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Coronavirus : au Marché d'intérêt national de Toulouse, la demande vient désormais des particuliers
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Coronavirus : au Marché d'intérêt national de Toulouse, la demande vient désormais des particuliers

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Depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus, les producteurs, grossistes et distributeurs du Marché d'intérêt national de Toulouse voient leur quotidien chamboulé. Face à une baisse ou une croissance de l'activité, les entreprises se réorganisent pour faire face à une nouvelle demande, quasi exclusivement auprès des particuliers.

Le distributeur de produits frais et locaux Mon Panier de Campagne a multiplié par trois ses livraisons de paniers à domicile depuis le début du confinement — Photo : Mon Panier de Campagne

Le 15 mars, le gouvernement annonçait la fermeture de tous les commerces « non essentiels » pour faire face à la crise sanitaire du coronavirus. La fermeture des bars et restaurants a bouleversé l’activité des 300 producteurs du Marché d’intérêt national (MIN) de Toulouse, qui travaillent beaucoup avec ces établissements. Mais il en fallait plus pour décourager les 150 entreprises du MIN (1 200 personnes ; CA 2018 : 408 M€). « Quasiment tout le monde travaille, sauf les grossistes en plantes, fleurs, accessoires et les horticulteurs, insistait la directrice du marché, Maguelone Pontier, au début du confinement. Nous nous sommes orientés vers la grande distribution. Les groupements de fruits et légumes vendent toute leur production, tandis que les secteurs moins sollicités comme la fromagerie ou la poissonnerie se réorganisent pour répondre à une nouvelle demande émanant des particuliers. »

Soutenir la pêche locale

Le troisième grossiste en produits de la mer du MIN, la société artisanale Guivarc’H (11 salariés ; CA 2019 : 2 M€), a développé un réseau de vente aux particuliers. Habituellement, 95 % des clients de Guivarc’H sont issus du monde de la restauration, et l’entreprise se fournit à 80 % auprès des criées de l’Atlantique. « La fermeture des restaurants a entraîné la fermeture des criées de l’Atlantique, expose le cogérant Mickaël Seguin. Pour cette raison, mais surtout pour soutenir la pêche locale, nous nous approvisionnons désormais à 90 % auprès des criées de Sète et de Port-la-Nouvelle, en Méditerranée ».

Le grossiste artisanal Guivarc'H achète désormais 90 % de son poisson dans les criées de Méditerranée, contre 20 % habituellement — Photo : Guivarc'H

L’entreprise, qui fournit classiquement une tonne de poisson par jour aux restaurateurs, distribue en ce moment 200 à 300 kg, exclusivement aux particuliers. Le MIN a apporté à Guivarc’H ses premiers clients BtoC, le bouche-à-oreille a fait le reste. « Nous avions prévu de lancer une offre pour le particulier au niveau national début 2021, sous le nom Les Criées Occitanes, confie Mickaël Seguin. Le contexte Covid-19 a simplement précipité ce projet, que nous démarrons pour l’instant à l’échelle régionale. »

Le boom des paniers à domicile

De son côté, la SAS Mon Panier de Campagne (4 salariés ; CA 2018-2019 : 390 000 euros), créée il y a dix ans et localisée au MIN, n’a jamais connu une telle effervescence. L’entreprise propose sur son site web un catalogue de produits aux particuliers, qu’elle se procure auprès de 60 producteurs de fruits et légumes, viande, poisson et fromage situés à 160 km maximum de Toulouse. « En temps normal, nous livrons 100 familles par semaine à 75 € en moyenne le panier, partage la présidente Julie Lechat. Mais depuis le début de la crise c’est le raz-de-marée, nous avons atteint les 290 paniers personnalisés par semaine, d’une valeur moyenne de 100 € ».

Mon Panier de Campagne a embauché quatre extras pour faire face à la demande, mais doit tout de même limiter les commandes chaque semaine. « Afin de réserver la livraison à domicile aux personnes les plus fragiles, nous avons obtenu les autorisations pour ouvrir un drive sur le MIN, ce qui est habituellement interdit », confie Julie Lechat. Par ailleurs, la société Chronofresh présente sur le MIN a proposé les services d’un chauffeur supplémentaire à Mon Panier de Campagne. La société est également en discussion avec son voisin pour sous-louer des locaux, tout ceci dans le but d’augmenter son débit de paniers pour répondre à la forte demande.

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