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Câbleries Lapp investit massivement pour doubler l'activité de son usine en Moselle
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Câbleries Lapp investit massivement pour doubler l'activité de son usine en Moselle

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Pour conforter sa place sur un marché en forte croissance, le groupe allemand Lapp mise sur son site des Câbleries Lapp à Forbach. Le fabricant de câbles industriels injecte 7,5 millions d’euros en 2022 dans son usine mosellane et prévoit 60 recrutements. Avec en ligne de mire la conquête de nouveaux marchés, comme celui du câble solaire.

L’usine Câbleries Lapp de Forbach a été créée en 1990 — Photo : Lucas Valdenaire

Pour passer de 130 à 260 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq ans et doubler son niveau d’activité, l’usine Câbleries Lapp, fabricant de câbles industriels à Forbach (Moselle), peut compter sur le soutien financier de sa maison mère allemande. Elle aussi verrait bien son chiffre d’affaires bondir de 1,4 à 2 milliards d’euros d’ici 2027. Le groupe aux 5 000 salariés, créé en 1959 et basé à Stuttgart, investit massivement dans son établissement lorrain : entre 5 et 7 millions d’euros par an, et ce, rien que sur les quatre derniers exercices. Pour 2022, l’effort est encore plus conséquent avec 7,5 millions d’euros d’investissements annoncés sur le technopôle Forbach Sud. "Nous sommes dans un processus de croissance compétitive, lâche le directeur de l'usine mosellane Stéphane Kaczmarek. Dans ce domaine, la politique du groupe est ambitieuse et nous y mettons les moyens."

Câbleries Lapp à Forbach consomme actuellement 40 tonnes de cuivre par jour — Photo : Lucas Valdenaire

Sortant près de 130 000 kilomètres de câbles à destination de l’industrie chaque année, l’unité de production lorraine (la plus importante du groupe) souhaite en fabriquer deux fois plus d’ici cinq ans. De quoi assouvir les besoins d’un marché en forte croissance, notamment depuis la reprise post-Covid. Une accélération qui n’a d’ailleurs pas tardé à se faire sentir puisque le chiffre d’affaires du groupe a gonflé de 26 % en 2021. "Et nous nous attendons à avoir une croissance similaire sur les prochaines années", glisse le directeur général de Lapp France, le Néerlandais Ad van de Noort. Pour augmenter la cadence, l’usine forbachoise de 23 000 m² a accueilli plus d’une dizaine de machines ces deux dernières années, parmi lesquelles cinq tresseuses et deux tourneuses. Une ligne de gainage, arrivée début 2022, doit permettre d’augmenter les capacités du site de 10 %. Sans oublier cette nouvelle ligne de conditionnement prévue pour septembre.

Et ce n’est pas fini puisqu’une ligne d’ébauche, une tréfileuse et cinq ou six tourneuses sont annoncées dans les prochaines années. Entre-temps, une nouvelle ligne d’étamage à 1,5 million d’euros s’est glissée dans les cartons et devrait être installée avant la fin 2022. "Elle va nous permettre de fabriquer notre propre cuivre étamé, confie le directeur des opérations Jehan-Michel Dunkhorst. Nous arrêterons de l’acheter à l’extérieur et nous pourrons même fournir le groupe."

À la conquête du câble solaire

Une acquisition indispensable pour viser un nouveau marché, celui du câble solaire permettant de connecter les panneaux photovoltaïques. Un segment en pleine croissance sur lequel Câbleries Lapp aimerait s’imposer. Spécialiste du câble d’alimentation, de contrôle et de donnée, le fabricant adresse déjà de nombreux secteurs industriels comme le transport, la métallurgie, l’agroalimentaire, la communication ou encore la logistique. "Nous suivons la volonté du groupe, celle de pénétrer des segments en pleine croissance comme celui du câble solaire ou du câble de recharge de véhicule électrique, et plus généralement des énergies vertes", appuie le directeur général du site de Forbach Stéphane Kaczmarek. Proposant déjà une quinzaine de familles de produits différentes, Câbleries Lapp aimerait rapidement en fournir une vingtaine. "La diversification permet de limiter les risques", rappelle Jehan-Michel Dunkhorst.

Sur ses projets liés à l’industrie 4.0, à l’environnement et à la productivité, l’usine de Forbach a déjà reçu plus d’un million d’euros de subventions publiques — Photo : Lucas Valdenaire

Mais la direction prévient : un tel sursaut de production ne devra en rien sacrifier la qualité. Pour preuve de sa bonne foi, de nouvelles machines de contrôle et de reconnaissance numérique sont en train d’être installées. De plus, toutes les lignes, désormais connectées, se retrouvent sous l’œil vigilant d’un logiciel de pilotage MES fonctionnel depuis plus de deux ans. Ce dernier permet de mesurer la performance et la disponibilité de chaque ligne en temps réel, tout en collectant les données nécessaires à la traçabilité et au suivi de la production. "Lapp fait des câbles, mais des câbles high-tech, martèle Stéphane Kaczmarek. Nous n’acceptons pas de déviation de la qualité et nous triplons tous les contrôles grâce aux nouvelles technologies et au 4.0.

" De nouveaux moyens de mesure sont également élaborés en partenariat avec la plateforme régionale de transfert technologique CEA Tech à Metz. "C’est notre réputation qui est en jeu, lance Ad van de Noort. Nous devons rester sur des marchés de haute qualité tout en restant compétitifs".

Réorganiser les flux

Produire davantage sans toucher à la qualité et donc sans perdre de temps. "Cette phase de croissance compétitive passe effectivement par l’augmentation de nos capacités de production mais aussi par davantage de productivité", rappelle le directeur général Stéphane Kaczmarek. Ainsi, la nouvelle ligne d’étamage évitera des achats extérieurs chronophages, plusieurs robots assisteront les opérateurs désormais capables de diriger deux lignes à la fois, des chariots autonomes et des véhicules à guidage automatique sont en route, sans oublier ces nouvelles machines combinées à la méthode Smed permettant d’ores et déjà de réduire le temps de changement d’une série. "En dix minutes, ce sera fait, contre 2h30 auparavant", calcule Stéphane Kaczmarek.

Surtout une réorganisation totale des flux est en cours. Tout en renforçant la maintenance productive totale (TPM), Câbleries Lapp envisage de modifier 90 % de l'agencement du parc machines sans pour autant mettre la production sur pause. Ainsi, 87 des 88 machines actuelles seront déplacées d’ici cinq ans "pour gagner en performance", indique le directeur des opérations Jehan-Michel Dunkhorst. Le stockage sera prochainement externalisé et le conditionnement se retrouvera bientôt au plus près des lignes de gainage pour réduire, une nouvelle fois, les pertes de temps logistiques. "Les discussions sont en cours, mais si nous avons la possibilité de construire un nouveau bâtiment de 4 000 m², ce sera encore plus facile", reconnaît Stéphane Kaczmarek.

Le groupe s’est fixé un objectif de réduction de ses émissions de CO2 : -25 % d'ici à 2027 — Photo : Lucas Valdenaire

Une réorganisation qui doit aussi intégrer les efforts environnementaux récemment engagés en partenariat, là encore, avec le CEA Tech de Metz. Dans le cadre d’un plan global de baisse des émissions carbone (-25 % d’ici à 2027), l’entité mosellane souhaite revoir ses flux d’énergie pour réutiliser, notamment, la chaleur fatale dégagée pour chauffer les ateliers, réduire les quantités d’eau utilisées pour refroidir les productions, et installer des panneaux photovoltaïques sur les toits d’ici à 2024.

En plus de la nouvelle ligne d’étamage, faisant du site forbachois le seul du groupe à fabriquer son propre cuivre, Câbleries Lapp investit dès aujourd’hui dans de nouvelles machines permettant de réutiliser les déchets plastiques et valoriser directement sur place les chutes de cuivre, au lieu de les renvoyer chez un partenaire allemand. De quoi réaliser des économies d’argent significatives dans ce contexte inflationniste et de temps en transport de matières premières.

Former encore plus vite

Du temps, la direction veut en gagner, aussi, dans la formation des salariés. Un levier tout juste actionné via l’installation d’une ligne d’extrusion à un million d’euros dédiée aux prototypes et à la formation des opérateurs. Mise à la disposition des écoles du territoire et de la plateforme technologique Plastinnov de Saint-Avold, la nouvelle arrivée permettrait de réduire le temps de formation de plusieurs mois. Une autre machine équipée d’un support vidéo et d’un système de réalité augmentée doit aussi accélérer l’apprentissage du tressage.

Lapp Forbach, qui accueille une soixantaine de recrues par an depuis cinq ans, sait s’entourer. Membre du comité territorial de l’UIMM Lorraine en Moselle Est et de l’Association Progrès du Management (APM), Stéphane Kaczmarek multiplie les partenariats avec les établissements scolaires et universitaires du territoire. Quatre étudiants travaillent actuellement sur la modélisation 3D de l’usine forbachoise et un doctorant planchera prochainement sur de nouvelles technologies appliquées au cuivre. Par ailleurs, une dizaine d’alternants sont attendus en septembre. "Il y a quatre ans, nous n’en avions pas du tout", rappelle le directeur général du site. En outre, Stéphane Kaczmarek peut compter sur le Groupement d’employeurs de Moselle Est à Faulquemont et l’Afpa, avec laquelle un projet de formation verra le jour en 2023 : "C'est un tout nouveau concept pour nous aider dans notre recrutement. Nous voulons travailler sur de la pédagogie en ingénierie. L’idée est de faire appel à des experts pour développer des formations spécifiques et intervenir directement auprès des collaborateurs."

À l’image des cinq dernières années, Câbleries Lapp veut recruter une soixantaine de collaborateurs en 2022 à Forbach — Photo : Lucas Valdenaire

Pour les attirer et, encore mieux, les conserver, la direction mise sur la "bonne réputation" de l’entreprise et préfère se montrer prudente sur ses niveaux de rémunération. "Tout le monde, y compris le gouvernement, nous demande d’augmenter les salaires mais nous devons faire très attention, justifie Stéphane Kaczmarek. Avec le Covid et la guerre en Ukraine, les prix de nos matières premières et de l’énergie ont explosé. Nous ne savons plus où se situe le niveau réel du marché et c’est très dangereux. Si, demain, les prix redescendent, on nous demandera de baisser les nôtres. Il faut rester très vigilants sur l’ensemble de nos coûts car nous devons rester compétitifs."

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