réussi à évoluer, "avec le concours d’un opérationnel de qualité, le nouveau dirigeant Olivier Kerdoncuff", salue Julien Legrand. SMM est ainsi passée de 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires à la reprise à 3 millions en 2020 et projette 4 millions d’euros de budget pour 2021. "C’est l’une de nos pépites", se satisfait le dirigeant. En faire émerger d’autres est le leitmotiv de toute l’équipe (10 collaborateurs chez Alian Industries).

Recentrer sur un savoir-faire avant de réinvestir

MMO, l’une des dernières entreprises en date à avoir rejoint le giron d’Alian Industries, fabrique du mobilier médical, dans son usine de Vitré — Photo : Alian Industries
En reprenant MMO en 2019, l’investisseur avait également de l’ambition pour cette usine vitréenne. Il a commencé par recentrer l’activité sur son savoir-faire en mobilier médical, qui la distingue de la concurrence. MMO a alors cessé la production de mobilier pour collectivités. Après avoir piloté une période de transition, Julien Legrand a laissé le management à un nouveau directeur général, Tristan Debry en octobre 2020. "Nous avons regagné des marchés publics, dont l’Ugap, et développé l’international avec des partenaires aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, détaille le président d’Alian Industries. Cela devient même un axe stratégique pour MMO, tout comme le développement de nouveaux produits." L’entreprise est déjà redevenue profitable (9 M€ de CA en 2020) et est passée de 67 à 72 collaborateurs. Elle a par ailleurs engagé un programme ambitieux d’investissements dans ses machines, la numérisation et l’ouverture d’un showroom. Sur les 800 000 € injectés, 310 000 € vont être financés par le plan de relance dans le cadre de Territoires d’Industrie. "Cela va nous permettre d’aller encore plus vite", se satisfait Julien Legrand.

Enfin, le dernier entré dans l’escarcelle d’Alian Industries en novembre dernier, Alliora Coffrets, pourrait emprunter le même chemin. Là encore, Julien Legrand s'appuie sur le management d'Antoine Bruno, président d'Alliora à Fougères. "Nous arrivons pour redonner les moyens de ses ambitions à une entreprise dans laquelle nous croyons. Nous avons une démarche purement entrepreneuriale, sans calcul purement financier. Bien sûr, l’objectif reste de prospérer, mais en faisant de nos entreprises des acteurs majeurs de leurs marchés." Pour Alliora et ses 35 salariés, il s’agira de bien se positionner sur les appels d’offres pour les coffrets de fin d’année en cosmétiques et spiritueux. "Ensuite, nous allons devoir conserver l’avance industrielle par des investissements", estime Julien Legrand.

La démarche est donc similaire à chaque reprise. Elle diffère seulement lorsqu’Alian Industries s’offre une entreprise en bonne santé financière. Ce qui est le cas dans la reprise de l'entreprise d'agencement Coutarel à Saint-Domineuc fin 2020 (26 collaborateurs, 3,5 M€ de CA). "L’entreprise a été reprise in bonis dans le cadre d’une transmission, en accompagnement du nouveau dirigeant Franck Baucher", précise le président d’Alian Industries. Pour lui, les différentes participations ont chacune leurs atouts et les entreprises peuvent même être amenées à travailler ensemble, en bonne intelligence, pour parfois trouver des synergies et faire prospérer cette aventure collective.

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