Coronavirus : Une fête de Pâques noire pour la chocolaterie Jacques Bockel
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Coronavirus : Une fête de Pâques noire pour la chocolaterie Jacques Bockel

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La chocolaterie Jacques Bockel ne pourra pas compter sur Pâques cette année. Pourtant extrêmement lucrative, puisque les chocolateries réalisent en moyenne 20 % de leur chiffre d’affaires annuel, la fête sera gâchée par la crise sanitaire.

Jacques Bockel devrait accuser une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de 1,5 million d'euros qui correspondent habituellement à l'activité générée par Pâques — Photo : Chocolaterie Bockel

Le tribut sera lourd. Quand Pâques pose un lapin, c’est toute une profession qui vacille. Avec 14 boutiques disséminées dans le Grand Est (Strasbourg, Nancy, Metz, Épinal…), le chocolatier Jacques Bockel (8 M€ de CA, 70 salariés) tente d’innover pour limiter au maximum la casse. Chez lui, près d’un tiers de l’activité pourrait fondre. Il faut dire que Pâques pèse lourd dans l’activité des chocolatiers français. « Cette fête familiale permet aux chocolatiers de réaliser plus de 20 % de leur chiffre d’affaires annuel », assure-t-on du côté de la Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France.

Un manque à gagner estimé à 1,5 million d’euros

Créée en 1985, l’entreprise basée à Saverne (Alsace) a dû s’adapter en une semaine aux conditions extrêmes imposées par la crise sanitaire : « Nous n’avons jamais été préparés à cela. Nous dépensons une énergie incommensurable pour ne pas gâcher la marchandise. Nous avons, pour la première fois mis un drive en place dans nos magasins et nous assurons un service de livraison. Quatre opérateurs prennent les commandes. Au moins, nous garderons ces services qui n’existaient pas jusque-là après la crise », dévoile Jacques Bockel, fondateur de la maison Chocolatier Jacques Bockel.

« En une semaine nous avons révolutionné notre façon de travailler »

Trois cents commandes sont ainsi traitées chaque jour. En début de soirée, Jacques Bockel rappelle lui-même les consommateurs qui se sont heurtés au standard bondé au cours de la journée. « En une semaine, nous avons révolutionné notre façon de travailler », indique le chef d’entreprise. Pas de quoi compenser le manque à gagner, que le dirigeant évalue entre 1,3 et 1,5 million d’euros. La satisfaction se limite à ne pas tout perdre. « Nous préparons cette fête depuis le 6 janvier, donc la production était déjà en grande partie prête. 600 000 à 700 000 € de ventes devraient déjà être actées », poursuit le dirigeant. Les services mis en place permettent de dégager 30 000 € d’activité chaque jour pour la maison Jacques Bockel, ce qui correspond normalement au chiffre d’une seule boutique sur les 14 en cette période.

Des aides étatiques difficiles à obtenir

Dans l’Hexagone, les aides de l’État ne semblent pas simples à mettre en place. « Nos chocolatiers sont au chômage technique. Nous avons eu du mal à bénéficier du chômage partiel. Nous sommes considérés comme des magasins prioritaires et sommes donc ouverts. En même temps, il n’y a personne dans les rues pour rentrer dans nos magasins. La situation se décante mais nous avons senti des réticences au début de la crise », explique Jacques Bockel qui a conscience qu’il ne pourra pas rattraper les pertes engendrées. « J’entends les gens dire qu’ils fêteront l’aspect commercial de Pâques à la Pentecôte… Je n’y crois pas du tout. Nous sommes sur une marchandise de début de printemps. Il faut un temps hivernal. Et nos marchandises sont labellisées Pâques : ce sont des poules ou des œufs en chocolat », ponctue le chef d’entreprise dont la chocolaterie s’est déjà relevée de péripéties : en survivant à l’incendie criminel de son usine de Saverne en 2014.

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