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Après le départ du groupe Lenze, Mov’ntec mise sur l’électromobilité
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Après le départ du groupe Lenze, Mov’ntec mise sur l’électromobilité

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Presque un an après le départ du groupe allemand Lenze et sa reprise par deux anciens salariés, l’usine Mov’ntec de Ruitz, dans le Pas-de-Calais, a peaufiné sa nouvelle stratégie de développement et commence à la déployer. Au programme : le lancement de nouvelles activités dans le domaine de l’électromobilité, sous la forme de partenariats industriels.

Une vue de l’usine Mov’ntec, située à Ruitz, dans le Pas-de-Calais, qui s’étend sur 15 000 m² et emploie 130 salariés — Photo : Mov'NTEC

Malgré le départ du groupe allemand Lenze, qui a pris la décision de se séparer de son unique usine française durant l’été 2022, celle-ci tourne toujours à plein régime. Située à Ruitz, dans le Pas-de-Calais, cette unité de production aurait pourtant pu fermer ses portes il y a un an. Au lieu de cela, elle a démarré une nouvelle vie sous le nom de Mov’ntec, après avoir été reprise par deux anciens dirigeants salariés de Lenze. Si le site travaille toujours à 100 % pour son ancienne maison mère, il doit faire face au désengagement progressif de celle-ci, à l’horizon 2025.

C’est dans ce contexte que les nouveaux dirigeants associés, Francis Kopp et Antoine Cumin, dévoilent leur stratégie de développement. En s’appuyant sur les compétences et l’outil de production en place, ils comptent lancer de nouvelles activités industrielles dans le domaine de l’électromobilité. Celles-ci doivent venir compenser la baisse d’activité liée au désengagement de Lenze, l’objectif premier étant de pérenniser ce site qui emploie quelque 130 salariés, pour un chiffre d’affaires de près de 60 millions d’euros en 2022.

Un désengagement progressif dès 2025

Depuis le 1er août 2022, Francis Kopp et Antoine Cumin ont l’avenir de ce site industriel de 15 000 m² entre les mains. Et presque un an après ce changement de pavillon, Mov’ntec travaille toujours à 100 % pour le groupe Lenze, avec trois métiers : la fabrication de produits électroniques (environ 200 000 par an) et de produits électromécaniques (environ 100 000 par an), entrant dans la composition de machines industrielles : robots, convoyeurs, machines d’impression, etc. Le troisième métier de ce site est la logistique, avec le stockage et l’expédition de produits en Europe et aux États-Unis : ceux fabriqués dans l’usine, mais aussi des produits qui transitent dans le cadre d’une activité d’achat/revente de pièces, menée par le groupe allemand. "Lors de la reprise, nous avons signé un contrat avec Lenze, qui s’engage à maintenir ses commandes à 100 % durant trois ans, avant de les diminuer d’un tiers la quatrième année, puis d’un nouveau tiers la cinquième année", détaille Antoine Cumin, directeur général de Mov’ntec.

Ainsi, en août 2025, les commandes du groupe allemand ne représenteront plus que 66 % de l’activité de Mov’ntec, puis 33 % en août 2026. Dès la reprise, les deux nouveaux dirigeants se sont donc mis en quête d’autres débouchés. Près d’un an plus tard, la nouvelle feuille de route de l’usine est écrite et commence à être déployée. "Nous avons redéfini notre domaine d’activité : ce sera l’électromobilité, annonce le dirigeant. Nous produirons donc le même type de pièces qu’actuellement, à savoir des moteurs électriques, des réducteurs ou variateurs de vitesse, de l’électronique de puissance, des chaînes de traction, etc." Mais les pièces produites seront cette fois destinées à la mobilité légère (vélos, trottinettes ou mobylettes) ou aux véhicules de taille intermédiaire, à l’image des golfettes.

"Nous voulons concevoir, fabriquer et vendre notre propre moteur, avec une contrainte : celle de la durabilité"

Par ailleurs, Mov’ntec a également lancé une phase d’études concernant la production d’un moteur en propre : "Nous voulons concevoir, fabriquer et vendre notre propre moteur, avec une contrainte : celle de la durabilité, annonce Antoine Cumin. Il s’agira de limiter au maximum le recours à des ressources qui viennent de loin". D’une puissance située aux alentours de 5 kWh, ce moteur est destiné à la mobilité légère et à la robotique mobile. "Dans un second temps, si cela se justifie, nous pourrions étendre son application aux petits véhicules électriques". La production de ce moteur en propre devrait démarrer fin 2024.

Un partenaire industriel plutôt qu’un sous-traitant

Sur ces nouvelles activités, Mov’ntec réalisera de la petite et moyenne série, tout en revendiquant "un positionnement premium. Nous ne voulons pas être un simple sous-traitant, mais un véritable partenaire industriel, affirme Antoine Cumin. L’idée n’est pas seulement de produire, mais de fournir du conseil et un accompagnement à nos clients, sur leurs projets de production non finalisés." Parmi ces nouveaux clients, figureront notamment les start-up qui disposent d’un prototype et s’apprêtent à passer à une phase industrielle. "Nous sommes en mesure de gérer pour leur compte cette industrialisation et toute la chaîne qui l’accompagne : approvisionnements, achats, tests, assemblage, expéditions, SAV et gestion des pièces détachées, etc." Mov’ntec vise également les grands groupes "qui ne savent pas forcément gérer de petits projets", ainsi que les PME ou les ETI à un moment donné de leurs projets industriels, comme la relocalisation d’une partie de la production.

Antoine Cumin évoque des discussions en cours avec de potentiels clients en France, en Belgique et en Allemagne. Un tout premier partenariat industriel a déjà vu le jour avec la start-up lilloise Swoop Energy, qui recycle des batteries électriques usagées en les transformant en groupe électrogène propre. Les discussions avancent sur d’autres partenariats potentiels, concernant par exemple du rétrofit de véhicules utilitaires, autrement dit le remplacement de la motorisation thermique par une motorisation électrique. "Là encore, nous pourrions intervenir sur toute la chaîne, depuis l’assemblage de pack de batteries jusqu’à la production en sous-traitance de bornes de recharge", détaille le dirigeant.

2 000 m² dédiés aux nouvelles activités

Depuis la reprise, Mov’ntec s’est structuré pour lancer ces nouvelles activités. L’entreprise a recruté au niveau des fonctions support et du bureau d’études. Elle a aussi libéré 2 000 m² entre ses murs, pour pouvoir les dédier à ces nouvelles activités. En fonction des contrats décrochés, tout ou partie de l’outil de production repris à Lenze pourra être réutilisé. D’autant que celui-ci a fait l’objet d’investissements de la part du groupe allemand ces dernières années, pour des montants non communiqués. "Il est encore trop tôt pour chiffrer les investissements machines que nous aurons à réaliser. Cela dépendra des contrats signés", commente Antoine Cumin.

La montée en puissance de ces nouvelles activités se fera progressivement. "En 2024, notre objectif est de réaliser 5 à 10 % de l’activité en dehors de Lenze et d’être en mesure de remplacer dès août 2025 les 30 % de commandes qui vont être perdus, indique le dirigeant, confiant. La taille de notre site est intéressante pour déployer cette stratégie de développement : nous sommes suffisamment grands pour avoir pas mal de procédures en place, comme une démarche RSE ou un contrôle qualité, et suffisamment petits pour être agiles".

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