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Le patron de Prometil vend sa société pour créer la Bubble Factory
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Le patron de Prometil vend sa société pour créer la Bubble Factory

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Le fondateur de la société toulousaine Prometil Marc Canitrot scinde son entreprise en deux entités : il vend son activité de conseil en ingénierie système et se lance dans une nouvelle aventure en créant la Bubble Factory. Une structure qui propose déjà deux produits innovants de service aux entreprises.

Photo : Prometil

Il est des entrepreneurs que rien n'arrête. Après avoir créé en 2007 la société toulousaine Prometil (33 collaborateurs ; CA 2017 : 3 M€), spécialisée dans le suivi des cycles de vie des grands projets industriels pour les entreprises, Marc Canitrot revend aujourd'hui cette activité de service et mise tout sur l'innovation.

Une société, deux marques

Depuis sept ans, l'entrepreneur passionné de technologies disruptives travaille sur deux produits novateurs au sein de Prometil : Semios et Maperless. Les deux outils, commercialisés depuis 2015, viennent de devenir des marques à part entière au sein de la nouvelle société de Marc Canitrot, la Bubble Factory. « Le métier historique de Prometil consiste à déployer les solutions de gestion du cycle de vie des logiciels (Application LifeCycle Management, ou ALM) d'IBM dans les entreprises. Faire évoluer ces outils aurait été trop coûteux, j'ai donc créé un pôle innovation pour créer de nouvelles applications ALM », expose Marc Canitrot.

Mais avec plus de 400 000 € investis en R&D chaque année, la société perdait de l'argent depuis 2016... Marc Canitrot a donc décidé de vendre la partie service de Prometil (20 collaborateurs) et d'ouvrir la Bubble Factory avec les 13 salariés restants. Objectif : utiliser le montant de la vente, lever des fonds bancaires et trouver de nouveaux investisseurs pour débloquer de 500 000 à 800 000 € afin de développer commercialement Semios et Maperless, tout en accélérant leur diffusion à l'international.

Première cible : les petits entrepreneurs

Première application innovante incubée chez Prometil, Maperless doit permettre aux artisans et PME de faciliter les interventions chez leurs clients grâce à un suivi sur tablette. « Cet assistant intelligent centralise plannings, listes d'outils, déroulés d'interventions synchronisés en temps réel avec le siège de l'entreprise et organise le parcours géographique des techniciens en déplacement », détaille Christelle Nguyen, gérante de la relation clients chez Bubble Factory. À terme, de nouveaux développements autour de l'intelligence artificielle pourraient permettre d'ajouter de la maintenance prédictive à l'outil.

Avec lui, la société vise le marché des petits entrepreneurs, estimé à plus de 20 milliards d'euros par an d'ici 2030 à l'échelle de l'Europe. Les PME souvent dotées de systèmes informatiques anciens peuvent aisément bénéficier du service puisque la base du logiciel de gestion Maperless est accessible en open source. Une vingtaine d'entreprises sont déjà clientes, dont le groupe d'ascensoristes Ilex.

Un marché de niche auprès des grands groupes

La deuxième innovation signée Bubble Factory se nomme Semios. Cet outil de relecture automatique des documents techniques utilise un algorithme d'intelligence artificielle développé par l'Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT). Basé sur le "machine learning", il détecte les flous et les ambiguïtés dans les cahiers des charges industriels, notamment les éléments susceptibles d'être mal compris par les ingénieurs et de générer des erreurs coûteuses.

Cet outil qui permet de limiter les incompréhensions et donc les retards dans les grands projets est déjà en fonctionnement chez Airbus Defence & Space, Safran, Continental, Thales ou encore Liebherr. Ces entreprises déboursent 1 500 € par an et par utilisateur pour ce service. « Avec Semios, nous attaquons un marché de niche puisqu'au niveau mondial notre seul concurrent est l'espagnol RQA », souligne Marc Canitrot. En outre, la Bubble Factory développe en ce moment les versions coréenne et japonaise de son logiciel, très demandées dans l'aéronautique et la défense, quand 95 % des cahiers des charges dans le monde sont rédigés en anglais.

Marc Canitrot, adepte du multiculturalisme dans les projets entrepreneuriaux, vient de conclure un protocole d'accord avec la filiale d'Airbus en Malaisie. En effet, les risques de mauvaise interprétation des cahiers des charges est très élevé dans les usines malaisiennes du géant aéronautique, où travaillent des techniciens issus de multiples ethnies aux dialectes éloignés. « Mon but est d'embaucher des ingénieurs là-bas pour développer et déployer Semios in situ, d'abord chez Airbus, puis chez d'autres industriels qui produisent en Asie - comme Peugeot par exemple », ambitionne l'entrepreneur.

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