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Comment le courtier Ashler & Manson veut devenir une fintech
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Comment le courtier Ashler & Manson veut devenir une fintech

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La société bordelaise de courtage en prêts immobiliers Ashler & Manson profite d'un marché dynamique et des taux d'intérêt de crédit historiquement bas. Après avoir triplé son chiffre d'affaires en trois ans, elle vise les 3 millions d'euros pour la fin 2020.

Aymerick Penicaut a fondé sa société de courtage en prêt immobilier Ashler & Manson en 2003, à l'âge de 23 ans, à Bordeaux. — Photo : Ashler & Manson

La fièvre immobilière bordelaise ne contrarie pas tout le monde. La conjugaison de l'attractivité de la métropole et des taux historiquement bas pour les crédits immobiliers est une aubaine, pour les courtiers notamment. En 2003, quand Aymerick Penicaut démarre son activité à 23 ans, les courtiers représentaient 5% du marché du crédit immobilier. « Aujourd'hui, nous représentons 40% de ce marché. Les clients sont rentrés dans une course au taux le plus bas », observe le PDG d'Ashler & Manson (10 salariés, 1,5 M€ de CA en 2018). C'est une des raisons qui explique la forte croissance de l'activité de la PME bordelaise, qui a triplé son chiffre d'affaires depuis 2015.

De nouvelles antennes en France

Pourtant, la conjoncture n'a pas toujours été favorable pour les entreprises du secteur. La crise financière de 2008 a fait quelques blessés et a laissé des stigmates sur ceux qui ont réussi à braver la tempête. « On a connu de sales moments, reconnaît Aymerick Penicaut. Mais cela nous a contraint à mettre en place une organisation plus agile ». Une flexibilité que l'entreprise trouve auprès des 20 mandataires indépendants qu'elle fait actuellement travailler dans ses agences en France.

La société de courtage a fait le choix de mailler le territoire national « quand d'autres ont préféré se spécialiser sur le marché bordelais », justifie Aymerick Penicaut. Dès 2007, Ashler & Manson ouvre une agence à Nantes. Suivent Toulouse, le Pays Basque, Rennes et Nice. Des antennes devraient également éclore à Lyon et Marseille, où des contacts sont déjà bien avancés.

Réinventer son métier

Pour changer de dimension, Ashler & Manson a surtout choisi de s'emparer des outils numériques, « pour devenir une fintech (technologies au service de l'amélioration des activités financières, NDLR) », de l'aveu du fondateur. L'entreprise commence à s'aventurer sur le web en 2016 avec un site d'annonces immobilières Sitigeo, qui compte environ 60 000 annonces actualisées quotidiennement. Mais les résultats sont mitigés. « Le secteur est très concurrentiel, reconnaît Aymerick Penicaut. C'est un demi-échec car cela nous a quand même permis de développer un réseau important qui nous a servi pour un second projet ».

Au cours de l'exercice 2018, le courtier a lancé son propre outil de scoring, baptisé Preacor. « Une intelligence artificielle qui permet à tout particulier de connaître en trois minutes ses chances d'obtenir un financement », détaille-t-il. « En se positionnant en amont de la chaîne de la valeur, l'intérêt pour nous est de récupérer des contacts, de clients potentiels ainsi que de mandataires qui souhaiteraient rejoindre notre réseau ». À terme, cet outil de scoring pourrait être directement intégré à certains logiciels utilisés par les professionnels de l'immobilier. Le modèle économique doit toutefois être encore peaufiné.

Outre des perspectives de développement, ce virage numérique offre aussi à Ashler & Manson un nouveau positionnement sur le créneau - très en vogue - de la fintech. « Je suis allé trois fois au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. C'est important de s'extraire de son quotidien pour réussir à faire évoluer nos métiers », analyse l'entrepreneur.

Le pari de la Bourse

La PME s'offre ainsi un léger lifting, dépoussiérée de l'image un peu surannée des courtiers en immobilier. Et elle joue la carte à fond. « Nous sommes l'une des seules fintech cotées en bourse », insiste Aymerick Penicaut. En effet, en 2015, l'entreprise fait le pari de la cotation, épaulée la société bordelaise Champeil, et s'inscrit sur Euronext Access. « J'y ai vu une opportunité de gagner en visibilité. C'est un levier de communication important pour nous. Et puis le fait d'ouvrir le capital envoie un signal fort, même si je reste actionnaire majoritaire avec 76% des parts », raconte le PDG.

Pour 2019, dans un contexte de taux toujours très bas et d'un marché immobilier dynamique, Ashler & Manson anticipe un chiffre d'affaires de 2 M€, avec une marge nette autour de 10%, et pourrait atteindre les 3 M€ fin 2020. Pour cela, la PME est à pied d'œuvre pour étendre son réseau sur toute la France en recrutant de nouveaux mandataires. Et pour signer de nouveaux partenariats, avec des banques ou d'autres acteurs comme le comparateur en ligne LesFurets.com, sur lequel l'assurance emprunteur d'Ashler & Manson figure en bonne position.

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