Quelques jours avant la fin de l’année 2021, les 22 salariés de l’entreprise Baumier ont livré la plus grosse pièce de l’histoire de l’entreprise, commencée en 1898 : un "ring massif" de 17 mètres de long, 7 mètres de haut et 6 mètres de large. "Cette pièce de 18 tonnes, qui ressemble à un gros échafaudage de trois étages, a été réalisée en plusieurs sous-ensembles au sein de nos ateliers, avant de rejoindre une nef de Transmetal Industrie pour leur assemblage. Chargée avec l’aide d’un portique du chantier naval IMS, la structure géante a traversé la rade toulonnaise pour venir se poser sur l’un des futurs sous-marins Barracuda, réalisés par Naval Group", détaille Xavier Cantillon, le directeur général de l’entreprise. Une fierté pour l’entrepreneur, d’autant que cette commande est la parfaite illustration de sa politique de diversification entamée en 2017.
Une percée dans la défense navale
"Spécialistes des pièces mécano soudées, détenteurs d’un savoir-faire en soudure de fine épaisseur, nous étions concentrés sur la défense terrestre. En prenant la suite de Gérard Petretto à la direction de l’entreprise, j’ai recruté un chargé d’affaires dans le but de décrocher des marchés avec Naval Group, ou la base navale de Toulon", explique Xavier Cantillon. En quelques mois, l’industriel, qui travaille déjà avec de grands donneurs d’ordre, comme Nexter ou Arqus, Cnim, ou Eca group, décroche la confiance de Naval Group, qui représente désormais 18 à 20 % de son activité, puis celle de Foselev Marine ou Cegelec Défense. L’entreprise intervient aussi dans le nucléaire, l’aéronautique et la robotique sous-marine et est prête à explorer de nouveaux secteurs, comme l’agroalimentaire ou la parfumerie.
La croissance est au rendez-vous et flirte même avec les 60 % l’année précédente. "En 2017, nous réalisions 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires avec 13 à 14 personnes. En 2020, nous avons atteint les 2,8 millions d’euros et l’année dernière les 4,3 millions d’euros", se félicite le dirigeant. Le secteur de la Défense, qui représente 80 % de l’activité, a indéniablement permis à la PME de résister pendant la crise et lui permet aussi de commencer l’année 2022 avec un carnet de commandes identique à celui de l’année précédente, soit 1,8 million d’euros, "malgré un début d’année difficile, marqué par des problèmes d’approvisionnement et un absentéisme important, lié au covid-19."
Plus d’un million d’euros investis
Cette croissance s’est accompagnée d’un certain nombre d’investissements pour moderniser l’outil industriel, dont les derniers en date, ont obtenu le soutien du plan de relance. "Au total, plus d’1,2 million d’euros ont été investis dans l’acquisition de machines : des postes à souder, une découpe jet d’eau… Des investissements positionnés avant le déclenchement de la crise sanitaire", souligne Xavier Cantillon. Pas une seconde, il n’a pensé les remettre à plus tard et la crise a même renforcé sa volonté d’internaliser un maximum d’étapes du process de fabrication. "Nous sous-traitions de nombreuses opérations en amont de la soudure. Aujourd’hui, nous réalisons la découpe laser ou l’usinage des pièces, nous avons changé l’ensemble des postes à souder et accueillerons très prochainement une grande cabine de sablage. Grâce au plan de relance, nous allons poursuivre les embauches et investir en soudure robotisée pour nous positionner sur des séries plus importantes", complète celui qui a commencé sa carrière chez Baumier, en 1995, en tant que technicien méthode, avant d’en gravir les échelons.
