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Abbreviõ s’appuie sur l’intelligence artificielle pour donner accès aux marchés publics
Nancy # Programmation informatique # Innovation

Abbreviõ s’appuie sur l’intelligence artificielle pour donner accès aux marchés publics

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En janvier prochain, les dirigeants d’Abbreviõ vont lancer leur solution sur le marché. Leur technologie, basée sur l’intelligence artificielle, permet aux entreprises de trouver très rapidement les offres de marchés publics les concernant.

Les deux créateurs se sont réparti les rôles : à Guillaume Roger le développement du business, quand Luc André se charge du code informatique — Photo : Jean-François Michel

Les créateurs

Philosophe de formation, Guillaume Roger a travaillé dans le luxe puis dans les technologies immersives, au sein de la start-up nancéienne SBS Interactive. En 2020, la fermeture des lieux culturels l’incite à mettre les technologies immersives au service de l’accès à la culture. "J’ai alors créé une société, mais je me suis retrouvé face à une problématique : comment se positionner dans l’univers de la culture, où 80 % de la commande vient des acteurs publics", détaille Guillaume Roger. L’entrepreneur imagine alors un système permettant d’accéder aux appels d’offres publics. "Une dizaine de plateformes existe en France, mais je voulais un système beaucoup plus simple". Encore peu connue du grand public, l’intelligence artificielle semble être le bon outil. L’idée fait son chemin, et ce qui devait d’abord être un outil donnant un avantage concurrentiel à l’entreprise de Guillaume Roger deviendra un projet de start-up à part entière. "L’enjeu, c’était de trouver la personne capable de développer cette solution", résume Guillaume Roger. La rencontre avec Luc André, ingénieur de Télécom Nancy et docteur en informatique, va débloquer la situation : embauché dans une start-up parisienne qui développe des solutions bancaires nouvelles, le multi-diplômé veut trouver un emploi plus en adéquation avec ses valeurs. Le défi proposé par Guillaume Roger lui convient : ensemble, les deux associés vont officiellement lancer Abbreviõ en août 2023, avec 5 000 € de capital et une subvention de 30 000 € de la région Grand Est, après une période d’incubation décisive de douze mois au sein de l’Inria start-up studio, à Villers-lès-Nancy.

Le concept

Actuellement, les plateformes de recherche de marchés publics permettent à leurs utilisateurs d’interroger des bases de données à l’aide de mots-clés. "J’ai mené une soixantaine d’entretiens avec des dirigeants d’entreprises et il en est ressorti une forme de frustration : les outils sont chers et d’une efficacité très relative", résume Guillaume Roger. Lors de la première connexion, la plateforme Abbreviõ demande à l’utilisateur de renseigner six champs, parmi lesquels le numéro Siret de l’entreprise. Ensuite, l’intelligence artificielle va explorer les bases de données recensant les marchés publics, soit un volume d’environ 8 000 publications mensuelles, pour en extraire ceux qui intéressent l’entreprise. "L’utilisateur a la possibilité de rejeter ceux qui ne l’intéressent pas, ce qui va permettre à l’intelligence artificielle d’affiner ses futures recherches", détaille Luc André. Actuellement en test dans des PME, ETI et grands groupes, la plateforme Abbreviõ promet tout simplement de disrupter le marché. "Lors d’une présentation réalisée au cours du salon Vivatech, un acheteur d’un grand groupe de construction s’est retrouvé en quelques minutes devant les résultats que son équipe met entre deux et trois heures à lui fournir", illustre Guillaume Roger.

Les perspectives

La plateforme Abbreviõ sera officiellement sur le marché en janvier, pour un abonnement de quelques centaines d’euros par mois. "Nous voulons atteindre 1 500 clients en trois ans", dévoile Guillaume Roger, qui veut, dès la fin du premier exercice, "être rentable sur l’amortissement du logiciel". Car la solution de recherche de marchés publics n’est qu’une première marche pour les deux fondateurs d’Abbreviõ. À ce premier développement, Luc André et Guillaume Roger vont désormais travailler au développement d’un système permettant aux dirigeants d’entreprise de répondre plus efficacement aux appels d’offres, mais aussi à une offre permettant aux acheteurs publics de publier leurs appels d’offres, voire de tester le marché avant de publier. Pour épauler Luc André sur les développements logiciels, un doctorant en thèse Cifre sera embauché au cours de l’année 2024. "Nous sommes en train de boucler des dossiers pour décrocher d’autres subventions, nous travaillons à la labellisation Deep Tech, mais c’est le marché qui va commencer à nous financer", insiste Guillaume Roger. Écartant le "modèle de croissance" suivi par la majorité des start-up, le dirigeant veut s’inscrire dès le démarrage de sa société dans un "modèle de rentabilité". "Je veux que le marché puisse me donner l’argent nécessaire pour faire fonctionner mon application, tout en bénéficiant de ressources pour pouvoir développer et faire de la R & D".

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