2,3 milliards d'euros pour que les start-up créent des usines en France
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2,3 milliards d'euros pour que les start-up créent des usines en France

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Le gouvernement va mettre sur la table 2,3 milliards d’euros pour que les start-up et les PME innovantes puissent créer des usines en France. Au cœur de cette nouvelle stratégie industrielle : des subventions, des nouveaux prêts et de nouveaux outils de capital-investissement.

La France compterait 1 500 start-up industrielles, situées pour les deux tiers en dehors de la région parisienne. Ici, l’usine de LivingPackets, en Loire-Atlantique — Photo : LivingPackets

La réindustrialisation de la France ne passera pas que par les relocalisations, dont le nombre s’envole depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Elle passera aussi par l’innovation de rupture, portée notamment par les start-up industrielles. Et pour que ces start-up puissent aller jusqu’au bout de leurs idées, le gouvernement veut leur donner davantage de moyens financiers.

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, et Cédric O, secrétaire d’État à la Transition numérique, viennent de présenter, dans les locaux lillois d’Exotec, start-up industrielle qui vient de lever 335 millions de dollars, leur stratégie "start-up industrielles et deep tech". Le gouvernement en identifie 1 500 en France – soit 12 % du total des start-up tricolores -, situées pour les deux tiers en dehors de la région parisienne. Ce plan de bataille est doté d’une enveloppe budgétaire conséquente (2,3 milliards d’euros), même si cette somme n’est pas réservée qu’aux start-up industrielles. La plupart des nouveaux dispositifs ciblent aussi en effet les PME et ETI industrielles et innovantes. Objectif principal de cette stratégie : aider les jeunes pousses à passer de l’idée à la concrétisation, c’est-à-dire de l’innovation à l’industrialisation, en leur apportant des moyens financiers pour créer des usines en France. Ces moyens prennent aussi bien la forme de subventions, que de prêts et d’apports en fonds propres.

Des subventions jusqu’en 2026 pour créer sa première usine

Première mesure pour soutenir l’innovation industrielle : le lancement ce jeudi 20 janvier 2022 d’un appel à projets "Première usine". Doté de 550 millions d’euros, ce dispositif s’adresse principalement aux start-up et aux PME, mais est aussi ouvert aux ETI innovantes et en forte croissance. Il vise à financer les projets de création de premières usines, de lignes pilotes et démonstrateurs industriels ainsi que de plateformes de production mutualisées. Ces moyens industriels doivent permettre de fabriquer des produits innovants dans des secteurs porteurs, susceptibles de générer des retombées économiques importantes en France. Ce dispositif vise en effet des projets ambitieux, l’investissement du ou des candidats devant au moins se monter à 5 millions d’euros. Les candidats retenus pourront bénéficier d’un coup de pouce financier, sous forme de subventions et d’avances remboursables, pouvant atteindre jusqu’à 30 % des dépenses engagées. Opéré par Bpifrance, l’appel à projets "Première usine" est ouvert jusqu’en décembre 2026. Chaque année, des candidats seront sélectionnés en trois temps, en avril, septembre et décembre.

Des prêts garantis à 80 % par l’État

Par ailleurs, pour faire le lien entre le prototype et la première usine, le gouvernement entend mettre en place des prêts spécifiques. D’un montant compris entre 3 et 15 millions d’euros, ces prêts ciblent les start-up, les PME et les ETI innovantes cherchant aussi bien à mettre en place un démonstrateur qu’une ligne de production dont la mise en place comporte "un fort risque technologique et/ou industriel". L’intérêt de ces prêts est qu’ils seront garantis à 80 % par un fonds national spécifique doté par l’État. D’une durée de 10 à 15 ans, ces prêts seront assortis d’un différé d’amortissement en capital pouvant aller jusqu’à trois ans. Ils doivent être lancés en mars prochain.

Un milliard d’euros en capital

Au niveau des investissements en fonds propres, le plan de bataille gouvernemental prévoit de renouveler à hauteur d’un milliard d’euros le fonds d’investissement SPI, lancé en 2015 et doté de 800 millions d’euros. Géré par Bpifrance, ce fonds prend des participations, minoritaires et en co-investissement, au capital d’entreprises industrielles de toutes tailles. Pour financer des projets d’industrialisation, il proposera des tickets d’intervention compris entre 5 et 200 millions d’euros. Le montant des prises de participation pourra parfois être inférieur à 5 millions d’euros, dans le cadre de financement de démonstrateurs ou de lignes pilotes. Devant être lancé au premier trimestre 2022, ce fonds de capital-investissement vise des prises de participation dans une soixantaine d’entreprises.

Un nouveau fonds de fonds

Toujours en matière de fonds propres, le gouvernement compte créer au premier semestre un fonds national de venture industriel, un fonds de fonds doté de 350 millions d’euros et géré par Bpifrance. Objectif : investir dans 15 fonds qui soutiendront en fonds propres et quasi fonds propres les start-up industrielles ou les PME et ETI industrielles innovantes.

Un guichet unique : la Mission French Tech

Tout en renforçant le plan deep tech présenté en 2019 de 275 millions d’euros supplémentaires, le plan du gouvernement passe aussi par la mise en place d’un guichet unique pour accompagner les start-up industrielles. Cette mission incombe à la Mission French Tech, chargée d’aider les start-up durant toutes les phases de leurs projets, que cela soit la définition d’une stratégie de propriété industrielle que la recherche d’un terrain, pour construire une usine, les relations avec les services fiscaux ou le recrutement.

# Innovation # Politique économique # Capital # Levée de fonds # Gestion