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Où en est le projet de site d'expérimentation pour drones et robots prévu à Portet-Sur-Garonne ?
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Où en est le projet de site d'expérimentation pour drones et robots prévu à Portet-Sur-Garonne ?

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Président de la société Airod spécialisée dans la fiabilisation des systèmes embarqués, Laurent Latorse est membre fondateur des clusters Mipirail, Automotech et Primus, et président de Robotics Place. Aujourd’hui, il prépare l’ouverture d’un site d’expérimentation pour drones et robots quasi-unique au monde sur la zone de Bois Vert à Portet-sur-Garonne. Interview.

Qu’est-ce qui différencie Airod de ses concurrents ?

Laurent Latorse : Nous concevons et fabriquons des bancs de tests et lignes automatisés pour fiabiliser la production de systèmes embarqués. Ces solutions sont reproductibles, pour pourvoir être installées dans toutes les usines de nos clients à travers le monde. Contrairement à Nexeya, Akka ou Altran, Airod (17 collaborateurs ; CA : 1,5 M€) est un bureau d’études en ingénierie mécatronique (80% du CA), un site de fabrication de produits pour des tiers (15% du CA) et une unité de développement de solutions (5% du CA). Le fait d’être à la fois fabricant et bureau d’études représente e garantie d’expertise que le client ne paye pas.

Pourquoi choisir de produire en France ?

L. L. : Nos clients, comme Formulaction ou Sigfox, nous ont choisi justement pour cette proximité géographique. Car la fabrication de produits innovants et peu matures qui font leur entrée sur le marché nécessite une certaine agilité. En cas de modification du cahier des charges, la proximité entre bureau d’études et site de fabrication permet une meilleure réactivité de la chaîne de production.

Quelle place la robotique occupe-t-elle chez Airod?

L. L. : Nous proposons depuis 2009 un système d’alerte de crues, et avons élargi aux drones et aux robots terrestres, une thématique d’avenir. Nos plateformes volantes et roulantes sont adaptées « sur-mesure » au besoin du client. Depuis 2002, chaque nouvel acheteur nous est resté fidèle pour cela et mon objectif est de faire rentrer un grand compte supplémentaire chaque année dans le portefeuille d’Airod. Airbus, Thalès Alenia Space, Valeo ou Continental en font déjà partie.

Co-fondateur des clusters Mipirail, Automotech, Primus et depuis 2012 Robotics Place… Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans l’essor de l’écosystème local ?

L. L. : Le rail, la voiture, la sécurité et défense ainsi que la robotique avaient besoin de se structurer en Occitanie. J’ai voulu participer à la création de ces clusters pour développer nos PME, start-ups et grands groupes régionaux et booster leur business à court terme. C’est aussi pourquoi en 2017, j’ai accompagné la création de la nouvelle filière « Transports terrestres intelligents » (TTI). Unique en France, elle regroupe ces quatre clusters autour des problématiques de la ville intelligente et des transports du futur, un peu comme l’Aerospace Valley fédère les acteurs de l’aéronautique et du spatial.

Concrètement, de quelle manière doit agir la filière TTI ?

L. L. : Aujourd’hui, on ne dit plus « j’ai un drone, c’est le meilleur du monde, venez l’acheter chez moi ». Au sein d’Airod, comme des quatre clusters et de la filière TTI, je souhaite développer l’« économie du sur-mesure ». Nous proposons au client d’exposer son problème, puis de lui apporter une solution adaptée en faisant collaborer les sociétés ou laboratoires qui choisissent de répondre à l’appel d’offre. Objectif : répondre efficacement au besoin du client, ni plus, ni moins, pour limiter les coûts. Le premier projet de la filière concerne des acheteurs nationaux de la RATP, descendus spécialement de la capitale en octobre pour nous exposer leurs problématiques.

Comment avez-vous eu l’idée du futur « Village Robotique & drones » ?

L. L. : Quand j’ai commencé à développer des drones au sein d’Airod, j’ai eu besoin de les tester. Mais la réglementation pour les objets volants est si contraignante que c’en est devenu un véritable casse-tête. Alors, quand j’ai appris fin 2013 que la zone de Bois Vert sur la commune de Portet-sur-Garonne se libérait je me suis dit, pourquoi ne pas y installer une zone d’essai pour drones ! Un tel lieu n’existe pas encore en Europe et seules quelques tentatives ont émergé à l’échelle mondiale. Une étude de six mois financée par la DIRRECTE a démontré que l’emplacement était idéal. Le projet est donc en phase d’études sur le coût des infrastructures. Dans six mois, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) sera modifié et nous pourrons alors déposer les permis de construire, pour une ouverture du Village prévue fin 2019.

Que pourra-t-on trouver dans ce lieu inédit ?

L. L. : Tout d’abord, des PME, start-up et grands groupes. À ce jour, une quinzaine de société dont Airod souhaitent déjà s’y implanter. De plus, des discussions sont en cours avec le CEA Tech pour construire une plateforme technologique avec chercheurs et industriels, un peu sur le modèle de l’IRT Saint Exupéry. La gare de Portet-sur-Garonne deviendra une gare d’expérimentation pour la gare du futur et une route semi-protégée sera créée jusqu’à Francazal. Easymile – implanté à Francazal – et d’autres pourront utiliser cette piste pour leurs essais sur le véhicule autonome et connecté dans des conditions semi-réelles !

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