Une somme de 41 000 €. C’est la subvention attribuée à Wienerberger France (CA 2022 : 233 M€, 755 salariés) par la Région Grand Est, fin janvier 2024. Une très petite partie de la valeur de l’investissement total de l’entreprise dans la digitalisation de son outil de production et le remplacement de ses automates. Coût total de l’opération : 1,2 million d’euros. "L’objectif est de faire se côtoyer des technologies d’il y a plus de 50 ans, avec les technologies d’aujourd’hui, explique Jérôme Harquet, directeur de l’usine Wienerberger d’Achenheim. Cet investissement a pour objectif de limiter les pertes lors de la production en identifiant les défauts de manière beaucoup plus efficace. Il y a aussi tout un enjeu autour de la pénibilité du travail au poste, que ces nouveautés permettent de diminuer. L’industrie du futur doit être décarbonée, durable et respectueuse des salariés."
"La crise la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale"
Investir en attendant que la tempête passe, c’est la stratégie que semble avoir adoptée la branche française du groupe spécialisée dans l’enveloppe du bâtiment. "Le prix d’un même habitat neuf a augmenté de 20 à 25 % sur trois ans", affirme Gabrielle Roy, responsable de la communication. Conséquence directe sur les marchés : les commandes sont en chute libre. "C’est la crise la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale", complète-t-elle.
L’entreprise a dû prendre des mesures drastiques. "Pour faire face à la crise, nous avons dû gérer de manière plus importante les équipes, avec du chômage partiel, la modification des horaires d’usines, du travail en demi-équipe, l’arrêt d’une partie de la production…", énumère Frédéric Didier, directeur général de Wienerberger France.
Le marché de la rénovation donne des signes positifs
L’usine a même été mise à l’arrêt pendant trois mois à cause de l’effondrement des marchés et à du fait un stock qui augmentait sans pouvoir être écoulé, faute d’acheteurs. "Cela nous a permis de réaliser la maintenance de nos machines après trois ans à plein régime. C’était un arrêt nécessaire dans tous les cas", assure Jérôme Harquet. En attendant un retour à la normale, la filiale française du groupe mise aussi sur la formation de ses salariés.
"Nous sommes très inquiets pour le secteur du neuf. Pour avoir un phénomène de retour à la construction d’habitat neuf, il faut que les ménages retrouvent confiance. Et pour cela, il faut qu’ils puissent obtenir des crédits auprès des banques", souligne Frédéric Didier. Également président de la Fédération française des tuiles et briques, il n’attend pas de retour à la normale du marché avant mi-2025. "Nous avons quand même un point rassurant du côté de la rénovation. À partir du deuxième semestre 2024, les marchés devraient redonner des signes de positif. Nous allons mettre l’accent là-dessus", sourit-il.
L’acquisition de Terreal permet d’ouvrir de nouveaux marchés
Autre éclaircie dans l’orage que traverse l’entreprise Wienerberger en France, l’acquisition début mars de l’entreprise française Terreal, spécialisée dans la couverture de bâtiment (CA 2022 : 490 M€ ; 1 541 salariés). Une opération qui offre des perspectives, notamment dans le photovoltaïque : "Ce changement ouvre de nouvelles synergies qui vont nous permettre d’avancer, et surtout de se projeter. C’est aussi la force d’être dans un groupe, cela permet d’avoir une multitude de solutions pour affronter les crises", affirme Jérôme Harquet.
Le groupe Wienerberger compte désormais 25 sites de production dans l’Hexagone. "C’était une véritable opportunité pour le groupe, le maillage territorial entre les huit usines Wienerberger et les 17 sites de Terreal est complémentaire. On ne se marche pas dessus", poursuit le directeur d’usine. Au final, l’acquisition de Terreal doit permettre au groupe autrichien de générer 725 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel additionnel.