Adira : des résultats au rendez-vous, un financement en suspens
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Adira : des résultats au rendez-vous, un financement en suspens

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En 2017, les actions de l’Adira, l'agence de développement d'Alsace, auront contribué à créer ou maintenir 2030 emplois directs et 806 millions d'euros d’investissement. Malgré ses résultats sur le terrain, le financement de l'agence pose question. Le recours déposé par la préfecture auprès du tribunal administratif de Strasbourg est-il en passe d'être levé ?

— Photo : Jonathan Sarago - CD 67

Son acte fondateur a été voté à l’automne 2015. En janvier, l’agence de développement d’Alsace, l’Adira, fêtera ses deux ans d’existence. Celle-ci est née de la fusion des agences de développement économique du Bas-Rhin, l’Adira et du Haut-Rhin, le Cahr.

« La bonne échelle du développement économique, c’est l’échelle alsacienne, tous les partenaires le disent. C’était cohérent de fusionner et le travail s’est réalisé en peu de temps », estime Frédéric Bierry, Président du CD 67 et Président de l’Adira. Vincent Froehlicher, Directeur général de l’Adira, se souvient quant à lui « qu’une fois le top départ du projet politique lancé, l’opérationnel en a découlé. Les deux équipes se sont mues pour travailler ensemble. Le Cahr et l’Adira disposent d’un ADN commun. Ainsi, la fusion a été plaisante et plus facile que ce qui avait été pensé ».

L’action sur le terrain

Sur le terrain, la mission de l’Adira repose sur de la prospection, l’appui aux entreprises en développement ou en difficulté, la recherche de l’emploi, la mise en relation, le « déminage » de problèmes administratifs etc.

Pour n’en citer que quelques-uns, en 2016-2017, le personnel de l’Adira est par exemple intervenu aux côtés des chefs d’entreprises et des élus sur des dossiers comme la question du siège d’Adidas, la reprise d’Impala par Caddie, le règlement du foncier pour l’agrandissement du site BMW au port du Rhin, la reprise de certaines entités du groupe Sotralentz, l’acquisition d’une nouvelle ligne chez Constellium, l’implantation d’une plateforme logistique à Ensisheim etc.

« Une année record »

Et les chiffres semblent parler pour eux. Ainsi, au 1er novembre, Vincent Froehlicher communiquait pour l’année 2017 sur l’identification et l’accompagnement de « 463 nouveaux projets de création, d'implantation, de développement ou de sauvetage d'entreprises industrielles et tertiaires supérieures à travers l'Alsace. Au 1er novembre, 225 de ces projets sont réalisés ou au moins décidés de façon sûre, et se réaliseront donc dans les mois qui viennent ». Ces projets représentent la création ou le maintien de 2030 emplois directs et 806 M€ d’investissement. « Une année record », selon son Directeur général.

Qui finance l’agence ?

Ça, c’est pour le fond. Mais sur la forme, une question reste en suspens, celle des financements de l’agence. Au moment de sa fusion, ses statuts ont été pensés à l’aune de la loi NOTRe portant sur la réforme de l’organisation territoriale. Cette agence se veut ainsi multipartenariale en accordant dans ses statuts une place notamment aux intercommunalités. La Région Grand Est est également représentée à la fois dans le Conseil d’administration et dans l’Assemblée générale, le trésorier étant un élu du CR. Or, la Région reste absente du tour de table des financeurs depuis le projet avorté de Conseil unique d’Alsace en 2013.

La loi NOTRe attribue la compétence du développement économique à la Région. Pourtant, les départements ont encore eu la possibilité de financer les agences de développement jusqu’au 31 décembre 2016. Le budget de 4 millions d’euros de l’Adira a ainsi été financé en 2016 en grande partie par les départements, à hauteur de 56,2 % par le CD 67 et de 36,2 % par le CD 68. L’Eurométropole de Strasbourg a financé 4,5 % du budget et Saint-Louis Agglomération 1%. La CCI Strasbourg Bas-Rhin, le P.A.S et les grands comptes ont eux apporté 2,1 % du budget. Pour autant, Frédéric Bierry estime que : « les départements disposent d’une compétence économique dans la mesure où celle-ci ne se limite pas à l’aide directe aux entreprises. Les départements sont compétents en matière de développement des territoires en ce qui concerne la formation, la cohésion sociale, le tourisme, la voierie etc. Tout ceci contribue au développement économique »

Ainsi, les assemblées départementales ont-elles approuvé en octobre 2016 un « projet de convention pluriannuelle d'objectifs et de moyens à conclure sur la période du 1er décembre 2016 au 31 décembre 2020, entre le Département du Bas-Rhin et le Département du Haut-Rhin et l'Adira ». Mais cette délibération a fait l’objet d’un contrôle de légalité de la part de la préfecture qui a saisi, en avril dernier, le tribunal administratif de Strasbourg pour recours en annulation. Les délibérations des Conseils départementaux concernant le financement de l’agence sembleraient en effet déborder du cadre de la loi NOTRe.

« Les entreprises ne doivent pas être impactées par le débat politique »

« Il ne faut pas inquiéter les entreprises, le travail se fait, cela se construit par petit bout. Le plus important est que les entreprises ne soient pas impactées par le débat politique, l’agence est reconnue pour son action et pour un chef d’entreprise, ça doit être simple », tente de rassurer Frédéric Bierry.

En date du 16 novembre, le service communication du tribunal administratif de Strasbourg confirmait que le dossier était toujours en cours d’instruction. Mais la situation pourrait prendre une nouvelle tournure. En effet, Jean Rottner, Président du Conseil régional du Grand Est, expliquait le 17 novembre dernier à l’issue de la Commission permanente du Conseil régional avoir demandé « une accélération sur ces dossiers à l’échelle de la Région pour un maillage efficace et attendu avec trois types d’agences. A savoir l’agence d’innovation à l’échelle du Grand Est, les agences d’attractivité liées aux départements à travers leur compétence tourisme et les agences de développement économique avec différents modèles d’un territoire à l’autre. Nous serons prêts à participer au financement de l’Adira lorsque nous serons en capacité d’avoir un projet commun. J’ai eu une discussion avec le préfet. Nous souhaitons que l’outil qui fonctionne bien soit prêt à jouer un rôle ».

Interrogé le 20 novembre dernier, Jean-Luc Marx, préfet de la Région Grand Est, annonçait quant à lui «être ouvert au dialogue avec l’ensemble des parties prenantes au dossier. Un chemin doit être trouvé, il n’est pas inenvisageable que la préfecture lève son recours en fonction du résultat des discussions», sans pour autant se prononcer sur un délai.

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