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Comment la biotech NovAliX veut stimuler la recherche thérapeutique à Strasbourg
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Comment la biotech NovAliX veut stimuler la recherche thérapeutique à Strasbourg

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La biotech NovAliX, spécialisée dans la recherche thérapeutique sous contrat, a entamé le déménagement de ses laboratoires dans ses nouveaux locaux sur un ancien site de Sanofi proche du centre-ville de Strasbourg. Elle veut y créer un écosystème d’innovation à même de rassembler académiciens et entrepreneurs.

Denis Zeyer, directeur général de NovAliX (à gauche), et Stephan Jenn, président de la société, se sont installés en janvier 2022 dans leurs nouveaux locaux — Photo : Charlotte Stiévenard

Avec 8 000 mètres carrés dans le quartier de l’Esplanade, proche du centre de Strasbourg, NovAliX a désormais de quoi se développer. Cette société est spécialisée dans la recherche thérapeutique pré-clinique sous contrat. Groupes pharmaceutiques et biotech lui sous-traitent cette étape, en amont de la création d’un médicament. La biotech a racheté, début janvier 2022, l'ancien site de R & D du groupe pharmaceutique français Sanofi pour un montant non communiqué.

NovAliX, qui a réalisé 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 avec 220 collaborateurs, était jusqu’ici installé à quelques kilomètres de là, sur 2 900 m² dans le parc d’innovation d’Illkirch-Graffenstaden, dans l’agglomération strasbourgeoise. Le déménagement, lancé en début d’année, devrait se terminer d’ici l’été. L'investissement a été financé par la Banque des territoires et un consortium bancaire composé de la Caisse d'épargne Grand Est Europe, de la Banque populaire Alsace Lorraine Champagne et de la Banque Postale.

Création d’un campus

Dans son nouveau siège, NovAliX ne se contentera pas de déménager ses 90 collaborateurs d’Illkirch-Graffenstaden, elle compte aussi en recruter une trentaine, dont quinze anciens collaborateurs de Sanofi. Sur les quatre niveaux du bâtiment, certains anciens laboratoires du groupe pharmaceutique français sont encore en état. La biotech y installe actuellement ses laboratoires de chimie et de biophysique tout en réalisant des aménagements légers qui doivent se terminer à l’été 2022.

Une seconde phase de travaux lourds, sous la houlette du cabinet mulhousien DeA Architectes, débutera en février 2023 et durera un an. Elle représente un investissement de plusieurs millions d’euros et permettra, notamment, de modifier le sous-sol actuellement utilisé comme espace de stockage. Ces travaux plus importants doivent permettre à NovAliX de réaliser son projet principal, installer sur ce site son futur campus "Guy Ourisson", du nom du chimiste strasbourgeois. Entre institut de recherche et hôtel pour entreprises, ce lieu doit rassembler académiciens et entrepreneurs.

Fusion de deux biotech

"Avec ce campus, nous voulons contribuer au développement de l'écosystème strasbourgeois dont nous sommes issus", explique Denis Zeyer, directeur général de NovAliX. Aux côtés de Stephan Jenn, le président de la société, et de Christophe Dubost, le directeur financier, il est actionnaire de la holding de NovAliX, dont le siège se trouve à Kehl, à la frontière, côté allemand. Cette holding possède 86 % des parts de NovAliX, 4 % appartenant au fonds patrimonial allemand Der Prinzenfonds et le solde à d'autres salariés de la société et scientifiques fondateurs.

La biotech est le résultat de la fusion, en 2009, de deux sociétés strasbourgeoises fondées en 2002. AliX Pharma, un spin-off de l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire d'Illkirch-Graffenstaden, et Novalyst Discovery, société issue de l'alliance entre Alain Wagner, directeur du Laboratoire des systèmes chimiques fonctionnels du Centre national de la recherche scientifique à Strasbourg, et Stephan Jenn.

Un peu plus de 10 ans plus tard, NovAliX est installé à Strasbourg (90 collaborateurs), à Val-de-Reuil dans l’Eure (70 collaborateurs), dans les anciens locaux des laboratoires du groupe pharmaceutique Janssen, filiale de l’américain Johnson & Johnson, à Sidi Thabet en Tunisie (15 collaborateurs) et à Saclay (dix collaborateurs), en Essonne. La biotech compte également une trentaine de collaborateurs chez des clients en Belgique.

Un hôtel pour entreprises

À Strasbourg, le campus de NovAliX devra permettre de rassembler les acteurs locaux de la recherche thérapeutique. "Les écosystèmes d’innovation dans le domaine thérapeutique doivent allier esprit entrepreneurial et espaces académiques denses pour donner naissance à de nouvelles sociétés, estime Stephan Jenn. Certaines fonctionnent, d’autres tombent. Il faut que les gens, les chercheurs, puissent tourner d’une société à l’autre. C’est un phénomène que l’on peut retrouver dans la région de Boston aux États-Unis où se trouve le Massachusetts Institute of Technology."

Pour l’aspect entrepreneurial, NovAliX comptera donc un hôtel pour entreprises, la "Biotech Factory", installée sur 1 200 m² de laboratoires et de bureaux. "Il ne s’agit pas d’un incubateur. Nous cherchons des biotech financées, installées, qui ont besoin d’un laboratoire et d’une proximité avec un écosystème qui peut sous-traiter", détaille Denis Zeyer. Ksilink (CA 2021 : 4,5 M€, 22 collaborateurs), une biotech qui industrialise des modèles cellulaires issus de patients, auparavant hébergée par Sanofi, est déjà présente sur site.

Un institut de biophysique

En ce qui concerne les espaces académiques, NovAliX place son Institut de biophysique pour la recherche biomédicale (IBRB) au cœur du projet. Cet "institut", dont le nom pourrait évoluer, sera installé au sous-sol. L’idée est née en 2017. "Nous avions décidé de nous intéresser à la biophysique de très haut niveau pour la recherche de candidats médicament, en nous focalisant sur la microscopie électronique", raconte Stephan Jenn. Ainsi, un premier microscope électronique, le Glacios, a été mis en place dès 2020 dans les locaux d’Illkirch-Graffenstaden par le groupe académique américain FEI - Thermo Fisher scientific, partenaire aujourd’hui pour la création de l’IBRB. Le nouveau siège de NovAliX accueillera un modèle de microscope électronique encore plus puissant. Pour Stephan Jenn, "la création de cet institut va favoriser les interactions. Nous allons accueillir des groupes académiques et traduire cette innovation en recherche sur des médicaments".

Un développement fort des chimiothèques

En 2022, NovAliX vise 21 à 24 millions d’euros de chiffre d’affaires. La biotech mise sur le développement de toutes ses activités, mais particulièrement sur un autre de ses projets phares : ses plateformes de chimiothèques codées par ADN (technologie DEL). Cette technologie permet d’identifier de nouvelles molécules biologiquement actives, contribuant ainsi au processus de découverte de candidats médicaments. NovAliX a signé, fin novembre 2021, un contrat de plusieurs millions d’euros avec Sanofi pour co-concevoir une cinquantaine de chimiothèques généralisées et focalisées, soit environ 1,5 milliard de composés (molécules). Suivra une étape de criblage pour identifier de nouvelles structures chimiques d’intérêt parmi ces composés. La biotech avait investi 5,3 millions d’euros dans cette plateforme en décembre 2020 pour l’étendre.
Le sous-traitant travaille, ainsi, avec de grands comptes de l’industrie pharmaceutique européenne, américaine et japonaise. Plus récemment, il réalise une part croissante de ses activités avec les sociétés de biotechnologies, principalement américaines.

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