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Avec Solutions 2030, la Cooperl consolide sa RSE
Côtes-d'Armor # Agriculture # Investissement

Avec Solutions 2030, la Cooperl consolide sa RSE

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Solutions 2030 est le nom du "méta-programme" de la Cooperl en matière de RSE. D’un intérêt déterminant pour l’avenir de la coopérative, il se compose d’investissements sans rentabilité à court terme, mais indispensables. Parmi les plus emblématiques, le développement d’un biogaz, dont la production à l’échelle industrielle commencera en 2024, et la réutilisation de l’eau.

Emmanuel Commault a présenté le plan Solutions 2030 de la Cooperl, dont il est le dirigeant — Photo : Matthieu Leman

Solutions 2030 est le nom du "méta-programme" de la Cooperl (2,45 Md€ de CA en 2021, 7 700 salariés, près de 3 000 éleveurs adhérents, principalement de porcs, 31 sites industriels) en matière de RSE. Le président de la coopérative, Patrice Drillet, et son DG, Emmanuel Commault, l’ont présenté le 8 juin dans la ferme d’expérimentation de l’entreprise, la Ville Poissin, située à Hénanbihen (Côtes-d'Armor).

"Solutions 2030 est un programme stratégique majeur", ont expliqué les deux hommes. "Nous devons atteindre la décarbonation pour que notre modèle reste durable . Pour nous, c’est un droit à exister." Le caractère impérieux de cette évolution vers le zéro impact carbone mais aussi le bien-être animal est symbolisé par deux groupes. Les investisseurs, d’abord. "Dans les trois ans, les banques ne financeront plus de projets n’incluant pas une stratégie bas carbone", notent les dirigeants. Quant aux consommateurs, "ils expriment leurs besoins de RSE. Mais pour eux, proposer un produit répondant à ces critères est normal et ça devrait être gratuit." C’est pour tenter de résoudre cette équation que la Cooperl a notamment développé des magasins, via sa filiale Cooperl Distribution. Une quinzaine de magasins à la ferme ont ainsi vu le jour, au côté de deux autres sous l’enseigne Qualidel, à Lamballe et Trégueux, tandis que les boucheries appartenant à l’entreprise réduisaient la voilure, passant de 80 à une cinquantaine aujourd’hui.

Rien de rentable à court terme

"Les magasins à la ferme sont là pour développer le circuit court, valoriser le travail et le savoir-faire des agriculteurs auprès de leur voisinage et incarner l’agriculture", soulignaient les deux hommes. "Nous y allons doucement, nous n’avons pas d’ambition dans le domaine de la distribution si ce n’est de comprendre le consommateur." Et notamment son degré d’acceptation en matière de prix.

Car pour l’instant, pour la Cooperl, "le compte n’y est pas. "Il n’y a rien de rentable dans tous les investissements en matière de RSE à court terme", relevait Emmanuel Commault. Exemple avec le carbone, dont le marché est "embryonnaire" selon Patrice Drillet. "Aujourd’hui, diminuer le bilan carbone, c’est un coût supplémentaire. Mais demain, nous serons rétribué grâce aux crédits carbone."

L’intérêt des actions lancées sous l'égide du programme Solutions 2030 se situe également dans l’anticipation des futures normes, "toujours plus exigeantes". "Nous prenons de l’avance avec un objectif de décarbonation de 100 % en matière de transport et d’énergies utilisées, de 81 % dans l’industrie (activité de transformation agroalimentaire de la coopérative, NDLR) et de 46 % dans l’agriculture dès 2040, soit dix ans avant l’échéance de la stratégie nationale bas carbone, fixée à 2050." Ces efforts devraient permettre de prendre également un temps d’avance sur des concurrents étrangers qui sont soumis à des réglementations moins contraignantes pour l’instant, ce que regrette la Cooperl. "Les réglementations ne se mettent pas en place à la même vitesse dans toute l’Europe, par exemple dans les Pays Bas et l’Espagne en matière de nitrate", pointe encore Emmanuel Commault.

Usine de biocarburant en 2024

Solutions 2030 comprend quatre programmes, qui visent les exploitations agricoles, la responsabilité environnementale, les ressources humaines et la coopérative. Parmi les actions les plus emblématiques figure notamment le développement d’un biocarburant, substitut du gazole, à base de déchets graisseux des animaux. Il devrait équiper les véhicules de la coopérative et d’adhérents dès 2026, avec 20 millions de litres produits par an. Une usine de production sera construite à Lamballe en 2024.

La réutilisation de l’eau consommée par la coopérative (1 million de m3 par an) devrait augmenter avec la réglementation permettant une plus grande réutilisation, notamment de celle du nettoyage des boyaux. Aujourd’hui, 350 000 m3 sont réutilisées en interne chaque année. Enfin, le Centre de Formation aux Métiers de l’Agriculture que la Cooperl a ouvert en 2020 va bénéficier de nouveaux locaux de 2 300 m² en septembre 2023. Le centre a formé 4 500 personnes en 2022, salariés, adhérents, demandeurs d’emploi et intérimaires.

Côté état des lieux, en 2022, 85 % des adhérents sont engagés dans la démarche Porc Bien Être, visant à améliorer le bien-être animal, et 45 % dans celle "sans antibiotique". 78 % de la nutrition animale utilisée vient de France, 89 % d’Europe et 31 % est acheminée par fret. 140 exploitations sont converties au programme Envi, de réduction des herbicides, fongicides et insecticides pour la partie culture des élevages. 30 sont certifiées Haute Valeur Environnementale. La coopérative compte 150 programmes de R & D.

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