« Pour la première fois depuis 2013, notre chiffre d’affaires est en recul. Il a baissé de 13 % en 2020 à 145 millions d’euros », a expliqué la directrice financière du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), Chantal Helman. 69 millions de tonnes de tonnes traitées en 2020… Impensable comparé aux 100 millions de tonnes traitées en 2007. Marseille-Fos a perdu en seulement un an 10 millions de tonnes.
La fermeture des frontières en cause
Une chute intimement liée à la spirale baissière des hydrocarbures qui représentent encore 50 % des recettes du GPMM et qui, l’an passé, ont chuté de 16 %. « La crise et les confinements ont eu un impact sur les transports et donc sur la consommation de carburants. Le trafic de GNL a chuté de 15 % en raison de la crise sanitaire, de l’arrêt des exports de gaz de Skikda et des dysfonctionnements du terminal d’Arzew », commente Chantal Helman.
L’Algérie, dont les frontières sont toujours fermées, est à l’origine de nombreuses baisses aussi bien des flux de marchandises que de voyageurs (-89 %). « L’ouverture de la liaison sur le Maroc par la Méridionale à raison de trois rotations par semaine entre Marseille et Tanger Med constitue une lueur d’espoir », commente Chantal Helman.
Les conteneurs en recul de 10 %
Les flux conteneurisés sont en recul de 10 %. De grandes incertitudes pèsent également dans le segment des vracs solides (-22 %) avec la mise hors service temporaire d’un des deux hauts fourneaux d’Arcelor-Mittal, l’arrêt des imports de charbon destinés à la centrale électrique de Gardanne et la cession d’Alteo à UMS qui devrait entraîner sous deux ans des modifications du process industriel. Au un million de tonnes que représentait le trafic annuel de bauxite, seront substituées « 400 000 à 500 000 tonnes d’hydrates d’alumines », explique le président du directoire Hervé Martel, qui attend également de recevoir les copeaux de bois de la centrale de Gardanne convertie à la biomasse.
Le port de Fos est aussi dans l’expectative au regard de l’installation de l’industriel chinois Quechen. Sous-traitant de l’industrie automobile, il aurait également subi le contrecoup de la crise. « La balle est dans le camp de Quechen », précise Hervé Martel.
Le 5 mars, le directoire du Grand port maritime de Marseille soumettra au vote du Conseil de surveillance son projet stratégique pour les quatre ans à venir. « Nous sommes dépendants du contexte macroéconomique mais notre politique d’investissements n’est pas remise en cause. 341 millions d’euros seront investis d’ici à quatre ans », annonce Hervé Martel.
Parmi les chantiers déjà engagés, l’aménagement de la nouvelle gare internationale du Cap Janet pour une mise en service en 2022 et la poursuite des travaux d’équipement en courant de quai pour réduire la pollution de l’air des paquebots et ferries en escale.