Coronavirus - ID Logistics : « Les ressources humaines sont notre premier sujet de préoccupation »
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Eric Hémar PDG d’ID Logistics Coronavirus - ID Logistics : « Les ressources humaines sont notre premier sujet de préoccupation »

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La crise sanitaire du coronavirus affecte de manière contrastée l’activité des clients du logisticien ID Logistics, en fonction des filières. Basé à Orgon, dans les Bouches-du-Rhône, le groupe est désormais présent sur 320 sites dans 18 pays. Son président raconte le pilotage de l’entreprise au jour le jour en fonction des besoins de ses clients et prépare la sortie du confinement…

— Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Comment la crise du Covid-19 affecte-t-elle les différentes filières ?

Eric Hémar : Nous distinguons trois catégories de secteurs. L’activité alimentaire et le e-commerce, qui représentent 60 % de notre activité, enregistrent une activité très soutenue en raison de la fermeture en France des restaurants et de la restauration collective. La logistique de la grande distribution représente 42 % de notre activité et le e-commerce 20 %. Ces secteurs font face à des pics d’activité similaire à ceux rencontrés lors du Black Friday et des fêtes de fin d’année. Par ailleurs, 10 % de nos sites sont totalement arrêtés (duty free, textile) et 30 % de nos entrepôts connaissent une baisse de régime. C’est le cas de ceux dédiés aux grandes surfaces de bricolage ou les sites des commerçants qui continuent malgré tout de vendre en ligne.

Avez-vous adapté votre organisation à chaque pays ? Comment suivez-vous au quotidien l’évolution des réglementations, les fermetures d’usines ?

Eric Hémar : Ce qui m’interpelle, c’est la situation de la France. Le pays fait face à un véritable arrêt sur image. Nous n’avons pas compris l’arrêt net du BTP alors que nous avons des chantiers en cours. Le panorama évolue tous les jours et ce sont les directeurs pays d’ID Logistics qui suivent de près la situation. L’Espagne et la Belgique vivent une situation similaire à la nôtre. Les Pays-Bas et l’Allemagne sont moins affectés par les mesures de confinement. La Russie commence à être touchée. À Taïwan, où nous avons une grosse activité, j’ai été frappé par l’organisation permettant au pays de contenir le virus. Aux États-Unis, où nous avons racheté le logisticien spécialiste du e-commerce Jagged Peak fin 2019, nous connaissons un pic de 20 % depuis le début du confinement.

Votre groupe emploie 21 000 salariés dans le monde. Comment s’organise l’activité ?

Eric Hémar : Les ressources humaines constituent notre premier sujet de préoccupation actuellement. Notre priorité réside dans la protection de nos équipes pour éviter la propagation du virus. Nous avons déployé sur nos sites l’ensemble des mesures de protection de nos collaborateurs. L'Union TLF (première organisation professionnelle représentative des métiers de la chaîne du transport de marchandises et de la logistique, NDLR), en association avec l’ensemble des organisations professionnelles du transport et de la logistique et le soutien des organisations syndicales, a édité un guide des bonnes pratiques. Nous devons absorber les hausses d’activité dans un contexte d’absentéisme, de télétravail, de chômage partiel. Les équipes sont difficiles à réunir car nous faisons face à un fort taux d’absentéisme.

Allez-vous revoir vos objectifs de croissance ?

Eric Hémar : En début d’année, notre chiffre d’affaires et notre résultat (1,5 milliard d’euros de CA, dont 714,7 M€ en France et 819,5 M€ à l’international, pour un résultat en progression de 14,2 % à 54 M€, NDLR) étaient en ligne avec l’exercice 2019 mais, compte tenu de la crise sanitaire, nous sommes dans l’incapacité de mesurer l’impact global sur notre activité pour l’instant dans les différents pays.

Comment préparez-vous le déconfinement ?

Eric Hémar : C’est un sujet qui concerne avant tout nos clients. Nous discutons avec eux afin de savoir quelles sont leurs prévisions. Elles varient selon les secteurs, comme l’ameublement qui ne voit pas de reprise avant septembre. Par ailleurs nous entrons dans une période assez atypique de mai à juillet, des mois marqués par de nombreux jours fériés et des vacances. À la fin du confinement, nous pouvons imaginer deux types de réactions de la part des consommateurs : soit un effet de rattrapage, soit au contraire nous assistons à une crise économique très profonde avec comme corollaire un refus ou l’incapacité de consommer.

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