"Dès lors que le chef d’entreprise veut agir, il doit se prendre cette claque et se rendre compte de l’ampleur du précipice et de l’urgence à agir. Auquel cas il ne pourra prendre que des mesurettes. Il faut aller plus loin", explique Marie Bozzoni, directrice générale de Vedettes de Paris. La compagnie de croisière touristique et fluviale de Paris, qui emploie 90 personnes en haute saison, a une activité de tourisme de masse "non vertueuse et très loin des considérations écologiques" avec une mauvaise empreinte carbone, reconnaît sa directrice générale. "La moitié de nos passagers sont des touristes venus de l’étranger, souvent en avion pour seulement quelques jours de visite pour se promener sur des bateaux qui polluent… Déjà, à l’issue de la première session de travail, je me suis interrogée sur le fait de savoir si nous avions encore le droit d’exister ou pas. Au vu de ma responsabilité en tant qu’employeur, sans remettre en cause toute notre activité, nous avons pris la décision, sans toutefois nous poser de questions sur les moyens, de lancer de manière effective la décarbonation de notre flotte". Ainsi, à l’horizon 2024, Vedettes de Paris aura 80 % de ses cinq bateaux à propulsion 100 % électrique, avec un premier bateau qui devrait arriver l’hiver prochain. "Technologiquement, ce n’est pas simple à mettre en place car il faut une grande quantité de batteries sur ces bateaux de grande taille pour leur permettre de faire dix rotations par jour, soit dix heures de navigation, dont la moitié à contre-courant et parfois en période de crue".
Nouvelles activités bénéfiques pour l’environnement
Déjà en janvier dernier, la directrice générale avait fait participer l’ensemble de ses collaborateurs à la fresque du climat afin de les sensibiliser. L’objectif de cet atelier participatif ? Faire comprendre l’impact des activités d’une entreprise sur l’environnement et le changement climatique. À l’issue, la dirigeante et ses équipes ont travaillé sur les atouts de Vedettes de Paris. "Le champ des possibles est immense même si ce ne sera pas avec la même rentabilité". Néanmoins, pas question pour l’entreprise de changer totalement son business model basé sur du volume avec près de 900 000 passagers enregistrés en 2019 : elle doit pouvoir réussir à financer l’investissement nécessaire pour transformer ses bateaux et utiliser sa rentabilité pour de nouvelles initiatives. La dirigeante se dit ainsi prête à mener des activités "qui ne seront pas profitables financièrement mais bénéfiques environnementalement parlant". Pêle-mêle, la compagnie envisage ainsi de devenir un maillon de la chaîne logistique de la ville, de participer au repeuplement des brochets dans la Seine, – ces derniers permettant aux autres espèces de prospérer –, de créer des festivals sur les quais ou encore une école de cyclisme pour les jeunes "afin de devenir utiles. Même si nous ne sommes pas inutiles aujourd’hui puisque nous ouvrons les touristes à la culture et participons aux activités de loisirs", souligne-t-elle.
