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Unifer Environnement se renforce avec le rachat du spécialiste des déchets inertes Etares
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Unifer Environnement se renforce avec le rachat du spécialiste des déchets inertes Etares

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Après seulement six ans à la tête de l’entreprise, Samuel Lebain a réussi à tripler le chiffre d’affaires et doubler l’effectif d’Unifer Environnement, spécialiste havrais du recyclage des déchets. Une ascension qu’il poursuit avec le rachat de la société Etares et une diversification vers le tri des déchets.

Le site Etares Environnement repris par Unifer permet de réceptionner 60 000 tonnes de déchets inertes et 15 000 tonnes d’amiante chaque année — Photo : Sébastien Colle/Le JDE

Unifer Environnement, spécialiste havrais du recyclage des déchets, vient de réaliser l’acquisition de la branche d’activité d’enfouissement de déchets amiantés et de déchets inertes de la société normande Etares, experte dans le traitement de déchets. Effectuée dans le cadre d’une opération de carve-out (cession par une société ou un groupe de sociétés d’une branche d’activité) menée pour Etares par la Financière Monceau CF, la cession permet aux actionnaires (Veolia, Suez, Eiffage, Haropa Port et Ourry) de céder le dernier actif de la société après la fermeture du site d’enfouissement de déchets industriels banals en 2019, et de laisser le contrôle du site à Unifer Environnement. "Nous étions la seule entité locale à avoir étudié le dossier", souligne Samuel Lebain, président du groupe Unifer Environnement (60 salariés, 16 millions d’euros de chiffre d’affaires).

Une transaction qui permet "de faire perdurer cette activité afin d’offrir une solution régionale aux acteurs du BTP et de la démolition encore plus performante", estime le dirigeant d’Unifer Environnement, arrivé il y a six ans à la tête de l’entreprise dont il a triplé le chiffre d’affaires et doublé l’effectif. Cette acquisition permet également à la PME havraise de disposer de son premier centre de traitement de déchets "agile et rapidement adaptable aux besoins des clients".

Une opportunité rare

La nouvelle filiale dénommée "Etares Environnement" (3 salariés), située à Saint-Vigor-d’Ymonville (Seine-Maritime), propose le traitement de déchets inertes, le traitement de l’amiante (terres, enrobé, tôles fibro), le recyclage de béton et la vente de matériaux de réemploi type béton concassé, ou encore terre végétale. Une opportunité de croissance rare dans ce secteur d’activité pour une société indépendante comme Unifer Environnement, créée en 1955 au Havre, et reprise en 2016 par Samuel Lebain. "Il y a peu de croissance possible en ce moment pour des sociétés comme la nôtre, car il y a de moins en moins de sociétés indépendantes à reprendre dans notre domaine d’activité. Ce sont les grands groupes comme Paprec, Veolia ou Suez qui absorbent les sociétés indépendantes", analyse Samuel Lebain.

Et l’entrepreneur de souligner l’importance du caractère local de son acquisition dans sa stratégie d’entreprise : "C’était une possibilité d’avoir une croissance externe en proximité, à une dizaine de kilomètres seulement de notre siège du Havre. Saint-Vigor-d’Ymonville devient notre quatrième site et vient renforcer notre côté local et indépendant sur ces flux de déchets."

Avec ce rachat, d’un montant de 2 millions d’euros, Unifer Environnement renforce ses positions avec un quatrième site (dont deux au Havre et un à Port-Jérôme), qui devrait générer environ 2 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, et devient le premier indépendant de la zone havraise en termes de déchets industriels (l’entreprise n’intervient pas pour les collectivités).

Un centre unique au Havre

Alors qu’Unifer traite plus de 100 000 tonnes de déchets par an, son nouveau site Etares Environnement permet de réceptionner 60 000 tonnes de déchets inertes et 15 000 tonnes d’amiante chaque année. "C’est le seul centre de traitement de l’amiante au Havre. C’est un marché très réglementaire", note le patron d’Unifer. La société havraise va bénéficier d’un coup de pouce pour sa nouvelle activité grâce à un arrêté préfectoral, en date de janvier 2021, qui comprend de nouvelles rubriques stratégiques pour les déchets amiantés : "Nous allons pouvoir aller chercher de l’amiante là où ça n’était pas possible auparavant, comme les enrobés amiantés. En France, 5 à 10 % des routes ont des traces d’amiante". La filiale d’Unifer pourra également chercher l’amiante dans la terre, sur d’anciens sites d’usines qui manipulaient ce matériau : "À chaque fois qu’il y a excavation de terre, on peut chercher de l’amiante, en plus des hydrocarbures et des métaux lourds", décrit Samuel Lebain.

Problèmes de capacité

Unifer a d’ailleurs déjà décroché un premier contrat de 8 000 tonnes de terres amiantées en provenance de Caen. De quoi réjouir et encourager le chef d’entreprise dans sa démarche, même si celui-ci se montre prudent sur ses capacités de traitement : "Nos 15 000 tonnes représentent un quota annuel au-delà duquel on ne peut pas aller. Aujourd’hui, nous avons un vrai problème de capacité de traitement dans le monde du déchet. Les centres d’enfouissement sont fermés les uns après les autres, sans qu’ils soient remplacés". Et l’année 2021 a été très soutenue en volume de chantiers, entraînant un volume de déchets plus important que prévu par les professionnels. "C’est un vrai chantier pour l’avenir de trouver des solutions pour traiter les déchets, car de nombreux sites sont déjà saturés comme ceux du Smédar à Rouen ou d’Ecostu’aire au Havre", s’inquiète Samuel Lebain.

Tri et recyclage

Si le chef d’entreprise envisage une "phase de transition" compliquée, entre les fermetures de sites et les solutions à trouver pour demain, pour lui, la solution passe par le recyclage et le tri des déchets. "Il va falloir investir dans les trois prochaines années pour des chaînes de tri, afin de diminuer les quantités de déchets en mélange et générer plus de matières premières (carton, plastique, bois, métaux, NDLR)".

Une petite révolution à venir alors que, pour l’instant, Unifer réalise la partie tri de déchets avec quatre trieurs au sol. Le président d’Unifer Environnement estime également qu’il ne sera plus possible d’enfouir les gravats mais qu’il faudra les valoriser : "Il va falloir réaliser de l’extraction par criblage pour le béton, la brique ou encore les cailloux, car ils peuvent être revendus. L’idée, c’est de réaliser un matériau qui pourra ensuite être utilisé en sous-couche de dalles béton et techniques routières".

Afin d’être compétitif sur cette future activité, Samuel Lebain souhaite mettre en place un tri mécanique et revendre ensuite ses matériaux avec diverses granulométries et qualités. "Il faudra également s’installer en proximité des chantiers. Mais je suis confiant car nous avons un territoire dynamique qui est porteur", estime-t-il.

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