Son projet de reprise d’une entreprise, Benjamin Givelet l’a longuement mûri. Que ce soit tout au long de sa carrière d’ingénieur spécialisé en maintenance - qui l’a conduit à travailler en France, mais aussi, en Espagne et aux Pays-Bas -, mais aussi une fois son projet engagé, puisque ses recherches de la perle rare l’ont amené à évaluer "3 500 entreprises, et à rencontrer 200 chefs d’entreprise cédants en deux ans. J’ai rédigé une note d’intention à six reprises, et c’est avec DSD System que l’opération a finalement abouti", résume le dirigeant, qui a officiellement pris la tête de l’entreprise en novembre 2022. La PME lilloise, créée en 2003, développe une gamme de logiciels pour la maintenance industrielle. Au moment de la reprise, elle employait 9 personnes, pour un chiffre d’affaires d’1,9 million d’euros.
Financer sa recherche
Pour pouvoir prendre ainsi le temps de la réflexion, "sans toucher un centime de Pôle Emploi", Benjamin Givelet s’est appuyé sur un search fund, littéralement, "fonds de recherche ou reprise". Ce dispositif, méconnu en France, a fait ses preuves aux États-Unis, et rencontre un joli succès en Espagne. Il permet au candidat à la reprise de se constituer un pool d’investisseurs, qui vont le salarier tout au long de sa recherche. Ces partenaires entrent ensuite au capital de l’entreprise retenue.
"Ce système, extrêmement efficace, repose sur une philosophie, qui peut rebuter un peu en France, selon laquelle on peut miser sur un entrepreneur, plus que sur une entreprise. C’est l’idée que si une personne a la motivation, la vision et l’accompagnement, elle peut développer n’importe quelle boîte, dès lors qu’elle est saine bien entendu", décrit Benjamin Givelet, qui tente désormais de faire mieux connaître le dispositif dans l’Hexagone. "J’étais le cinquième entrepreneur en France à reprendre grâce à un search fund, on doit être une vingtaine actuellement à y avoir eu recours."
Le candidat à la reprise s’est entouré d’une quinzaine d’investisseurs, tous étrangers, associés au sein d’une holding, baptisée Stella Maris Equity. C’est cette holding qui l’a salarié tout au long de ses recherches, puis qui l’a accompagné dans la reprise, une fois son choix arrêté. L’opération, dont le montant total n’est pas dévoilé, a été financée pour moitié en dette. L’autre moitié de la somme a été levée auprès de Finorpa, au travers du fonds Pleiade Venture, et de la holding.
Une PME avec board
"Je ne suis pas majoritaire, mais j’ai une part du capital plus importante que les autres", précise Benjamin Givelet. "C’est un système qui implique d’accepter de partager le capital et la gouvernance de son entreprise. À titre personnel, cela me va parfaitement de pouvoir m’appuyer sur un "board" de personnes expérimentées dans la gouvernance de PME. Au long de mes recherches, j’ai rencontré beaucoup de dirigeants. Ce qui m’a frappé, c’est leur isolement, qui trop souvent, amène à réduire son champ de vision, et à ne plus prendre les meilleures décisions pour l’entreprise. Le search fund, c’est vraiment du win-win-win : une aide pour le repreneur, des intérêts pour l’investisseur, et de la création de valeur pour l’entreprise, qui est pérennisée et développée. C’est vraiment trop peu connu, alors que ça sécurise grandement la reprise des entreprises. Et il va y en avoir des milliers sur le marché, avec le départ en retraite des dirigeants," avertit Benjamin Givelet. Un annuaire répertorie les investisseurs et les repreneurs intéressés : searchfunder.com.