Une nouvelle page de l'histoire de la chocolaterie Jacques Bockel, à Saverne, s'apprête à s'ouvrir. D'ici à juin, la construction de son futur site de production s'achèvera, dans la zone d'activité du Martelberg. Son fondateur et dirigeant, Jacques Bockel, a investi 3 millions d'euros dans ce projet, lancé suite à l'incendie criminel de l'ancienne chocolaterie, en juillet 2014. N'ont pu être sauvés que les plans des machines, des moules et les recettes. Moins de deux mois après, la PME - provisoirement relogée dans la maison des entrepreneurs de Saverne - redémarrait déjà son activité grâce à la détermination sans faille de son dirigeant, avec le soutien des élus locaux.
Assurer la transmission
En tout, le sinistre s'est élevé à 3,5 M€, soit l'équivalent du chiffre d'affaires de l'entreprise cette même année. Toutes les machines ont dû être rachetées et le stock de matière première reconstitué afin de remettre les 30 salariés au travail et approvisionner les quatres boutiques d'alors (à Saverne, Strasbourg et Metz). Tout en parant au plus pressé, Jacques Bockel s'est cependant d'emblée lancé dans la recherche d'un site pour y reconstruire une chocolaterie dimensionnée pour assurer sa pérennité. « J'ai cette passion de mon métier, le souci de transmettre l'entreprise à mes enfants, le devoir moral de ne pas abandonner une équipe qui s'est toujours donnée. Je n'ai jamais imaginé baisser les bras », rappelle le dirigeant, dont les deux enfants ainsi que le fils " adoptif " travaillent déjà dans l'entreprise.
Pour trouver rapidement un terrain, la mairie de Saverne a été jusqu'à modifier le PLU de la zone d'activité du Martelberg, qui disposait de place mais n'était pas prévue pour accueillir des activités commerciales, « alors que nous avions besoin de pouvoir y installer également une boutique », explique Jacques Bockel.
Des capacités doublées
Car comme l'ancienne, la nouvelle chocolaterie a été imaginée pour être visitée par le grand public. « En entrant, les gens auront l'impression de s'immiscer dans une plantation de cacao », promet Jacques Bockel, qui envisage d'installer une petite unité de torrefaction de fèves. L'atelier, largement vitré, permettra aux visiteurs de voir les chocolatiers à l'oeuvre. « Les plans de la chocolaterie ont été conçus avec l'ensemble des salariés », ajoute le dirigeant, qui a profité de ce projet pour rationaliser les flux et donner plus d'aisance à chacune de ses activités. Car au delà de la portée pédagogique, ce futur site de 3 315 m² - dont 1 800 m² de production - est surtout pensé pour être en mesure d'accompagner à moyen voire long terme les projets de développement de l'entreprise « tout en préservant le côté artisanal de nos process, la fabrication en juste à temps », précise Jacques Bockel.
Le site, qui dispose encore de foncier disponible, est ainsi dimensionné pour facilement doubler voire tripler la production, qui est actuellement de quelque 100 tonnes de chocolats à l'année. L'entreprise profite également du déménagement pour investir dans une nouvelle unité de production dédiée au Nut'Alsace, sa pâte à tartiner chocolatée lancée en 2013 et qui rencontre un beau succès. « Elle représente aujourd'hui une production de 10 tonnes par an. Le nouvel outil nous permettra de monter facilement à 20 tonnes. Automatiser les process et augmenter les volumes vont nous permettre de baisser le coût de revient », souligne le dirigeant. Malgré son montant, l'investissement reste maîtrisé. « Notre chiffre d'affaires de 5 M€ et notre résultat actuel nous permettent déjà d'absorber le surplus de loyer que représentera le futur site, ce qui nous rend assez sereins », confie Jacques Bockel.
Le réseau de boutiques en expansion
La chocolaterie commercialise ses produits via un réseau de boutique en expansion. Depuis l'été 2014, deux nouvelles ont été ouvertes en propre, à Nancy et dans le centre commercial Auchan de Strasbourg Hautepierre. Des ouvertures qui ont engendré une dizaine d'embauches, en boutiques et en production, portant l'effectif total à 42 personnes. Le chocolatier, qui cherche encore à ouvrir une boutique en propre à Obernai va désormais accentuer son développement via un réseau de partenaires. Après Colmar, ouvert en 2014, deux boutiques pourraient ouvrir prochainement à Troyes et Lyon. L'entreprise envisage de participer à un prochain salon de la Franchise à Paris pour identifier de futurs partenaires. Pour l'heure, la notoriété de la marque est surtout véhiculée par la forte présence de la chocolaterie sur les salons alimentaires. Elle participe chaque année à une soixantaine d'événements partout en France, dont le salon du chocolat à Paris.
