Cinéma : Un business qui tourne en Rhône-Alpes

Cinéma : Un business qui tourne en Rhône-Alpes

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Fortement centralisée à Paris, l'industrie du cinéma existe pourtant en province. Rhône-Alpes accueille chaque annéede nombreux tournages. Les seuls longs métrages coproduits dans la région depuis 1991 ont permis 100M€ de retombées économiques.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Été 2010. Des coups de feu retentissent dans le quartier du Vieux Lyon. Les badauds s'agglutinent autour de la scène. Mais rien qui ne finisse mal: le réalisateur Olivier Marchal tourne en grande pompe son dernier film, "Les Lyonnais". Ce long-métrage, tourné sur trois mois, a investi de nombreux lieux emblématiques de la ville et de la région. Quelque 3.000 cachets de figuration, 80 techniciens lyonnais et une trentaine de rôles confiés à des comédiens locaux... Les retombées économiques du tournage sont évaluées en Rhône-Alpes à près de 4M€. Cet exemple prestigieux pourrait faire oublier que l'activité cinématographique n'est pas que ponctuelle en région. Si Paris tient largement le premier rôle en la matière, l'industrie du cinéma fait plus que de la figuration à Lyon et alentours.




La Région coproductrice En 2010, 657 jours de tournage ont en effet eu lieu en région, dont 282 pour les seuls longs métrages de cinéma (quinze films recensés). Le reste se partage entre courts métrages, publicités et projets télévisés. Ces chiffres prennent en compte les projets réalisés en coproduction avec Rhône-Alpes Cinéma. Cette structure privée, sans autre équivalent en France et créée en 1990 à l'initiative de Roger Planchon, est liée par une convention à la Région Rhône-Alpes. En 20 ans, les quelque 200 films coproduits ont généré près de 100M€ de dépenses en région, dont plus de 50M€ sur l'emploi de techniciens locaux, de comédiens et de prestataires de services, décors et costumes. Un film coproduit génère ainsi en moyenne 520.000 € de dépenses au niveau local, pour 294.000 € investis par Rhône-Alpes Cinéma, dont le capital est détenu depuis 2008 par trois actionnaires majoritaires: CDC Entreprises, la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes et la Région Rhône-Alpes. Ces 200 films ont permis 50millions d'entrées en salle, dont 7millions dans les cinémas rhônalpins. «Pour la région, aucune campagne de communication, même mondiale, n'est aussi efficace que le cinéma», souligne Serge Tachon, à la tête de la commission du film Rhône-Alpes, dont le rôle est d'accueillir et d'assister les tournages.


Un pôle dédié à l'image

Du côté de Villeurbanne, en bordure immédiate de Lyon, un parfum d'Hollywood flotte à l'approche du pôle Pixel. C'est ici que se concentre une partie de l'industrie du cinéma en région. Les 16.000m² du site accueillent trois studios de tournage équipés et une trentaine de structures et de sociétés, dont une partie est regroupée dans un hôtel de jeunes entreprises liées à l'image. Environ 300 personnes évoluent régulièrement au sein de ce village de l'image. Le célèbre fabricant et loueur de caméras Panavision a par exemple fait le choix, en 2010, d'y installer un bureau. «Nous souhaitons offrir un service de proximité aux professionnels, note Paul-Jean Tavernier, responsable du site. Les synergies se créent facilement ici.» Même choix pour la société Pilon Cinéma, qui vient d'y investir 500.000€ dans un auditorium de mixage dédié au cinéma.



L'économie locale en scène
Pour les prestataires de services locaux, les tournages représentent aussi de bonnes opportunités. La résidence hôtelière Villemanzy, à Lyon, a entre autres accueilli un film réalisé par Mélanie Laurent à l'automne dernier. «Nous avons hébergé jusqu'à 40 personnes, de fin novembre à mi-janvier, raconte Valérie Cotinaud, directrice de l'établissement. Il faut pouvoir s'adapter, mais ces expériences sont toujours positives!» Le chef Philippe Brossault s'est lui aussi laissé séduire par le monde du cinéma (voir encadré). Rhône-Alpes, avec ses décors naturels variés, son dynamisme en matière d'aide aux projets et sa situation géographique idéale semble bien placée pour suivre un scénario prometteur. «Nous avons tout en région, mais il est dans notre intérêt de nous tourner vers quelque chose de plus pointu que ce qui se fait à Paris. Cela passe par la convergence des pratiques», analyse Jérôme Gay, directeur de l'école de cinéma et d'audiovisuel Arfis. Une convergence des pratiques fortement encouragée par Imaginove, le pôle de compétitivité des images en mouvement. Et si Rhône-Alpes participait à l'émergence des oeuvres visuelles de demain, et profitait de l'activité économique conséquente qui pourrait aller avec?


Pierre-Jean Nicot