En plus de son activité bancaire auprès des professions juridiques, la Banque des Territoires accompagne les collectivités locales et les établissements médico-sociaux dans leurs projets d’investissements et applique plusieurs programmes nationaux comme "Action cœur de ville" ou "Petites villes de demain". De par cette mission, la direction de la Caisse des dépôts créée en 2018 a également joué un rôle important dans la crise de 2020. D’une part, en stimulant les marchés du BTP et des industries régionales. D’autre part, en soutenant directement plusieurs centaines de petites sociétés lorraines via un tout nouvel outil financier intitulé Fonds Résistance.
Logements et projets de rénovation
En finançant le logement social, la Banque des Territoires a contribué au maintien de l’activité des entreprises du BTP malgré la crise. Au total, 158 millions d’euros de nouveaux contrats de prêt ont été signés avec les bailleurs sociaux de la région. De quoi lancer la construction de 1 100 logements et la rénovation de 3 400 habitations dans toute la Lorraine. Dans le détail, les contrats de prêts signés en 2020 atteignent 88,5 millions d’euros en Moselle, 47 millions en Meurthe-et-Moselle, 17 millions dans les Vosges et 8,4 millions dans la Meuse, soit 6 millions de plus qu’en 2019 dans ce même département. "Dans un contexte de fortes évolutions du secteur du logement social (loi ELAN, crise sanitaire), le secteur a particulièrement bien résisté avec une accélération des opérations de réhabilitation des logements", explique notamment la Banque des Territoires dans son bilan. Ainsi, 482 logements meusiens ont été remis en chantier sur l’année contre 32 l’année précédente. Et la dynamique se poursuit puisque l’Office départemental en prévoit 850 supplémentaires en 2021.
Par ailleurs, l’institution publique finance plusieurs grands projets de rénovation dans la région. La preuve encore à Metz, avec 17,5 millions d’euros consacrés à la mue du stade Saint-Symphorien sur un total de 90 millions d’euros de travaux.
Territoires d’industrie
En charge du programme "Territoires d’industrie" lancé en 2018, la Banque des Territoires a consacré plus d’un milliard d’euros à la relance industrielle nationale. Cette dernière a notamment investi en fonds propres (sans communiquer sur la somme débloquée) aux côtés de l’industriel Novacarb et du groupe Engie en vue de la construction et de l’exploitation d’une centrale de cogénération biomasse à 65 millions d’euros près de Nancy. Le producteur de carbonate et bicarbonate de soude s’engage, en effet, dans un projet d’envergure visant à ne plus consommer de charbon dès 2024. Au total, 11 millions d’euros ont été investis dans six projets industriels régionaux en 2020 (hors Programme d’investissements d’avenir). Même projet dans les Vosges avec une prise de participation au côté du papetier Norske Skog pour la création d’une nouvelle chaudière biomasse.
Dans le cadre de son plan de relance pour la formation dans les Territoires d’industrie, l’institution bancaire a également sélectionné le programme mosellan Uttopia et apporté un soutien financier de 67 000 euros. Il s’agit de mettre à disposition des entreprises, des étudiants et des formateurs, un plateau technique dédié aux champs des nouveaux matériaux et des objets connectés. La Banque des Territoires a aussi choisi d’accompagner la stratégie digitale du groupe sidérurgique ArcelorMittal à Florange. Cette dernière, portée sur le développement de la 5G, est d’ailleurs sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets "Résilience" du plan de relance. Toujours en Moselle, la structure a décidé d’octroyer des crédits d’ingénierie dans le cadre de la reconversion de la centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold en un nouveau site de production d’hydrogène, 30 000 euros de cofinancement à la clé. "Nous avons vocation à faire émerger une véritable filière hydrogène sur Carling et sur l’ensemble du bassin du Warndt Naborien, souligne Cyril Mangin, le directeur de la Banque des Territoires en Moselle. Avec la construction d’unités de production, la création de réseaux pour transporter l’hydrogène et évidemment la recherche d’usagers. C’est un véritable enjeu pour 2021. La centrale doit fermer à la mi-2022. Nous avons donc moins de 18 mois pour mettre en place notre stratégie."
"Je n’ai jamais vu autant de projets industriels lancés en même temps"
Dans la Meuse, la Banque des Territoires participe par exemple au développement d’une zone d’activité économique en hyper-proximité du projet Cigéo visant à stocker en profondeur des déchets radioactifs. L’initiative est labellisée "Territoires d’industrie". Intitulée Parc’Innov, cette ZAE sera dédiée à "l’implantation d’activités technologiques et industrielles innovantes répondant aux besoins de Cigéo et de ses territoires de proximité dans les domaines de la transition numérique, énergétique et environnementale." Dans ce cas précis, la Banque des Territoires accompagne l’ingénierie d’aménagement préalable au projet et prépare la première implantation industrielle sur cette zone, à travers une participation dans la future société.
Sans oublier le financement d’une vingtaine d’études régionales (890 000 euros) pour soutenir l’attractivité industrielle des territoires et ainsi "déterminer le potentiel de relocalisation d’activités en Grand Est dans différents secteurs et favoriser l’émergence de filières d’approvisionnement local entre les entreprises régionales (70 entreprises en 2020-2021)", comme l’indique le bilan annuel de la Banque. "Je n’ai jamais vu autant de projets industriels lancés en même temps, confie son directeur régional dans le Grand Est Patrick François. Il y a toutes les raisons d’espérer que nous sortirons rapidement et fortement de cette crise."
Fonds résistance
Et pour faire face aux conséquences de cette crise, notamment sur les finances des petites entreprises, la Banque des Territoires a créé aux côtés de la Région Grand Est un fonds d’urgence doté de 44 millions d’euros. Ainsi, les PME en difficulté ont pu bénéficier en 2020 d’une avance de trésorerie allant de 2 000 à 30 000 euros remboursables à taux zéro dans un délai d’un an, voire plus selon les cas. En Lorraine, 576 dossiers ont été validés essentiellement au profit de petits commerces, hôtels et restaurants, pour un total de plus de 8 millions d’euros d’avances remboursables.
"Le président de la Région Jean Rottner m’a demandé d’investir fortement dans un outil exclusivement régional permettant de combler les trous dans la raquette, raconte Patrick François. Il fallait absolument éviter que des petites entreprises passent à travers les mailles du filet. Avec la Région, les départements et les EPCI, nous avons monté ce Fonds Résistance en trois jours. Un projet que toutes les autres régions françaises ont imité. Aujourd’hui, nous en sommes très fiers."
