Retour aux sources pour Samuel Cette et Loetitia Boëche : dix-sept ans après avoir fondé à Toulouse le groupe Adonis, un réseau d'enseignement supérieur privé désormais implanté dans neuf métropoles (300 salariés, CA n.c.), le couple de dirigeants revient à son premier métier, l'édition scolaire.
En quinze mois, le pôle édition de leur groupe, jusque là limité aux publications accompagnant les cours à distance pour les formations en Bac+2/3, a été renforcé par deux acquisitions d'ampleur. En mai 2019, c'est à la barre du tribunal de commerce de Toulouse qu'a été reprise la société Sedrap (44 salariés, CA 2019 : 6 M€), fondée par Serge Boëche, le père de Loetitia. En septembre 2020, ce sont les éditions Sed, elles aussi au bord de la liquidation, qui ont rejoint le groupe.
Réseaux commerciaux différenciés
Les deux sociétés ont en commun deux points majeurs : sortant de plusieurs années de difficultés financières, elles restent une référence auprès des enseignants du primaire, de la maternelle au CM2. "Pour la Sedrap, l'absorption est déjà une réussite, avec 25 collaborateurs conservés et des embauches qui ont permis de redévelopper un réseau de délégués commerciaux sur l'ensemble du territoire. Concernant la Sed, nous lançons les recrutements pour reconstituer d'ici la fin de l'année une équipe de distribution dédiée, qui devrait compter à terme une quarantaine de personnes", précise Loetitia Boëche.
Pour la dirigeante, la stratégie est claire : les synergies entre ces deux sociétés concurrentes doivent se limiter aux fonctions supports (logistiques, comptabilité...). Les deux maisons vont conserver chacune leur identité graphique et ligne éditoriale, ainsi qu'un réseau commercial spécifique. Le potentiel annuel de ventes est estimé à 8 millions d'euros pour la Sed ce qui, cumulé avec les 6 millions d'euros de revenus de la Sedrap et avec les publications pour l'enseignement supérieur, porterait le chiffre d'affaires du pôle édition aux environs des 18 millions d'euros.
Incursion sur le marché grand public
Centrée sur les professionnels et particulièrement les enseignants, la stratégie commerciale s'est enrichie d'une gamme de cahiers de vacances portée par la Sedrap. "C'est notre première incursion sur le marché grand public, mais aussi sur des ouvrages consacrés à l'enseignement secondaire, indique Loetitia Boëche. Nous envisageons de développer des collections pour le collège et le lycée, mais sans doute pas avant 2022."
Le groupe Adonis poursuit par ailleurs sa stratégie de développement sur l'enseignement supérieur avec une nouvelle offre sur les cours à distance accompagnés, intermédiaire entre les cours à distance et les formations classiques, en école. Lancée au plus fort du confinement, la proposition a permis de "faire émerger de nouveaux publics", confie Loetitia Boëche, notamment grâce à des frais annuels deux fois inférieurs aux tarifs généralement pratiqués dans l'enseignement privé hors contrat, soit 3 000 euros en moyenne. "Nous touchons des jeunes qui ressentent le besoin d'être accompagnés dans leur parcours, sans avoir les moyens d'engager une scolarité dans les grandes métropoles", précise la dirigeante.
