Brexit : Brittany Ferries accuse le coup malgré l'accord
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Brexit : Brittany Ferries accuse le coup malgré l'accord

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La compagnie maritime bretonne, présente dans les ports normands pour ses traversées transmanches, n‘a pas attendu le Brexit effectif pour en subir les effets. Elle s’était préparée mais l’accord ne résout pas tout, même s’il évite quelques complications supplémentaires.

— Photo : © Brittany Ferries

2020 aura été une année chahutée pour Brittany Ferries (2 400 salariés, 469 M€ de CA en 2019). La crise liée au Covid-19 est venue s’ajouter à celle du Brexit. Dans le cadre de l’aide gouvernementale obtenue (15 millions d’euros annoncés en septembre), l’entreprise a été éligible à un audit : « KPMG a estimé les pertes liées à la crise sanitaire à 220 millions d’euros et celles liées au Brexit à 115 millions d’euros », annonce Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance de Brittany Ferries. Et si la compagnie maritime de Roscoff, qui propose notamment des traversées transmanches, s’est préparée à un Brexit dur dès 2019, le choc économique n’en est pas moins grand. « Le Brexit est une déception par rapport au projet européen, estime le président. Le pire scénario, celui du No Deal, a cependant été évité et c’est une bonne chose. »

Un contrat fret avec le gouvernement anglais

Photo : © Brittany Ferries

Pour Brittany Ferries, la restauration de la frontière risque de faire encore baisser le nombre de passagers. Depuis l’annonce, la compagnie subit en plus les effets négatifs de la parité euro/livre sterling, la monnaie britannique ayant fortement chuté. Une grande partie de ses recettes sont en livres quand ses coûts sont en euros. Seule consolation : l’absence de droits de douane prévue dans l’accord. Cela devrait permettre aux échanges de marchandises de se poursuivre et donc à l’activité fret de Brittany Ferries de continuer à se développer. « Nous sommes un opérateur qui ne transporte que des gens qui veulent ou ont besoin de traverser ! De même pour les marchandises. Nous dépendons des volumes d’échanges entre les deux territoires », souligne Jean-Marc Roué.

Depuis 2019, l’entreprise a noué trois contrats de fret avec le ministère des Transports britannique qui souhaitait garantir de la place dans les bateaux pour éviter toute pénurie. Le 3e contrat de trois mois a permis à la compagnie, qui avait dû réduire sa flotte avec la crise sanitaire, d’armer à nouveau un navire. Depuis le 1er janvier, le navire Le Cotentin a donc fait son retour dans la flotte pour opérer une rotation entre Cherbourg et Poole, un autre navire assurant la liaison Le Havre – Portsmouth. « La pénurie n’est pas arrivée, donc les volumes que nous transportons restent faibles pour le moment », indique le dirigeant.

Retour du « duty free »

Pour minimiser les effets, Brittany Ferries tente de fluidifier au maximum les passages à la frontière. Dès fin 2019, la compagnie a ainsi organisé une série de « marches à blanc » visant à tester en situation réelle, avec ses partenaires, l’adaptation de ses outils et de ses procédures dans les ports français et anglais. « Et il n’y a pour l’instant pas de problème, puisque, de toute façon, nous sommes en mode dégradés à cause du covid-19 », soupire le dirigeant. « Pour l’instant, c’est de la paperasse en plus, ajoute-t-il. Même s’il y a eu un premier refus de marchandises non conforme dans la nuit du 2 au 3 janvier 2021 ! »

Pour les passagers du navire, le changement le plus visible sera sans doute le retour du « duty free » sur les lignes entre le Royaume-Uni et la France, mais seulement quand le navire se trouve dans les eaux internationales.

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