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En Alsace, Geolith et Tronox travaillent ensemble sur un procédé d’extraction du lithium
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En Alsace, Geolith et Tronox travaillent ensemble sur un procédé d’extraction du lithium

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Le site haut-rhinois du groupe américain de chimie Tronox produit du titanate de lithium pour Geolith. Cette start-up parisienne, dont les ateliers sont à Haguenau, utilise cette poudre dans son procédé d’extraction du lithium. Elle aimerait passer à la phase industrielle en 2023.

La start-up Geolith a choisi de faire appel au producteur de dioxyde de titane Tronox à Thann (Haut-Rhin) pour son procédé d’extraction du lithium — Photo : Charlotte Stiévenard

Ils aiment comparer leur alliance à celle de la petite société allemande BioNTech et du géant pharmaceutique américain Pfizer pour élaborer le vaccin contre le Covid-19. Le site du groupe de chimie américain Tronox installé à Thann (CA 2021 : 130 M€, 240 collaborateurs), dans le Haut-Rhin, collabore avec Geolith (18 collaborateurs), une start-up parisienne dont les ateliers se trouvent dans la pépinière du Caire à Haguenau (Bas-Rhin). Ensemble, ils veulent produire du titanate de lithium utilisé dans le procédé d'extraction du lithium de Geolith, appelé "Li-Capt".

S’émanciper du lithium chilien

"Ce procédé permet de récupérer le lithium dans les saumures de géothermie profondes, les saumures de salars [grands lacs salés d’Amérique du Sud, NDLR] et les eaux de production pétrolière", explique Jean-Philippe Gibaud, le président de Geolith. La technique se veut plus respectueuse de l'environnement que l'extraction minière. De plus, "80 % du lithium en France proviennent du Chili, détaille le dirigeant, il s’agit donc également d’une question de sécurisation de l’approvisionnement."

La poudre de titanate de lithium fabriquée par Tronox est fixée sur un filtre en textile non-tissé, le tout enroulé dans une cartouche qui vient s'insérer dans des colonnes du système de filtration où passe le liquide dans lequel se trouve le lithium. "La recette de la poudre de titanate de lithium a été développée en collaboration avec l’École des mines de Paris. Tronox nous permet aujourd’hui de valider l’industrialisation", décrit Didier Muschalle, le directeur des opérations de Geolith.

Cette première phase de montée en échelle de la production, qui se déroule jusqu'à mars 2023, fait partie d’un projet appelé "Life" comme "Lithium for Europe". Chiffré à 1,7 million d’euros, il regroupe donc Tronox (CA 2021 : 2,5 Mds€, 6 500 collaborateurs), mais aussi le laboratoire L2N de l’Université de technologie de Troyes qui s’occupe de la cohésion de cette poudre, Geolith et l’Institut français du textile et de l’habillement de Mulhouse qui s’occupent de l’incorporation de cette poudre dans le support fibreux en textile non tissé. Le Laboratoire réactions et génie des procédés de Nancy est chargé de l’optimisation de la circulation des fluides dans la cartouche et l’Institut Charles Sadron de Strasbourg travaille au cycle de vie des cartouches et du recyclage. Plus d’une vingtaine d’ingénieurs et de chercheurs sont mobilisés. Le projet est financé à hauteur de 370 000 euros par la Région Grand Est et environ l’équivalent par le Fonds européen de développement régional.

Passer à la phase industrielle

La prochaine étape est le passage à la phase industrielle. Pour cela, Tronox va s’équiper d’un réacteur de trois mètres cubes pour 500 000 euros. Il devrait être installé fin 2022 à Thann. Suivra l'installation, par la suite, d'une véritable ligne de production. Pour le site alsacien, plutôt spécialisé dans la production de dioxyde de titane, "il s'agit de répondre à un besoin en produits de niche qui nous permettent de nous différencier", explique Emmanuel Sibileau, le directeur du site Tronox Thann.

Par ailleurs, Geolith veut lever 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Cette somme lui permettra de s’équiper, si possible, fin 2023 d’une usine pour fabriquer le système "Li-Capt", idéalement en Alsace où il existe de la géothermie profonde à Soultz-sous-Forêts et à Rittershoffen dans le Bas-Rhin. En attendant, un démonstrateur industriel a été installé par un de ses clients en Angleterre, un autre va l’être en Allemagne.

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