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Carlos Tavares (PDG de Stellantis) : "Nous avons huit ans de visibilité pour le site de Rennes"
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"Nous avons huit ans de visibilité pour le site de Rennes"

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Le PDG de Stellantis Carlos Tavares s’est rendu sur le site de Rennes La Janais, le 1er juin. Site historique de la marque Citroën, l’usine, qui emploie 2 130 salariés, prépare son passage au 100 % électrique avec la prochaine construction, en 2025, d’un nouveau modèle de voiture électrique, le CR3. De quoi offrir une pérennité au site breton pour les huit prochaines années, au moins.

Carlos Tavares, PDG de Stellantis. Le patron du géant automobile annonce la pérennité du site de Rennes pour les huit prochaines années — Photo : Baptiste Coupin

Le site Stellantis de Rennes prépare son passage à l’électrique et accueillera prochainement un véhicule mono produit en fabrication, le CR3 100 % électrique. Quelle opportunité cela représente-t-il pour le site breton ?

Nous rentrons dans une période excitante, que je vais qualifier d’apprentissage. Nous avons l’opportunité d’apprendre une nouvelle technologie, celle de l’électrification. Nous avons le privilège d’introduire une nouvelle plateforme totalement dédiée au véhicule électrique (STLA Medium), et de construire, ici à Rennes, un véhicule électrique qui sera le premier de la famille. Il sera à la fois apte à faire les transports quotidiens pour aller sur les lieux de travail, mais également de permettre aux familles de se déplacer sur de longues distances sur leurs lieux de villégiature. Donc nous avons à la fois un défi mais aussi une opportunité de nous projeter dans le futur de la mobilité qui, comme on le sait, doit être sûr, propre et abordable. C’est tout l’enjeu ici, à Rennes. Je suis là pour prendre connaissance de l’état d’avancement de nos plans et encourager les équipes à faire les efforts.

Ce nouveau véhicule, cette nouvelle plateforme, vont-ils offrir une pérennité au site de Rennes ?

Il y a beaucoup d’acteurs de la société qui nous demandent de la visibilité. Vous savez que la durée de vie de nos véhicules est d’environ de sept ans. Nous sommes à un an environ du démarrage, donc dans ce cas très concret de Rennes, nous avons devant nous huit ans de visibilité. Je vous demande quel autre acteur de la société européenne vous offre huit ans de visibilité ? Je vais vous répondre, il n’y en a aucun… Stellantis, de ce point de vue là, a une attitude sociétale très vertueuse parce que nous construisons cette visibilité. Ce n’est pas facile, il faut avoir des coûts très compétitifs, une qualité exemplaire, et apprendre de nouvelles choses, le tout avec un corps social qui est sollicité de multiples façons. Moi, j’ai une énorme confiance et une fierté à conduire ces équipes vers un objectif aussi difficile mais aussi vertueux pour nos sociétés.

Carlos Tavares, répondant à la presse — Photo : Baptiste Coupin

Dans la transformation de votre modèle industriel et le passage à l’électrique, vous parlez de coûts qu’il faudra réduire de 40 %. Est-ce que cela passera par une réduction d’effectifs, ici à Rennes ?

Le surcoût de l’électrique qui a été décidé par l’Union européenne, il est de l’ordre de 40 % par rapport au thermique. Il est assez clair que les classes moyennes ne pourront pas payer leurs véhicules 40 % plus chers et donc, si nous voulons continuer à garder nos clients, il va bien falloir que nous absorbions ces 40 %. Ce n’est pas que la tâche de Stellantis et de l’usine de Rennes, c’est aussi celle de tous nos fournisseurs, de nos prestataires, des États qui imposent un certain nombre de taxes et d’impôts aux entreprises. C’est l’ensemble du corps social qui permettra de résoudre ces 40 %… Il y aura des métiers qui vont disparaître, il y en aura de nouveaux qui vont être créés, mais cette transformation (le passage à l’électrique, NDLR), ce n’est pas Stellantis qui l’a décidé, ce sont les dirigeants européens et l’Union européenne qui l’ont voulu. C’est vers eux qu’il faut se tourner pour savoir quelle sera leur contribution…


Le président Emmanuel Macron appelle les entreprises étrangères à choisir la destination France pour leurs futurs investissements. Dans cette séquence de réindustrialisation de l’économie française, en quoi le géant Stellantis (14 marques, 179 Md€ de CA en 2022, 280 000 collaborateurs) peut-il contribuer ?

Nous avons déjà annoncé douze véhicules électriques sur les sites français. Douze, pas un, pas deux, pas trois. Il y a douze véhicules qui vont être produits sur le sol français. Nous avons totalement reconverti une usine de moteurs thermiques en usine de fabrication de moteurs électriques à Trémery (Moselle), nous avons également reconverti une usine de fabrication de boîtes mécaniques en usine de transmission électrifiée à Metz (Moselle), nous avons inauguré il y a deux jours la gigafactory de Douvrin (Hauts-de-France), située sur l'un de nos sites de production de moteurs thermiques. Ne pensez-vous pas que nous avons fait une large part de ce qu’il y avait à faire dans ce pays ? Ce que vous pourriez me demander après, et ce que je ne ferai pas, c’est de mettre mon entreprise en péril… Sachez que la plupart des profits faits par Stellantis ne sont pas faits en Europe, mais en Amérique du Nord. Mais, il faut le dire, l’Europe fait un très bon travail, dans un environnement très chahuté !

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