Ils sont moches, déformés, à la coloration étrange, trop gros ou trop petits : les produits agroalimentaires dits "hors norme" sont encore très souvent jetés. Pour Fabien Gastou et Faustine Calvarin, c’est une hérésie. De ce constat et de leurs expériences passées en industrie agroalimentaire (respectivement au process industriel et à la réglementation et la qualité), ils ont créé Beesk, en 2018 à Betton, près de Rennes. "Nous sommes un distributeur alimentaire qui lutte contre le gaspillage pour les professionnels de la restauration", définit Fabien Gastou. L’entreprise, qui emploie 14 collaborateurs (+8 en un an), noue des contacts avec des producteurs et transformateurs français, afin de racheter les produits qui constituent pour eux une perte de valeur parce qu’ils ne rentrent pas dans les normes. "Nous composons ensuite une offre de produits frais, surgelés et ambiants", explique Fabien Gastou. Cela va des fruits et légumes aux fromages en passant par la viande, les produits élaborés ou encore les viennoiseries.
Une gestion logistique
Les 150 références de produits sont proposées aux acteurs de la restauration collective (90 % de l’activité de Beesk) mais aussi de plus en plus à ceux de la restauration commerciale et depuis peu l’hôtellerie de plein air. "Nous mettons en musique l’organisation, avec nos solutions logistiques, et agissons comme un pont entre les producteurs ou transformateurs et les restaurateurs", souligne Fabien Gastou. Pour cela, l’équipe s’est d’abord installée à Paris, pour profiter plus rapidement du potentiel logistique de la région, où Beesk a trouvé des partenaires. Après avoir signé de nombreux marchés en Île-de-France et en Rhône-Alpes, Beesk démarre un déploiement national, visant notamment la Bretagne, sa terre d’origine. "Nous avons déjà signé avec la cuisine centrale de Saint-Jacques-de-la-Lande, et avec Ansamble, qui gère notamment le restaurant d’entreprise d’Orange", précise le dirigeant rennais. Dans son viseur, il a également le nord de la France, le Sud-Est et le Sud-Ouest, où il veut trouver de nouveaux prestataires logistiques. "Nous souhaitons disposer de 5 plateformes supplémentaires en 2024, et installer des pôles régionaux de proximité, pour couvrir tout le territoire national".
1 million d’euros levés
Pour accélérer et toucher un maximum de cuisiniers, Beesk a levé 1 million d’euros fin 2022. "Nous devons faire beaucoup de pédagogie, informer, sensibiliser les restaurants mais aussi les convives et soutenir les filières de production", poursuit Fabien Gastou. Pour apporter la preuve de l’intérêt de Beesk, l’entreprise envoie des rapports d’impact trimestriels, indiquant le volume de produits sauvé, son équivalent en CO2… Une plateforme internet est d’ailleurs en cours de déploiement pour septembre. En 2022, 500 tonnes de produits n’ont ainsi pas été jetées, et Beesk en comptabilise déjà 300 tonnes au premier semestre 2023. Un volume qui représente 1 million d’euros de chiffre d’affaires pour 2022. "Nous espérons doubler cette année et atteindre la rentabilité", confie Fabien Gastou. Beesk s’attaque notamment aux marchés publics. Son ambition ? "Nous voulons devenir le premier distributeur dédié à la lutte contre le gaspillage pour les professionnels".
