Avec un pied en Normandie, l'alsacien NovAliX accélère dans la recherche de médicaments
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Avec un pied en Normandie, l'alsacien NovAliX accélère dans la recherche de médicaments

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La PME alsacienne NovAliX muscle ses capacités de recherche et développement pour découvrir de nouveaux médicaments, sur son site de Strasbourg et dans son nouveau site normand de Val-de-Reuil. Le sous-traitant pharmaceutique entend également renforcer sa stratégie de spécialisation pointue.

La biotech strasbourgeoise NovAliX s'étend en Normandie et accélère son développement. — Photo : © NovAlix

La PME NovAliX exerce depuis 2002 comme sous-traitant spécialisé dans la recherche et développement de médicaments, auprès de biotech mais surtout de groupes pharmaceutiques (Servier, Lilly…). Soit à distance, soit en installant ses équipes au cœur des laboratoires de ses clients. Parmi eux, Janssen France (filiale de Johnson & Johnson), qui a annoncé en 2020 la fermeture de son site de Val-de-Reuil (Eure), où intervient une partie des équipes de NovAliX.

3 600 m² de laboratoire en Normandie

Un coup dur que NovAlix va rapidement transformer en opportunité. L'entreprise alsacienne fait une offre : rependre le site et une partie des effectifs afin de poursuivre la collaboration. Janssen France accepte et NovAlix loue désormais 3 600 m² d’infrastructures sur le site normand, dont il utilise une petite partie pour l’instant. De quoi compléter « les 2 200 m² actuellement occupés à Strasbourg », où la société se sentait à l’étroit.

« Pour nous, cela représente une formidable opportunité de croissance. Sachant qu’il est difficile de trouver et encore moins de financer de nouveaux mètres carrés de laboratoire… », réagit Stephan Jenn, président fondateur de NovAliX. Au passage, la PME étend sa collaboration avec Janssen, via un contrat de plus de 4 millions d'euros par an qui mobilisera quarante personnes contre une quinzaine auparavant.

Des chimistes de renom

Photo : © DR

Mais son équipe s’enrichit surtout humainement. Parmi la quinzaine d’ex-salariés de Janssen repris figurent des pointures de la chimie médicinale, dont certains à l’origine de nouveaux médicaments comme Jérôme Guillemont, découvreur de la bédaquiline. Ce traitement contre la tuberculose multirésistante est le premier approuvé en Europe et aux Etats-Unis depuis quarante ans.

NovAliX emploie aujourd’hui 170 personnes, des biologistes et chimistes principalement, dont 70 au siège à Strasbourg, une quinzaine en Normandie et autant sur un site en Tunisie, les autres collaborateurs exerçant chez ses clients.

La PME alsacienne a vu son activité s’éroder lors de la crise sanitaire du coronavirus. Même si le bilan 2020 devrait être à l’équilibre, le chiffre d’affaires aura stagné à 11 millions d'euros. Son dirigeant table désormais « sur 13 à 15 millions d'euros en 2021. »

5,3 millions d'euros investis à Strasbourg

Les nouveaux locaux et les chimistes qui l'ont rejoint vont pouvoir aider NovAlix à muscler son offre de recherche et développement, notamment dans la lutte contre le cancer et les virus en tous genres. R & D dans laquelle NovAliX investit 5,3 millions d'euros, précisément dans sa « plateforme de chimiothèques codées par ADN » ou DNA encoded library (DEL) en anglais, financée à hauteur de 2 millions d'euros par Bpifrance et la Région Grand Est. Cette plateforme a été implantée à Strasbourg après un accord de coopération avec un grand groupe pharmaceutique.

Une plateforme DEL sert à créer des chimiothèques, c’est-à-dire des bibliothèques de molécules composées de 15 à 60 millions d’unités chacune, qui constitueront le point de départ de nouveaux programmes de recherche. Société de recherche sous contrat (CRO), NovAliX intervient en effet au début de la chaîne, soit des années avant un essai clinique sur l’homme, entre six et quinze ans avant une éventuelle mise sur le marché. Son métier est de concevoir une molécule de base et la dessiner pour qu’elle puisse avoir une action thérapeutique. Processus faisant intervenir des robots et des humains, la DEL permet notamment de tester simultanément une foule de combinaisons possibles entre des composés chimiques.

En investissant, la PME alsacienne désire ainsi augmenter la capacité de production de chimiothèques et la diversité des composés chimiques qu'elles affichent. « Cette technologie, seules dix ou quinze entreprises dans le monde la maîtrisent dans son intégralité : du design à la production, l’analyse, le criblage… », étaye Stephan Jenn.

« Devenir une ETI à l’allemande »

De quoi renforcer sa stratégie actuelle : proposer des capacités de recherche très spécialisées. Un autre exemple ? « La microscopie électronique à cryogénie » en haute résolution, qui sert à visualiser en 3D des objets à l’échelle atomique en utilisant une sorte de microscope ultra high-tech pour reconstituer la structure des protéines. « Nous n’arriverons pas à faire du volume comme les sociétés de recherche sous contrat chinoises ou les groupes pharmaceutiques. On assemble donc peu à peu un outil industriel très pointu et très différencié, en particulier en biophysique et biologie chimique », développe le dirigeant. Avec pour ambition de « devenir à terme une ETI spécialisée à l’allemande. »

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