De Viktor à ViktorIA, les multiples vies du coussin intelligent de Fingertips
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De Viktor à ViktorIA, les multiples vies du coussin intelligent de Fingertips

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700 personnes âgées, chez elles ou en Ehpad, profitent des services de Viktor. Ce coussin connecté a été imaginé par la start-up niçoise Fingertips pour favoriser l’autonomie des seniors. Une version dédiée cette fois aux enfants hospitalisés est en préparation. Sa petite sœur, ViktorIA, dopée à l’intelligence artificielle, devrait aussi voir le jour.

— Photo : Olivia Oreggia / Le JDE

Comme souvent, l’invention est née d’une situation personnelle. C’est pour sa mère qu’Alain Tixier a développé Viktor, un véritable coussin, à la fois léger, confortable et truffé de technologies. Sans fil, étanche, incassable, « il a été élaboré avec des ergothérapeutes et des psychomotriciens. Il fait tout ce que fait une tablette, un smartphone ou un ordinateur, sauf qu’il est adapté à la personne âgée. Il lui suffit de poser le doigt sur l'un des capteurs imprimés », explique son créateur. « On n’est pas dans le suréquipement, au contraire. Quand on a déjà une télévision à la maison sur laquelle il fonctionne, on n’a besoin que d’un coussin pour rester en contact avec sa famille, déclencher les secours, lire des livres audio, regarder des photos… Certains y ont des dessins animés pour leurs petits-enfants. »

Fingertips boudé en Région Sud

Multi-primé (médaillé d’or, entre autres, au concours Lépine 2017), Fingertips vient de signer un partenariat avec Tunstall Vitaris, leader de la téléassistance en France, avec plus de 145 000 abonnés. Le succès est là. Plus de 700 coussins, fabriqués en Esat, sont aujourd’hui utilisés en France, à Nevers (Nièvre) notamment, avec le soutien de la communauté d’agglomération, ou dans les départements de l’Ain, du Puy-de-Dôme ou des Yvelines. « Dans chaque chambre, en Ehpad ou chez un particulier, le coussin permet de faire de la visioconférence avec un médecin et une levée de doute à distance. C’est très important dans les déserts médicaux. »

« Avec un simple coussin, on pourra bientôt sauver des gens ! Ou, du moins, dire s’ils sont en sécurité. »

Pour autant, dans les Alpes-Maritimes ou plus largement en Région Sud, seule une dizaine d’Ehpad privés en sont équipés mais aucun établissement public. Alain Tixier ne s’explique pas cette absence de soutien local, mais ne s’en laisse pas ralentir. Si son entreprise de 5 salariés conserve son siège à Nice, elle se déploie ailleurs, ouvrant des bureaux à Paris et à Nevers. Quant à son chiffre d’affaires, le dirigeant reste discret, précisant toutefois qu’il avait progressé de 1 200 % en 18 mois.

Bientôt un coussin pour les enfants et un autre intelligent

La version junior de Viktor est en développement, en collaboration avec la fondation Flavien à Monaco. Elle s’adressera aux enfants hospitalisés sur une longue période. « Le coussin va leur éviter de couper le lien avec l’école et leurs copains. Ils pourront suivre les cours, apprendre des choses sur leur traitement de manière ludique… Contrairement à une tablette, il est stérilisable et peut entrer dans des lieux hostiles à l’informatique. En phase de prototypage, on cherche un financement pour les cinquante premiers. »

Viktor devrait aussi avoir une petite sœur : ViktorIA. Grâce à l’intelligence artificielle, ce coussin « fera du prédictif. Avec des capteurs, il pourra détecter si, entre 7h et 10h, la personne n’ouvre pas le robinet de la salle de bains comme elle a pour habitude de le faire. ViktorIA indiquera alors une anomalie et lancera une alerte préventive. On pourra aussi relever la tension, ou le rythme cardiaque. Avec un simple coussin, on pourra sauver des gens ! Ou, du moins, dire s’ils sont en sécurité. » Pour cela, Fingertips prépare une levée de fonds de 3 millions d’euros. La start-up a déjà réalisé une première collecte de 1,2 M€ en 2017.

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