Rapidoprêt, courtier en prêt immobilier basé à Guingamp, a été repris à la barre du tribunal de commerce de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) en novembre 2021 par le groupe bordelais Ashler & Manson. "Nous avons connu des difficultés à partir de 2018, le développement n’a pas été celui attendu. Nous étions montés jusqu’à deux millions d’euros de chiffre d’affaires, 23 agences et 31 salariés", confie Emmanuel Aubry, fondateur, qui reste à la tête de l’entreprise. Ashler & Manson (7 millions d'euros de CA en 2021, 20 agences, 135 collaborateurs) qui évolue dans la même activité, a repris les actifs de la société : l’agence guingampaise, onze mandataires et cinq salariés.
2 000 nouveaux clients par an
Rapidoprêt, créée en 2010, peut ainsi continuer son activité tout en s’adossant à un groupe qui va lui permettre de reprendre sa croissance. L’entreprise guingampaise, qui revendique 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires en 2021, va partager son expertise du regroupement de crédits avec sa maison-mère, qui ne proposait pas cette activité. Et, en retour, pouvoir bénéficier de celles qu'elle n’avait pas développées : les placements et l’immobilier neuf et ancien. "Depuis dix ans, nous avons en moyenne 2 000 nouveaux clients par an, notre objectif est de maintenir ce volume", annonce Emmanuel Aubry.
Pour Ashler & Manson, l’opération revêt plusieurs avantages. "Elle permet d’augmenter nos volumes de crédit par rapport à nos banques partenaires et de renforcer les conventions qui nous lient et qui dépendent des volumes", souligne Vincent Chédorge, directeur associé d’Ashler & Manson. Une course à la taille, rendue plus nécessaire encore après que les banques ont baissé leurs commissions aux courtiers de 1 % à 0,5 % en 2019, et qui va continuer. "Nous sommes présents dans les grandes métropoles, comme Nantes, Rennes, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Lille… Nous allons poursuivre notre croissance externe en nous attaquant à la Région parisienne, qui est un peu notre village d’irréductibles Gaulois", sourit Aymerick Penicault, PDG du groupe.
Relais de proximité
La conquête de la Bretagne va également se poursuivre avec le recrutement de mandataires. "Nous recherchons des personnes ayant des appétences commerciales, aguerries ou non, puisque nous formons les nouveaux collaborateurs avec un module de 150 heures", souligne le dirigeant de l’entreprise cotée sur Euronext. Le chiffre d’affaires d’Ashler & Manson est constitué à 70 % de revenus directs répartis comme suit : 55 % des honoraires des clients, 30 % des commissions des banques (cette part était de 60 % avant 2019) et 15 % des activités complémentaires de placements et ventes immobilières développées après 2019 et qui montent en puissance. Les 30 % restants proviennent des licences de marque versées par les agences.
Actuellement au nombre de 7 000 dans l'Hexagone, les courtiers (dont de grands groupes, comme Meilleurtaux, ont été rachetés par des fonds), semblent promis à un bel avenir. "Les néobanques s’en vont, comme ING, ou n’ont pas de modèles viables et les banques traditionnelles ferment leurs agences. Les courtiers de crédit vont devenir leurs relais de proximité. Et pour les clients, qui ne paient que si le prêt est accordé, c’est la possibilité de voir dix banques en une visite, avec du conseil et des offres complémentaires", souligne Aymerick Penicault.
