Jean-Yves Kbaier (Afim Sud Paca) : "Il faut donner un futur à l’industrie en attirant des jeunes"
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Jean-Yves Kbaier président de l’Afim Sud Paca "Il faut donner un futur à l’industrie en attirant des jeunes"

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En sommeil depuis quelques années, la délégation régionale Sud Paca de l’Association française des ingénieurs et responsables en maintenance se mobilise sous l’impulsion de son président, en région, l’entrepreneur toulonnais Jean-Yves Kbaier. L’un des premiers chantiers : donner l’envie aux jeunes de rejoindre les rangs de l’industrie.

Jean-Yves Kbaier, président de l’Afim Sud Paca, association française des ingénieurs et responsables en maintenance et dirigeant de l’entreprise toulonnaise Ennovia — Photo : DR

Pour quelles raisons avez-vous souhaité réactiver la délégation régionale de l’Afim ?

L’Association française des ingénieurs et responsables en maintenance (AFIM) fédère 800 adhérents en France et dans les DOM-TOM, regroupés dans 22 délégations régionales. Depuis 15 ans que je dirige la société Ennovia (15 personnes), spécialisée dans l’ingénierie de maintenance industrielle, j’ai pu prendre conscience des enjeux vitaux auxquels la filière est confrontée, dont l’un des premiers enjeux concerne l’attractivité de nos métiers auprès des jeunes.

C’est pour prendre en main notre destin d’entreprise du secteur de la maintenance industrielle que j’ai souhaité réactiver cette délégation régionale. Une nouvelle dynamique est ainsi née autour d’un collectif composé de l’Afim, du laboratoire pharmaceutique Ipsen, basé à Signes dans le Var, de l’IUT de Toulon, d’acteurs de la Défense et du MCO (maintien en condition opérationnelle) ou encore d’Actemium Maintenance Sud-est et du CESI d’Aix en Provence, campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle.

Comment attirer des jeunes vers les métiers de la maintenance ?

Le manque de bras, lié au déficit d’attractivité, est un chantier majeur pour la profession. La maintenance représente beaucoup d’emplois non délocalisables sur notre territoire et il faut le faire savoir. Aujourd’hui, les profils de techniciens et ingénieurs dans la maintenance sont rares : 70 000 offres de cadres dans l’industrie ne trouvent pas de candidats. Il y a 20 000 postes à pourvoir dans la maintenance chaque année, mais seulement 10 000 diplômés par an.

"La maintenance représente beaucoup d’emplois non délocalisables sur notre territoire."

En parallèle, nous assistons à une transformation des métiers, qui exigent de plus en plus de maîtriser les nouvelles technologies.

Pour sensibiliser les plus jeunes, nous devons aller à leur rencontre dans les collèges et lycées. Des contacts ont été pris localement pour présenter nos métiers. Nous voulons aussi proposer un système de mentorat, aux conseillers d’orientation et professeurs principaux pour leur permettre de découvrir la réalité actuelle de nos métiers : la maintenance industrielle, ce n’est plus Zola, nous proposons des postes évoluant dans des environnements sécurisés et en plus, bien payés. Nous voulons aider les jeunes à choisir la bonne orientation. Nous voulons aussi accompagner, ensuite, leur formation et une réflexion est aujourd’hui engagée avec l’IUT de Toulon pour proposer des modules, qui seraient ajoutés au Bachelor Universitaire de Technologie Génie Industriel et Maintenance.

Par ailleurs, nous allons créer un support vidéo montrant la réalité des métiers de la maintenance, continuer de participer à divers forums, mettre en commun des offres de stage.

L’attractivité de la maintenance passe aussi par des événements.

En décembre 2021, nous avons organisé, à Toulon, la première édition du 2MF, le Mediterranean Maintenance Forum et avons réuni des responsables de la maintenance industrielle de grands groupes, de la marine nationale, du service industriel de l’aéronautique, des universitaires et acteurs porteurs de solutions innovantes. Ces rencontres ont permis de partager l’information, de créer des synergies.

Plus récemment, au mois de juin 2022, nous avons réuni les acteurs locaux de la maintenance avec un objectif : donner un futur à l’industrie. Nous revenons encore aux jeunes, qui sont les salariés de demain : pour créer les conditions du succès, pour entrer dans l’industrie du futur, il nous faut attirer des jeunes et susciter des vocations. Ce type de rencontres sera renouvelé car nous avons la conviction que nos métiers souffrent d’un certain désamour, mais que pour aimer, il faut connaître.

"Nos métiers souffrent d’un certain désamour."

Quel est le rôle de l’Afim et de ses délégations régionales ?

L’Afim a pour missions de faire la promotion de la profession auprès du public, sa représentation auprès des autorités nationales et européennes et son évolution méthodologique et technologique avec une sécurité renforcée des personnes et des biens. Aujourd’hui, nous devons mener des actions autour de trois sujets : l’attractivité des métiers, la montée en compétences technologiques, la visibilité de la maintenance, une filière essentielle à la performance des entreprises et dans l’air du temps puisque n’oublions pas que la maintenance est un pilier de l’économie circulaire !

Selon les chiffres de l’Afim, la maintenance génère, chaque année, 22,6 milliards d’euros de dépenses dans l’industrie, 18 milliards d’euros de dépenses dans l’immobilier et le tertiaire, 12 milliards d’euros de dépenses en produits et composants industriels en maintenance et travaux neufs. Le secteur représente 417 000 emplois de qualifications élevées dont 12 000 cadres, ainsi que 8 500 diplômés du bac pro au mastère.

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