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Experts-comptables Nouvelle-Aquitaine : "Nous pâtissons d’une image désuète alors que le métier a beaucoup changé"
Nouvelle-Aquitaine # Services aux entreprises # Ressources humaines

Experts-comptables Nouvelle-Aquitaine : "Nous pâtissons d’une image désuète alors que le métier a beaucoup changé"

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Les cabinets d’expertise-comptable du territoire peinent à recruter. La profession a lancé une vaste opération séduction pour redorer son image et susciter l’attractivité auprès des jeunes. Des journées seront organisées dans toute la région, la première s’est déroulée fin mai à Bordeaux.

Delphine Sabatey, présidente de l’Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine — Photo : Ordre des experts-comptables

Vous avez organisé une première journée "séduction" à Bordeaux ce 31 mai pour vanter votre métier à des enseignants. Manquez-vous de bras à ce point ?

Oui nous manquons de bras. Nous sommes 1 760 experts-comptables dans la région. Nous estimons les besoins à une ou deux personnes en moyenne par cabinet dans la région, et à cinq, six voire huit collaborateurs dans les plus grosses structures. Les 12 départements sont concernés et tous les métiers aussi, d’assistant à expert-comptable diplômé.

Comment l’expliquez-vous ?

C’est à la fois à cause d’un facteur conjoncturel - tous les secteurs recrutent - et aussi parce que la profession souffre d’un manque d’attractivité. Nous pâtissons d’une image désuète alors que le métier a beaucoup changé. On pense à un comptable qui fait des calculs, un peu grisonnant et pas très ouvert ; à côté des métiers du marketing, de la relation client, des réseaux sociaux… Pourtant, le métier a beaucoup évolué. Mais la communication et la formation n’ont pas suivi. Il nous est apparu important de l’expliquer aux professionnels de la comptabilité-gestion post-bac et aux conseillers d’orientation.

Concrètement que leur avez-vous dit ?

Que c’en est fini depuis longtemps des heures de saisie ! Le flux de données est facilement collecté, nous sommes beaucoup plus dans la communication avec les clients et dans le conseil. Ce sera encore plus marqué après le passage à la facturation électronique, en juillet 2024. Déjà en 2020, une étude du ThinkTank Sofos, créé par la Région, sur l’avenir de la profession à l’horizon 2040 faisait état de notre rôle dans la RSE, dans l’accompagnement des entreprises dans la durabilité, la transition numérique, la gestion patrimoniale. Ce sont des missions que l’on prête peu à l’expert-comptable alors qu’elles sont déjà une réalité.

Votre métier n’est-il pas menacé par les logiciels, l’intelligence artificielle ?

Non, tout comme l’informatisation a certes changé le métier mais ne l’a pas éteint au contraire. De nouvelles obligations sont nées. L’expert-comptable sera toujours là pour accompagner les entreprises, on l’a bien vu pendant le Covid. Nous ne sommes pas condamnés à disparaître, ni par l’informatisation ni par l’intelligence artificielle.

Vous pose-t-on la question de la rémunération ?

Non, parce que du fait du déficit de main-d’œuvre, les salaires sont nettement supérieurs à ceux de la grille. De la même manière que les cabinets ont évolué pour s’adapter aux nouveaux modèles économiques : sauf exception les collaborateurs ne travaillent plus le samedi, même si la profession reste rythmée par les délais fiscaux.

Votre démarche de communication a-t-elle déjà été organisée dans d’autres régions ?

Oui, d’autres régions l’ont déjà fait. En Nouvelle-Aquitaine c’était une première, le bilan est extrêmement positif et il est évident que nous allons dupliquer l’opération sur tout le territoire.

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