Une chose est certaine. Personne ne s’attendait, le 23 septembre, aux annonces faites par le ministre de la Santé, Olivier Véran : le passage du département des Bouches-du-Rhône en alerte maximale quant à la diffusion du coronavirus et sa conséquence, la fermeture totale des bars et restaurants du territoire dès samedi 26 septembre au soir.
« Soyons lucides, il s’agit d’un reconfinement économique », commente Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille Provence, avant de poursuivre : « Nous sommes tout de même surpris de la précipitation avec laquelle cette décision a été prise, quelques jours à peine après l’annonce de restrictions dont le territoire n’a pas eu le temps de mesurer pleinement les effets. Nous regrettons l’absence totale de concertation territoriale, alors que le gouvernement avait, il y a quelques jours à peine, opté pour le dialogue avant de prendre ce genre de décisions. Nous ne pouvons que regretter ce changement de méthode qui nous fait faire un pas en arrière ».
Même son de cloche du côté de la CPME Sud. Alain Gargani, son président, se déclare « surpris et indigné ». « Cette décision se fait de manière unilatérale depuis Paris, sans aucune forme de concertation avec les acteurs locaux. Cet exercice brutal du pouvoir laisse à réfléchir dans un contexte qui devrait être démocratique. En outre, cette mise en application extrêmement rapide ne laisse pas aux restaurateurs la marge de manœuvre nécessaire pour qu’ils puissent s’organiser et prendre leurs dispositions pour gérer au mieux personnel et stock. La fulgurance de cette mesure va les plonger dans une situation extrêmement périlleuse pour la survie de leur activité ».
Des aides à la hauteur du préjudice subi
Ainsi, pour Philippe Korcia, président de l’UPE 13, « il est impératif qu’à la solidarité sanitaire dont feront preuve les professionnels de ce secteur, réponde très rapidement la solidarité économique de l’État ». « C’est un coup terrible pour ces secteurs déjà en grande souffrance. Je ne lâcherai rien tant que je n’aurai pas de garanties tangibles que les aides seront à la hauteur du préjudice subi et que les pertes d’exploitation seront couvertes par les assureurs ».
Si le président de la Région Sud Renaud Muselier a qualifié la décision de « punition », la mairie de Marseille a parlé « d’affront » suite à une annonce « sans concertation ». Le premier adjoint à la Ville de Marseille, Benoît Payan, a ainsi demandé au gouvernement un délai de dix jours avant la mise en œuvre des mesures. « L’épidémie décroît depuis quelques jours, laissons à cette inflexion le temps de se confirmer. Nous n’avons pas peur des décisions fortes mais il faut qu’elles soient justes, objectives. Si à la fin de la semaine prochaine, les indicateurs repartent à la hausse nous serons prêts à prendre les décisions qui s’imposent et qui seront alors comprises par tout le monde ».