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Quelles solutions pour résoudre le casse-tête de la mobilité à Sophia Antipolis ?
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Quelles solutions pour résoudre le casse-tête de la mobilité à Sophia Antipolis ?

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Première technopole d’Europe, Sophia Antipolis est passée de 28 000 salariés en 2010 à 42 000 en 2023 et devrait rapidement atteindre les 50 000. Mais avec cette croissance bienheureuse vient son corollaire bien plus problématique : la circulation. La mobilité était le thème des 19es Rencontres économiques et territoriales.

54 ans après sa création, la technopole de Sophia Antipolis attire toujours plus d’entreprises, de salariés, d’étudiants et de chercheurs — Photo : DR

Depuis 54 ans que Sophia Antipolis a été créée, sa croissance ne se dément pas. Avec ses 2 500 entreprises, elle affiche une croissance de 3 à 5 % par an, accueillant les plus grands groupes internationaux, les centres de recherche ou les entreprises les plus innovantes. Sur ses 2 400 hectares, se croisent ainsi 42 000 salariés et plus de 10 000 chercheurs et étudiants.

"La voiture n’est pas morte"

"Passer de 28 000 salariés à 42 000, c’est un bonheur mais c’est aussi un défi, résume Jean Léonetti, président de la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis à l’occasion des 19es Rencontres économiques et territoriales. L’histoire de Sophia est terrible pour la mobilité : les gens quittent le garage de leur domicile pour arriver au parking de leur entreprise !" Pas de quoi convaincre en effet de lâcher le volant. Seul le Covid y est parvenu. "Il y avait alors 5 000 à 10 000 voitures de moins. Mais le télétravail n’est pas la solution, il tue l’innovation." "Et il n’est en aucun cas une solution au problème de mobilité, insiste Étienne Delhaye, le directeur général de Sophia Club Entreprises (SCE). Il est un mode d’organisation du travail dans l’entreprise." "Une chose est sûre, la voiture va perdurer, reprend l’édile. Elle va évoluer, notamment vers de l’électrique, mais elle n’est pas morte."

Le sujet aura réussi à mettre les acteurs locaux, qu’ils soient politiques ou économiques, d’accord sur un point : en matière de mobilité, il n’y a pas une, mais des solutions, au pluriel.

De gauche à droite : Pierre Ippolito, président de l’UPE 06, Jean-Pierre Savarino, président de la CCI Nice Côte d’Azur, Jean Léonetti, président de la CASA, et Étienne Delhaye, directeur général de Sophia Club Entreprises — Photo : Olivia Oreggia

Le covoiturage peut être un élément de réponse : 10 000 personnes seraient en effet inscrites sur des plateformes dédiées permettant de rallier la technopole. Il y a bien le bus-tram, prévu pour être achevé en 2025 et qui transporte déjà 10 000 personnes par jour entre Antibes et Sophia Antipolis. Néanmoins, il est loin d’être suffisant car si 25 % des Sophipolitains viennent bien d’Antibes, 10 % viennent de Nice et 10 % encore de Cannes.
L’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute pour faire circuler les bus est un sujet évoqué régulièrement et plébiscité depuis des années, mais n’a jamais été appliqué. Quant au projet de ligne nouvelle ferroviaire, il semble "remis aux calendes grecques", déplore Jean-Pierre Savarino, président de la CCI azuréenne.

Du logement intra-muros pour les actifs

À plus grande échelle, Jean Léonetti plaide pour du logement intra-muros. "Il faut continuer à construire de l’habitat dans Sophia Antipolis, explique-t-il. On ne peut pas avoir tous ces projets privés qui arrivent à flux constant. Il faut convaincre tout le monde que construire, ce n’est pas mal. D’autant que nous ne construirons que 10 % de l’espace disponible."

Les 19e Rencontres Économiques et Territoriales se tenaient dans les locaux de Skema, au cœur de Sophia Antipolis — Photo : Olivia Oreggia

Mais si supprimer ou du moins réduire drastiquement les distances entre domicile et lieu de travail peut être une solution, cela met en exergue la question du logement des actifs. Ou quand une problématique chronique en rejoint une autre… "Il est très difficile d’acheter mais aussi de louer un logement qui corresponde à ses besoins lorsque l’on est un ménage d’actifs. C’est gravissime, dénonce Pierre Ippolito, président de l’UPE 06. Cela contraint à s’éloigner des bassins économiques en créant, par conséquent, de l’engorgement sur la route. Il y a, sur notre territoire, un déficit chronique de logement, car même lorsque l’on construit, les actifs sont en concurrence avec les résidences secondaires, les investisseurs locatifs classiques ou Airbnb, les retraités ou les logements sociaux. Nous aurons un véritable problème d’attractivité si nous ne réglons pas cette problématique sur l’ensemble du département. Les entreprises seront freinées dans leur recrutement et donc leur développement."

Selon les projections de Sophia Club Entreprises, Sophia Antipolis devrait très bientôt accueillir 50 000 salariés.

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