Selon la dernière enquête de conjoncture de la Banque de France, la filière BTP d’Occitanie a connu un recul de 7 % en 2020 : comment évolue l’activité ?
Frédéric Carré : Si vous allez voir des entreprises du bâtiment, toutes travaillent à plein régime actuellement. Malgré la crise sanitaire, la filière a pu maintenir les emplois. Mais on est plutôt sur une fin de carnet de commandes, avec le rattrapage de certains chantiers qui n’ont pas pu se faire l’année dernière. On le sait, dans le bâtiment, il y a une grande inertie entre le moment où un chantier est décidé et le moment où il se réalise. Nous avons une très mauvaise visibilité aujourd’hui. Si le plan de relance n’est pas activé tout de suite, si les collectivités publiques n’investissent pas rapidement, si on ne redonne pas confiance aux acteurs économiques pour qu’ils relancent leurs projets, nous anticipons un gros trou d’air pour la filière dès la fin de l’année 2021. Aujourd’hui, les aides publiques se concentrent sur les filières industrielles qui connaissent les plus grosses difficultés, comme l’aéronautique, l’automobile. Mais n’oublions pas les secteurs qui semblent aller bien mais pourraient souffrir demain.
Quels sont les segments qui souffrent le plus ?
F.C. : Le marché du logement reste dynamique même si les acteurs font face des problèmes d’accès au foncier et d’obtention des permis de construire. À moyen terme, nous ne sommes pas inquiets : la démographie de l’Occitanie reste dynamique et les besoins en logements importants. En revanche, la commande des entreprises souffre d’un climat économique régional anxiogène : Airbus est en difficulté, la filière aéronautique retarde les projets prévus et, derrière elle, c’est tout le secteur privé qui est attentiste.
Êtes-vous entendus par les pouvoirs publics ?
F.C. : Nous travaillons actuellement avec la Région Occitanie pour construire un plan de relance de filière. Les acteurs publics nous entendent mais la décision reste longue. Nous avons besoin que les collectivités maintiennent les projets prévus, pour que leurs commandes servent d’amortisseur de crise. Il y a des signaux encourageants. Si on parle du plan de relance, sur les 100 milliards d’euros mobilisés, 7 milliards d’euros sont fléchés sur la rénovation énergétique. Le gouvernement a calibré les aides sur des projets en dessous de 5 millions d’euros, et dont les ordres de service doivent être lancés avant la fin 2021. C’est une approche positive car elle va permettre à tous les territoires d’en profiter, et à toutes les tailles d’entreprise de répondre aux marchés publics, avec des chantiers qui devraient s’ouvrir rapidement.
