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Alexandra Mathiolon (Serfim) : "J’essaie de mesurer notre impact, au-delà des critères purement financiers"
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Alexandra Mathiolon PDG de Serfim "J’essaie de mesurer notre impact, au-delà des critères purement financiers"

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À la tête de l’entreprise familiale Serfim (2 700 salariés ; 560 M€ de CA en 2022) depuis janvier 2023, après en avoir assuré la direction générale pendant trois ans, Alexandra Mathiolon porte une ambition environnementale forte pour ce groupe historiquement spécialisé dans le BTP. "Il faut trouver le juste équilibre", explique la jeune PDG qui a aussi à cœur de préserver l’indépendance capitalistique de cette ETI centenaire.

Alexandra Mathiolon est entrée dans l’entreprise familiale en 2018 — Photo : Barbara Tournaire

Vous êtes depuis le mois de janvier 2023 la PDG du groupe Serfim, qui était jusqu’à présent dirigé par votre père Guy Mathiolon. Comment cette passation s’est-elle déroulée ?

C’est un projet qui s’est construit au fil du temps. Il a été largement anticipé, communiqué, préparé. Il s’est donc globalement très bien passé. J’ai beaucoup de respect pour le groupe tel qu’il est aujourd’hui. Évidemment, j’ai la volonté de le faire évoluer, mais il faut trouver comment opérer ces changements et apporter sa vision, dans la continuité.

Justement, quelle est votre vision pour le groupe ?

Pour tout ce qui a trait à l’humain, je reste dans la continuité de ce qui a été construit, avec une volonté d’accélération. En matière d’alternance, de formation, d’insertion, notamment. Mais aussi, en matière de qualité de vie au travail, avec la mise en place d’une crèche, d’une conciergerie, la mise à disposition d’une assistante sociale, ou d’un soutien psychologique, par exemple. Là où je souhaite porter une nouvelle ambition, c’est sur la prévention et sur le sujet de l’environnement, qui est central pour moi. Enfin, et nous sommes à nouveau dans la continuité, j’ai très à cœur de préserver l’indépendance capitalistique du groupe.

Comment le groupe Serfim appréhende-t-il les problématiques environnementales et en quoi est-ce central selon vous ?

Premièrement, nous travaillons à la réduction de notre empreinte environnementale. Cela va au-delà des bilans carbones. Nous l’intégrons de mieux en mieux au sein de l’entreprise. Cela passe par des chantiers bas carbone, qui commencent à se généraliser, ou encore par des projets visant à sensibiliser nos collaborateurs, comme la fresque du climat. Mais ce qui est plus central encore pour moi, c’est la finalité de nos activités : comment aménager durablement les territoires par nos métiers. Avec les métiers de la dépollution, on va dépolluer les sols avec des solutions les plus naturelles possibles. Avec une plateforme comme Terenvie, on va pouvoir traiter les terres d’excavation des chantiers en circuit court de la région. Avec notre activité eau, on traite les eaux d’industriels, qui vont être de plus en plus challengés sur leur utilisation de cette ressource. Nous avons des solutions techniques pour cela et nous souhaitons les accélérer. Sur le volet du recyclage, je peux vous parler du plâtre (nous sommes leader en la matière) ou du recyclage des cheveux, pour en faire des boudins dépolluants d’hydrocarbures. En fait, j’essaie de mesurer où est notre impact, pour mesurer mon développement en fonction de cet impact-là et aller au-delà des critères purement financiers.

Quelle est la part de votre activité liée à l’environnement par rapport à votre activité historique dans le BTP ?

Si on prend en compte les métiers de la dépollution, du recyclage et des énergies renouvelables, nous sommes autour de 30 %. Ensuite, il y a aussi les métiers qui sont directement au service de cette transition. C’est notamment les activités qu’on va faire quand on travaille pour Enedis sur les réseaux d’électricité. Ou alors quand on travaille pour les syndicats à protéger des fuites d’eau. Nous sommes sur des métiers classiques, mais des métiers qui protègent l’environnement. Quand on répare des tunnels pour la SNCF, on permet la mobilité ferrée, donc on est aussi sur des sujets assez vertueux. Pour moi, en fait, près de 80 % de nos activités se mettent au service de la transition.

Quel budget allouez-vous annuellement à cette transition ?

Je n’ai pas encore tous les éléments concrets. Mais nous avons réévalué la façon dont nous construisons notre grille d’investissements, pour pouvoir le suivre beaucoup mieux à partir de cette année.

Vous évoquiez l’importance de demeurer un groupe indépendant. Que mettez-vous en place pour assurer de le rester ?

D’une part, cela passe par l’engagement de nos parties prenantes, que ce soit nos collaborateurs ou nos clients. Il faut les tenir informés de ce qu’on met en place, de notre modèle et qu’ils y croient. Car si personne ne croit à l’essence d’être indépendant, ça n’a que peu d’intérêt. Mais aujourd’hui, on est entouré d’un écosystème qui valorise cette indépendance. Ensuite, c’est évidemment un suivi capitalistique et financier qui permet d’être raisonnable sur notre niveau d’endettement. On constate aujourd’hui que certaines entreprises, très endettées, ont un peu dérivé, avec les taux qui augmentent fortement. Nous maîtrisons ce risque. On peut porter de très nombreux projets, mais, pour autant, on va rester raisonnables dans nos développements, pour pouvoir préserver cette indépendance.

Quelle est la place de la croissance externe dans cette stratégie ?

La croissance externe est quelque chose que nous regardons avec attention. Quand on observe le développement du groupe, c’est à peu près 50 % de croissance externe, 50 % de croissance organique. C’est très important pour nous de continuer cette solution de développement. Il faut trouver le juste équilibre.

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