C’est un géant de la santé, dont les collaborateurs bouillonnent d’idées pour améliorer l’efficience du système de santé, mais qui est resté trop discret. "Avec mon collègue Jean-Pierre Dosdat, président du conseil de surveillance, nous avons été nommés il y a un an pour cela : la Coopérative doit contribuer à l’amélioration du système de santé et donner de la visibilité aux solutions que nous développons", résume Dominique Pautrat, le président du directoire de la Coopérative Welcoop.
Employant 1 800 salariés, dont 350 basés au siège à Villers-lès-Nancy, pour un chiffre d’affaires supérieur à 380 millions d’euros, la coopérative appartient à 4 000 pharmaciens coopérateurs et revendique 17 000 clients pharmaciens. Très diversifiée, l’activité du groupe est scindée en deux branches : les produits, avec des marques comme Cristers et Marque Verte, pour plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, et les services, avec la pépite de la coopérative, Equasens (éditeur de logiciel de santé), soit 240 millions d’euros d’activité, mais aussi D-Médica (fournisseur de matériel médical pour le maintien à domicile), qui pèse 40 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Toutes nos pépites dans le groupe ont vocation à grossir par elles-mêmes. Mais notre nouvelle stratégie chapeau va ruisseler sur la capacité de croissance organique de nos filiales", assure Dominique Pautrat.
Une approche centrée sur le patient
Un an après sa prise de poste, le président du directoire va désormais décliner sa feuille de route, écrite autour de six enjeux de santé publique, qui apparaissent comme autant de sujets de développement pour la coopérative et ses filiales : le vieillissement de la population, la coordination du parcours patient, l’accès aux soins pour tous, la souveraineté sanitaire et industrielle, la digitalisation des systèmes de santé et l’intelligence artificielle en santé. Quand la coopérative et ses filiales étaient hier concentrées sur une approche "produit" ou "service" d’un sujet, Dominique Pautrat veut désormais adresser les problématiques "avec une approche centrée sur le patient, dans laquelle l’ensemble des filiales peuvent étudier les différentes composantes de la problématique".
Dans les faits, le nouveau président du directoire a décidé de rassembler les représentants du directoire, les dirigeants des métiers du groupe et les pharmaciens coopérateurs tous les six mois, pour des séminaires de réflexion. "Dans le séminaire organisé en octobre l’année dernière, tout le monde évoquait le problème de la formation. Six mois après, nous avons acheté Atoopharm", relate Dominique Pautrat. Opérant dans la formation à distance pour les pharmaciens, la société basée à Saint-Etienne-du-Rouvray emploie une vingtaine de salariés. "Avec cette opération, nous avons colmaté un manque dans les compétences du groupe", se félicite le président du directoire, qui compte poursuivre cette stratégie de croissance externe ciblée sur les compétences.
Un test financé par la coopérative
Lancée en 1935 pour faire de la répartition pour les pharmaciens, la Coopérative Welcoop s’adresse aujourd’hui à tous les professionnels de santé et voit son positionnement stratégique validé par les orientations du gouvernement. "Le Covid a accéléré la métamorphose du système de santé", constate Dominique Pautrat. "Aujourd’hui, le pharmacien est le premier recours et les pouvoirs publics ne s’y sont pas trompés." Un alignement des intérêts que le président du directoire de la Coopérative Welcoop compte mettre à profit pour convaincre du bien-fondé de solutions de prise en charge des patients développées au sein du groupe, comme le plan antichute.
En France, deux millions de chutes causent 130 000 hospitalisations et 10 000 décès chaque année chez les plus de 65 ans. "Je souhaite que le plan anti chute soit pris en charge dès l’année prochaine", fixe Dominique Pautrat. Sans avoir recours à de l’argent public, la coopérative a décidé de financer un vaste test, mené dans plus de 50 pharmacies, en prenant à sa charge les frais liés au rendez-vous et aux entretiens menés avec le pharmacien dans le cadre de la surveillance des patients. Les données rassemblées montrent qu’une chute coûte environ 14 000 € au système de santé : une baisse de 20 % du nombre de chutes représenterait 400 millions d’euros d’économies. "C’est tout à fait représentatif de notre nouvelle stratégie", affirme Dominique Pautrat. "Grâce à ses compétences, la coopérative et ses filiales répondent à une problématique, proposent des solutions aux pouvoirs publics, pour qu’elles soient ensuite inscrites dans la loi".
