Anne-Sophie Van Hoove (CIC Nord Ouest) : "L'année 2021 sera plus difficile que 2020"
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Anne-Sophie Van Hoove (CIC Nord Ouest) : "L'année 2021 sera plus difficile que 2020"

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Anne-Sophie Van Hoove a pris la direction générale du CIC Nord Ouest fin 2019. Basé à Lille, filiale du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale, cet établissement rayonne dans les Hauts-de-France et en Normandie. La dirigeante revient sur les conséquences de la crise sanitaire.

Anne-Sophie Van Hoove, directrice générale du CIC Nord Ouest — Photo : CIC Nord Ouest

Vous avez pris les rênes du CIC Nord Ouest juste avant la crise sanitaire. A-t-elle modifié votre feuille de route ?

2020 a été une année inédite et atypique. Nous avions établi un plan stratégique 2019-2023 et sans modifier ce cap, il a fallu naviguer dans un environnement incertain. Les crises sont des accélérateurs de tendance : nous avons dû faire plus vite ce que nous avions déjà prévu de faire, sauf en termes de résultats. L’année 2019 a été une année particulièrement bonne pour le groupe (PNB 2020 : 14,2 Md€, soit -2,3 % par rapport à 2019 et RN : 2,6 M€, soit -17,5 %, NDLR), comme pour le CIC Nord Ouest (2 400 collaborateurs), avec des résultats historiques. Nous nous laissons jusqu’en 2023 pour revenir à ce niveau de résultats. En attendant, nous accélérons sur les sujets au cœur du plan stratégique : la place du conseiller dans la relation, le déploiement d’outils innovants, notre engagement sociétal et environnemental et, enfin, le développement de l’activité sous un angle multiservice. Ce dernier axe est apparu comme une évidence durant la crise pour garantir, sur le long terme, la solidité du groupe. Outre la banque et l’assurance, nous sommes aussi présents dans l’immobilier, la téléphonie, la protection de la maison… Le multiservice est vecteur de commissions.

Quelles ont été les répercussions de la crise en 2020 ?

Le CIC Nord Ouest a enregistré en 2020 une croissance des encours crédits de l’ordre de 9,9 % et des ressources de 22,3 %. Ce dynamisme est lié à la hausse des crédits à l’habitat, car l’immobilier reste une valeur refuge, et aux prêts garantis par l’État (PGE). Nous avons distribué plus de 2 milliards d’euros de PGE, à travers 11 630 dossiers. Si les crédits et ressources sont en hausse, le résultat subit quant à lui l’impact des provisions pour le coût du risque. Nous avons aussi réalisé des gains de productivité, grâce notamment à la rénovation complète de notre siège lillois, il y a deux ans. Nous sommes aussi attentifs aux frais généraux, qui sont en baisse. La crise sanitaire y a d’ailleurs contribué puisqu’il y a eu moins de déplacements, de frais de réception… Nous n’envisageons pas en revanche d’optimiser notre réseau de 300 agences : ce sont des actions que nous avons déjà menées ces dix dernières années.

Comment envisagez-vous la suite, en particulier 2021 ?

On anticipe une année plus difficile en 2021 qu’en 2020, qui était une année en trompe-l’œil du fait des aides financières accordées aux entreprises. Quand il va s’agir de rembourser les PGE, certains de nos clients auront des difficultés. Et, face au possible différé de remboursement, nous allons étudier les dossiers au cas par cas. Le coût du risque avéré n’a pas augmenté, à ce stade, pour le CIC Nord Ouest, mais nous l’anticipons d’ici 2023. Le groupe a opté pour une approche prudente, nous avons donc provisionné sur du risque non avéré (multiplié par 11,7 par rapport à 2019 NDLR), pour des secteurs en tension comme l’événementiel, les cafés hôtels-restaurants, l’aéronautique, etc. Les deux prochaines années vont être compliquées. Mais tant que la crise sanitaire n’est pas derrière nous, nous ne pouvons qu’anticiper le coût du risque. Nous le subirons quand les aides financières aux entreprises cesseront. C’est là que les difficultés vont apparaître.

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