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Inovelec étend son savoir-faire pour grandir
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Inovelec étend son savoir-faire pour grandir

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Né en 2000 à Boulazac, en Dordogne, le groupe Inovelec, qui fabrique des cartes électroniques et des câbles et faisceaux, sort de sa région natale en rachetant une entreprise de la Loire. Elle nourrit de fortes ambitions de développement à l'export en visant les États-Unis, et mise sur les spécificités de son modèle de fabrication pour se distinguer de la concurrence.

Le groupe Inovelec emploie entre 350 et 400 salariés à travers ses différentes antennes — Photo : Inovelec

Vingt et un ans après la création de sa société mère, PLS (Production Logistique Service) à Boulazac, près de Périgueux (Dordogne), le groupe Inovelec, qui conçoit et fabrique des cartes, câbles et faisceaux électroniques, a franchi pour la première fois les portes de sa région de naissance. Il a racheté fin 2022 le fabricant de cartes et systèmes électroniques Sudelec (35 salariés, environ 5 M€ de CA), créé en 1982 à Usson-en-Forez (Loire). La région Auvergne-Rhône-Alpes est une place forte pour les entreprises de l'électronique, sur laquelle Inovelec va continuer de se pencher. Spécialisée dans les petites et moyennes séries, Sudelec apporte un savoir-faire complémentaire au groupe périgourdin, qui s'est construit au profit de multiples croissances externes.

Pour le fondateur d’Inovelec, Jean-Philippe Guglielmi, un ingénieur en gestion industrielle, l’objectif derrière ce coup d’accélérateur national est de calibrer le groupe pour atteindre 60 à 70 millions d’euros à la fin de l’année 2023 et 100 millions d’euros dans les deux ou trois ans qui suivent. "Notre stratégie est avant tout de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur de nos produits, de la conception à l’intégration système", explique-t-il. "Il y a encore quelques trous dans la raquette. Par exemple, nous ne savons pas encore faire de l’intégration de gros systèmes complets en série et nous ne sommes pas des spécialistes de l’électronique de puissance. Nous voudrions rajouter ces briques technologiques à notre savoir-faire". Le tout en "maillant le territoire français" pour "racheter au moins une EMS (Electronics Manufacturing Services, fabricant de composants électroniques, NDLR) par région sur chaque métier de l’entreprise", précise le PDG en évoquant au moins deux autres projets de rachat déjà dans les tuyaux.

Une construction progressive

Si sa croissance semble s’accélérer, le groupe, qui compte aujourd’hui 400 salariés pour un chiffre d’affaires de 39 millions d’euros en 2022, a déjà connu plusieurs vies. Né d’un constat (la délocalisation massive de la fabrication de grandes séries à la fin des années 90), sa société mère a basé son modèle sur "une forte réactivité". Elle peut notamment s’appuyer sur un bureau d’études, CIELE Ingénierie (vingt ingénieurs), racheté en mars 2020 et spécialisé dans la sûreté de fonctionnement. "Il développe des produits avec une multi-redondance pour qu’ils continuent à fonctionner si un composant tombe en panne. Ça a permis au groupe d’adresser des secteurs d’activité sur lesquels on travaillait peu voire pas du tout comme le ferroviaire ou le nucléaire", explique le chef d’entreprise.

Quatre éléments viennent compléter le groupe : Alectron, devenu Inovelec Industrie en 2007 et basé à Boé (Lot-et-Garonne), la société Comatel à Uzerche (Corrèze) rachetée en 2013, une filiale au Maroc (qui compte aujourd’hui entre 80 et 100 salariés) spécialisée dans le savoir-faire manuel pour le câblage et enfin une structure de recherche et développement interne, Protolab, qui réalise l’ensemble des prototypes du groupe, dont le plus gros client (50 % du CA) est… CIELE Ingénierie. Elle promet notamment une forte réactivité et dispose d’une ligne de production dédiée capable de fabriquer des cartes électroniques en 24 heures.

Une activité fragmentée

Le chantier de "reconfiguration" d’Inovelec traduit aussi la volonté de son dirigeant de ne pas être trop dépendant d’un seul secteur d’activité. "En 2008, j’ai poussé le développement sur la partie industrielle, nous avons commencé à nous diversifier dans le médical ou la défense. Jusqu’en 2012, nous avions trois clients qui représentaient à eux seuls 60 % du chiffre d’affaires. On en a perdu deux et on a choisi de se diversifier pour faire en sorte de n’avoir aucun client (environ 150 actifs à date) dépassant 7 % de notre chiffre d’affaires".

Le médical (environ 25 %), les énergies et l'industrie (environ 40 % à eux deux) sont ainsi les trois secteurs les plus adressés par Inovelec devant le ferroviaire, l’automobile ou l’aéronautique et la défense. Cette agilité est renforcée par son positionnement commercial : "nous effectuons une prestation complète pour 50 % des produits que nous fabriquons, le reste étant purement de la réalisation. Nous voulons tendre vers plus de prestations complètes, notamment dans le secteur médical", continue Jean-Philippe Guglielmi.

Rêve américain

L’ambition d’Inovelec n’est pas pour autant de devenir un industriel fabriquant en grande série. "Nous restons sur des séries petites et moyennes, des niches". La croissance du groupe repose donc sur ses spécificités, et sa capacité à les vendre à l’international. Neuf mois plus tôt, il a ouvert un premier "pied à terre" près de Washington, aux États-Unis. Un pays où l’entreprise réalise déjà 15 % de son chiffre d’affaires et souhaite grimper à 20 % l’an prochain.

Le modèle de collaboration et de maîtrise d’Inovelec ne s’interdit pas de se reproduire outre-Atlantique, une cible de choix. "Aujourd’hui, tout est fabriqué en France et au Maghreb. Ce qui plaît aux États-Unis, c’est justement le fait que nous soyons capables de réaliser une prestation complète avec une maîtrise de toute la chaîne de valeur, ce que les entreprises là-bas connaissent assez peu. À partir de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous pourrons commencer à envisager de dupliquer ce que nous avons fait sur l’axe France-Maroc aux États-Unis et au Mexique", anticipe-t-il.

"Avec la co-traitance, nous arrivons à être compétitifs vis-à-vis des États-Unis. On prend des marchés qui étaient fabriqués en Chine pour nos clients américains. Nous sommes moins chers, car la Chine ne fait que fabriquer, là où nous pouvons redesigner les produits. Nous avons été très réactifs face au manque de composants chinois. En restant sur cette niche et avec notre forte technicité, nous n’avons pas été ennuyés par la pénurie de composants. Au contraire, la crise a été un moyen de conforter notre modèle". En attendant de futures nouvelles acquisitions, Inovelec a déjà des objectifs précis pour Sudelec, sa dernière en date. Son souhait : la faire passer de 5 à 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023.

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