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Coronavirus - Racine SAP : « Nos agences restent ouvertes pour répondre à la demande des agriculteurs »
Interview Var # Distribution

Christophe Pennequin directeur général de Racine SAP Coronavirus - Racine SAP : « Nos agences restent ouvertes pour répondre à la demande des agriculteurs »

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Racine SAP, société de négoce agricole et filiale du groupe Perret, implantée à Brignoles, compte parmi les entreprises autorisées à rester ouverte par le gouvernement malgré le confinement lié à l'épidémie de coronavirus. Son directeur général, Christophe Pennequin, revient sur l’organisation qu’il a mise en place dans son entreprise pour maintenir une activité tout en assurant la sécurité de ses salariés et ainsi répondre à la demande de ses clients agriculteurs.

Christophe Pennequin, directeur général de l'entreprise Racine SAP. — Photo : DR

Le Journal des entreprises : Dans le contexte actuel, comment avez-vous réussi à concilier maintien de l’activité et protection des salariés au sein de votre entreprise d’agrofournitures ?

Christophe Pennequin : Notre entreprise faisant partie des entreprises nécessaires à la continuité de l’activité du pays, nos 11 agences, réparties sur les territoires du Var et des Alpes-Maritimes, et notre logistique sont opérationnelles pour la continuation de l’activité professionnelle agricole et la fourniture d’alimentation des animaux de compagnie et d’élevage. Nous sommes la première entreprise de distribution agricole dans le Var et les Alpes-Maritimes (CA 2019 : 30 M€, NDLR) et, à ce titre, nous devions rester ouverts pour nos agriculteurs.

Pour assurer la sécurité de nos salariés, nous avons adapté nos horaires, nous avons aussi restreint l’entrée dans nos magasins et nous proposons la préparation de commandes. Nous nous sommes adaptés extrêmement rapidement et nous avons la chance de pouvoir compter sur notre personnel, qui est sur le pont.

D’ailleurs, les salariés ont profité d’une réunion du CSE dès les premiers jours du confinement pour proposer la mise en place d’une bourse aux congés et ainsi éviter le chômage partiel. Cette initiative, entérinée par la direction, traduit bien les valeurs et l’ambiance qui règnent dans cette PME.

« Les salariés ont proposé la mise en place d’une bourse aux congés pour éviter le chômage partiel. »

Dans le détail, parmi notre effectif (80 personnes), six salariés ont pris des congés pour que l’on puisse compter sur eux si d’autres salariés, notamment dans les agences (qui comptent entre deux à 10 salariés, NDLR), venaient à tomber malades. Deux personnes à la santé fragile sont arrêtées et quelques autres salariés gèrent également la garde de leurs enfants, en alternance avec leurs conjoints. Tous les salariés des fonctions support et du service commercial sont en télétravail et pour les personnes qui doivent être au bureau, nous avons réaménagé les postes pour respecter une certaine distance.

Finalement, nous avons très peu d’absentéisme et c’est une bonne chose car l‘activité est soutenue : les agriculteurs préparent leurs saisons et ont besoin de nos produits.

Quelle est la situation de vos clients agriculteurs ?

Christophe Pennequin : Les horticulteurs sont dans une situation particulièrement compliquée car ils sont actuellement obligés de jeter leur production. Les producteurs de plants maraîchers sont en pleine saison et font également face aux difficultés. Les maraîchers commencent à trouver de nouveaux circuits de distribution. Les viticulteurs viennent de connaître un épisode de gel important avec des pertes estimées entre 30 à 40 % sur la saison ; ils avaient eu plus tôt dans l’année les taxes américaines, et aujourd’hui ils doivent compter avec un arrêt mondial de la consommation : ils sont dans l’expectative et se demandent dans quel état ils vont sortir de cette crise.

Cette crise sanitaire, c’est du jamais vu. Beaucoup de mesures d’aides ont été mises en place. Une belle solidarité est née. Les agriculteurs, les viticulteurs se concentrent aujourd’hui sur la préparation de la saison et essaient d’anticiper les ruptures éventuelles de produits.

« Cette crise sanitaire, c’est du jamais vu. »

Rencontrez-vous des problèmes d’approvisionnement ?

Christophe Pennequin : Nous commençons à avoir quelques soucis d’approvisionnement liés à la fermeture de bases logistiques. Mais a priori, la production suit, quelques fois au ralenti, mais globalement, les usines tournent. Puis, nous avions des stocks qui devraient nous permettre de faire face.

En revanche, nous manquons de gel hydroalcoolique pour nos salariés. Nous avons passé des commandes, mais nous le recevons au compte-gouttes. Enfin, comme nous vendons du matériel de protection individuelle pour les agriculteurs, nous sommes aujourd’hui en rupture de stock puisque nous en avons fourni aux hôpitaux pour participer à l’effort collectif dans cette lutte contre l’épidémie de coronavirus.

Quelles aides avez-vous mobilisées ?

Christophe Pennequin : Nous nous attendons à un impact fort sur notre trésorerie parce que nos clients auront eux-mêmes des problèmes de trésorerie, mais pour le moment, nous ne pouvons pas les chiffrer. Nous réfléchissons actuellement à un plan de trésorerie pour identifier clairement nos besoins.

« Nous nous attendons à un impact fort sur notre trésorerie. »

Nous avons d’ores et déjà sollicité un report de paiement de la TVA. Malgré la bourse de congés de nos salariés, nous aurons certainement recours au chômage partiel. Quant à nos banques, elles nous ont déjà indiqué qu’elles seraient présentes…

Comment envisagez-vous l’après-crise ?

Christophe Pennequin : Je suis d’un naturel optimiste et suis donc convaincu que nous aurons toujours besoin de l’agriculture française. Cette agriculture, nous allons l’accompagner et la suivre du mieux qu’on peut, à notre échelle. Cette crise apporte aussi son lot de bonnes nouvelles : nous n’entendons plus parler d’agri-bashing, la population prend conscience que nous avons besoin des agriculteurs pour se nourrir et cela remet les choses à la bonne place.

« Je suis d’un naturel optimiste. »

Il y aura forcément du bon qui ressortira de cette crise, mais ce sera compliqué pour les entreprises qui rencontraient déjà des difficultés avant.

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