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Le collecteur de textile Montagn’Habits voit son avenir menacé
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Le collecteur de textile Montagn’Habits voit son avenir menacé

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Montagn’Habits collecte chaque année 1 700 tonnes de vêtements auprès de ses 400 containers disséminés dans les Alpes-Maritimes, le Var et les Alpes-de-Haute-Provence. Avec la crise sanitaire, le prix de vente du textile dans le monde a chuté, risquant de condamner la structure, qui emploie 25 personnes près de Grasse, à une fermeture imminente.

Montagn'Habits emploie 25 personnes dans le haut-pays grassois — Photo : Montagn'Habits

La filière textile de recyclage n’a pas échappé à la crise. Implanté depuis 1998 à Saint-Auban, près de Grasse, Montagn’Habits pourrait bien en être l’une des prochaines victimes. Le calcul est rapide à faire : « Le prix de vente du kilo de textile est aujourd’hui de 10 centimes quand le coût de collecte s’élève pour nous à 22 centimes. Nous vendons donc à perte », explique Eric Dumez, directeur de la structure agréée Éco TLC-Refashion, qui emploie 25 personnes. Des emplois menacés à courte échéance.

25 emplois menacés

L’activité n’a pourtant pas faibli avec le Covid, bien au contraire. Pendant le confinement, Montagn’Habits n’a pas fermé un seul jour, assurant des collectes plus importantes que d’habitude, les particuliers ayant mis à profit leur temps libre pour trier leurs placards et donner linge, vêtements et chaussures. Mais dans le même temps, les centres de tri du monde entier ont totalement interrompu leur activité. « Nos clients sont en France et jusqu’en Géorgie. Ils étaient tous fermés. Nous avons donc dû stocker, à nos frais. À tel point que nous avons dû finir par donner », précise Éric Dumez.

Les centres de tri ont recommencé à démarcher les collecteurs, mais le rythme n’est pas encore revenu à la normale. « En attendant, nous avons besoin d’aides pour maintenir la qualité de services jusqu’à la fin de l’année. En l’état, si la situation n’évolue pas, notre trésorerie ne nous permettra pas de tenir au-delà de décembre. Nous avons utilisé tous les outils à notre disposition : chômage partiel, un prêt garanti par l'État de 125 000 euros, l'optimisation des collectes… Cela a permis de conserver les effectifs mais, sans financement, nous ne pouvons rien faire de plus », déplore le dirigeant.

Montagn’Habits dépend en très grande partie de son activité de revente de textile. Sur ses 800 000 euros de budget annuel, l'association professionnelle perçoit 230 000 euros de l’État via le dispositif des emplois aidés, plus quelques subventions diverses, notamment de l’Agglomération de Grasse. Mais l’installation et l’entretien de ses 400 points d’apport volontaire, ainsi que la collecte, se font à ses frais. Depuis plusieurs mois, pour pouvoir survivre à cette mauvaise passe, elle sollicite donc l’aide des collectivités locales. Elle dit avoir reçu de l’écoute mais aucune action concrète n’a encore été engagée.

140 tonnes collectées chaque mois

Montagn’Habits collecte pourtant chaque mois 140 tonnes de linge, autant de déchets que les 130 collectivités locales concernées n’ont donc pas à traiter elles-mêmes. Une économie que l’association évalue à 600 000 euros. Pour l’heure, seul le Crédit Agricole a apporté une aide de 6 700 euros pour récompenser l’association pour la création de masques pendant le confinement. Un coup de pouce bienvenu mais loin de pouvoir parer aux 70 000 euros de dépenses mensuelles de Montagn’Habits (principalement de la masse salariale). En 22 ans d’existence, le collecteur a créé 276 emplois.

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