Fin juin, le fabricant de pompes à chaleur finistérien Amzair Industrie (4,5 M€ de CA en 2020), qui se trouvait en redressement judiciaire, était repris par le groupe francilien Airwell (120 salariés, 56 M€ de CA). De quoi trouver un nouveau souffle pour la PME de Plabennec et ses 25 salariés, tous repris.
Entré en juin 2023 sur Euronext Growth Paris, Airwell affiche d’importantes ambitions avec, notamment, le projet d’une nouvelle usine et un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros dès 2025. Le groupe Airwell est en croissance régulière avec entre 40 % d’augmentation de son chiffre d’affaires depuis 6 ans.
Une extension ou une nouvelle usine
"Amzair s’était positionné dans le haut de gamme sans pouvoir forcément atteindre le volume nécessaire pour être rentable. Nous allons donc investir pour augmenter la capacité de l’usine et dans de nouveaux éléments comme des réfrigérants moins polluants", annonce le président d’Airwell. Une extension du site de Plabennec est prévue pour 1,5 million d’euros pour doubler la surface de production en 2024 pour atteindre 5 000 m².
"Nous travaillons aussi sur un projet d’une nouvelle usine de 12 000 ou 15 000 m² sur le territoire et cela avance plus vite que prévu avec les pouvoirs publics. Nous pourrions peut-être la construire directement sans passer par l’étape extension. Le budget n’est cependant pas encore bouclé." L’objectif est de produire 50 000 pompes à chaleur par an en 2027, contre 2 000 aujourd’hui. "La capacité de l’usine est de 7 000 à 8 000 par an maximum", précise Laurent Roegel.
Une nouvelle vie s’annonce pour l’entreprise finistérienne qui a une histoire déjà mouvementée. Amzair est en effet née de la séparation des activités d’ETT à Ploudalmézeau et VIB (Ventilations Industrielles de Bretagne). C’est cette dernière qui a commencé la commercialisation de pompes à chaleur pour les maisons individuelles avant d’être reprise en 2012 par deux cadres.
"Pour comprendre pourquoi nous avons repris Amzair, il faut remonter un peu sur l’histoire d’Arirwell", explique Laurent Roegel, le président. Créé en 1947, Airwell était à l’origine un des premiers fabricants de pompes à chaleur qui a connu des difficultés dans les années 90 et 2000, comme tout le secteur. "Pour relancer l’entreprise, il a été décidé de sortir de la fabrication pour se concentrer sur la création d’un écosystème afin de répondre aux besoins des clients avec des pompes à chaleur mais aussi du photovoltaïque et de la data pour créer des algorithmes d’efficacité énergétique", expose le dirigeant. Une stratégie payante permettant aux clients d’Airwell une efficacité énergétique.
Réintégration d’un site industriel
L’entreprise de Montigny-le-Bretonneux dans les Yvelines ne possède alors plus de site industriel. "Mais il était prévu d’en réintégrer pour mieux maîtriser la qualité des produits que nous proposons", poursuit Laurent Roegel. C’est alors que l’opportunité de reprendre Amzair s’est présentée. "Nous avions déjà travaillé avec eux, nous les connaissions", précise-t-il. Au vu des dettes de la PME finistérienne, c’est finalement à la barre du tribunal de commerce que s’est faite la reprise.
Amzair est ainsi devenu Airwell Industrie. "Ce qui nous a intéressés, c’est la technologie de leur produit. Ils font des pompes à chaleur monobloc "indoor", c’est-à-dire qu’il n’y a pas de pièce de la pompe à l’extérieur du bâtiment. Ce sont des demandes esthétiques qui sont désormais courantes. Cela répond à une évolution possible de notre marché", estime Laurent Roegel.
Se différencier de la concurrence
La fabrication en France est aussi un argument que veut mettre en avant Airwell. "Il ne sert à rien de faire la même chose qu’en Asie au niveau du prix. Pour être compétitif, il faut être différenciant et exportable. Nous allons donc investir dans la R & D." Une voie qu’avait déjà prise Amzair avec une proposition de géothermie, une source d’énergie qui revient petit à petit sur le devant de la scène. Le groupe souhaite aussi travailler davantage sur les données et les objets connectés. "Là aussi c’est un savoir-faire qu’Amzair possède", indique le dirigeant.
Celui-ci souhaite rapidement faire monter en puissance la production afin de passer le cap d’années qui s’annoncent peut-être un peu difficiles. "D’ici 2030, le marché risque d’être un peu erratique et nous anticipons une guerre des prix avant que les objectifs d’énergies renouvelables n’imposent de solutions comme les nôtres. Nous pensons que nous ne serons pas les premiers exposés, mais il faut se préparer à être touchés et donc nous différencier", insiste Laurent Roegel.
