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Angelor : "Nous travaillons sur un fonds doté de 50 millions d’euros"
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Sébastien Bonte fondateur et président d’Angelor "Nous travaillons sur un fonds doté de 50 millions d’euros"

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Fondée en 2008 par Sébastien Bonte, la société de capital-risque lyonnaise Angelor, qui rassemble 265 investisseurs chefs d’entreprise et 65 participations, veut changer d’échelle en devenant société de gestion. Elle a pour ambition de lancer dès septembre un fonds doté de 50 millions d’euros.

Sébastien Bonte, président-fondateur d’Angelor, veut lancer un fonds de 50 millions d'euros pour financer des projets dans la santé, l’agroalimentaire et l’environnement — Photo : DR

Angelor (6 salariés, chiffre d'affaires non communiqué) a déposé une demande d’agrément auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour devenir société de gestion. Pourquoi un tel projet ?

Jusqu’à aujourd’hui, nos actionnaires n’étaient que des dirigeants d’entreprises qui investissaient leurs propres moyens. Cela a été notre force mais nous restions sur des moyens limités. Dans un certain nombre d’opérations de financement, nous nous retrouvions dilués sans moyen de refinancer et de continuer à accompagner les entrepreneurs. Le passage à société de gestion va nous permettre d’agréger des financements d’acteurs institutionnels tels que des assureurs, des banques ou des conseils régionaux disposant de moyens plus importants, tout en se reposant sur l’expertise et le savoir-faire de nos actionnaires-chefs d’entreprises.

Quelles ambitions portez-vous avec ce statut de société de gestion ?

Nous souhaitons faire évoluer nos investissements en passant de l’amorçage pur, avec des tickets de l’ordre de 500 000 euros, à des financements en deuxième tour pour atteindre 2 à 2,5 millions d’euros par participation. L’objectif est de disposer de davantage de moyens pour les entrepreneurs que l’on accompagne. L’AMF doit nous répondre d’ici la fin du premier trimestre. Ces dix dernières années, nous avons investi 20 millions d’euros. Avec le statut de société de gestion, nous travaillons à un fonds de 50 millions d’euros, opérationnel pour septembre. Notre objectif est d’investir dans une vingtaine de start-up pour des tickets moyens de l’ordre de 2 millions d’euros.

Quel type de projets visez-vous ?

Nous souhaitons adresser trois secteurs porteurs, sur lesquels nous avons déjà de belles réussites : la santé, l’agroalimentaire et l’environnement. Aujourd’hui, les trois quarts de nos participations sont situées en Auvergne-Rhône-Alpes, avec des projets aussi à Paris, Dijon et Montpellier. Il faut imaginer notre zone d’action dans un axe Paris-Montpellier avec un focus particulier sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il y a déjà de quoi faire.

Hormis la santé, l’agroalimentaire et l’environnement, avez-vous d’autres secteurs d’activité dans votre cible ?

À horizon deux à trois ans, nous aimerions monter un fonds dédié au financement de projets dans l’éducation et la formation. C’est une filière qui s’est bien structurée ces dernières années. Quelques start-up de la Edtech se développent et émergent, avec de belles histoires entrepreneuriales à l’image de Woonoz.

Plus largement, quel bilan faites-vous de l’année 2021 ?

Les situations sont assez diverses. Les start-up orientées grande consommation et présentes à l’international ont vécu une année compliquée. Elles ont dû procéder à des ajustements nombreux pour s’adapter aux différentes restrictions. Celles qui étaient assez exposées à l’international ont été contraintes par les difficultés des chaînes logistiques et par des opérations marketing plus délicates. Pour nos autres participations davantage tournées vers les services aux professionnels, leur développement a pu se poursuivre. Nous avons eu quelques belles opérations commerciales, mais également des cessions à des industriels. Je pense notamment à la plateforme de mise en relation entre producteurs Via Terroirs, qui a été rachetée par La Ruche qui dit oui, ou à l’introduction en Bourse réussie de Waga Energy.

Vos participations industrielles, qui forment près de 80 % de votre portefeuille, ont-elles également pu passer l’année sans difficulté ?

Ils n’ont pas trop souffert. Néanmoins, les tensions sur les chaînes logistiques et les approvisionnements ont apporté de nouvelles problématiques, notamment sur la gestion des stocks. Nous avons par exemple dû procéder l’an dernier à quatre refinancements pour faire face à des tensions de trésorerie, des plans de ventes à l’international plus délicats que prévu ou des besoins en fonds de roulement qui augmentaient.

D’un point de vue corporate, comment se porte Angelor ?

L’année a été riche aussi pour nous. Nous avons engagé 10 nouvelles participations (65 au total, NDLR), un chiffre en hausse de 15 à 20 % par an. Pour 2022, nous imaginons investir dans une quinzaine de nouveaux projets. Nous continuer à accueillir de nouveaux actionnaires. Ils sont désormais 265. On termine l’exercice en croissance de 15 %. Surtout, nous sommes devenus une entreprise à mission. C’est une belle étape dans notre croissance et de la vie de l’entreprise, puisque ça nous engage davantage et nous projette pour les années qui viennent dans un projet porteur de sens. Dans notre domaine, ce statut nous conforte dans notre rôle de financier au service de l’économie et des entrepreneurs.

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